Essais: Cycle d'Orion X - Une fleur au milieu des ruines

[Papymataf]

Je regarde autour moi pour ne rien voir, j'écoute mais n'entends plus rien...Les murs suintent la tritesse...

Un jour...un jour il y eu des rires, un jour il y eu la musique, la magie, l'illusion d'une amitier partagée entre chaque membre d'un Ordre...

J'avance dans le couloir aux torches consumées...Mes traces restent figées au sol, comme gravées pour l'éternité dans la poussière. Poussière venue du Nord, venue du Sud, venue de la félonie, de la traitrise!

Belles étaient les armures, fières étaient les étendards...Sa robe blanche n'était que magie et illusion, sa guilde un miroir pour empêcher de voir la réalité. Le rouge de nos robes a viré au gris comme le reste de ce lieu sacré.

Je pousse une porte, essuye tant bien que mal une chope oubliée...Le dragon des paladins semble s'être endormi. Un fond d'hydromel m'attend comme un ultime cadeau à  un Grand Ma à   à‚®tre.

Alors que je déguste ce breuvage divin, un bruit me surprend. Le sanglier sort de sa cachette. Un rictus me vient aux lèvres, l'animal fut finalement plus fidèle que l'humain. Il n'a point besoin de la parole , c'est peut-être sa force...Que peut le métal contre l'enchainement infernal des lettres plus mortel que toutes armes ou sortillèges?

Machinalement je repousse la chaise sous la table en bois...toute la pièce semble pleurer. Les courants d'air sont les uniques invités de cette funeste veillée.

Je me dirige vers la salle du conseil, ne sachant pas vraiment ce que je cherche. On y a débattu si souvent de l'honneur, de la guerre mais surtout de la paix. Quelle ironie!

Ma marche funéraire continue vers la salle de cérémonie. Combien de chevalier ont ici prononcé les mêmes paroles? Un serment qui a perdu toute signification, preuve que toute chose est dépendante de ce que l'on en fait. Le pouvoir a lentement fait son oeuvre, érodant les grands discourts, rendant les valeurs obselètes, honorant lamentablement le pouvoir brut exempt de tout raisonnement idéologique.

Arrivé dans mes appartements, je retire ma Robe rouge qui a perdu tout symbole. Je la replie avec soin et la pose dans mon coffre. Lentement et minutieusement j'enfile mon amure, place l'épée frappée de l'Armoirie de l'Ordre d'Orion à  mon côté.

Je referme les portes de cette grande bâtisse...mon ami le sanglier m'attend pour que nous prenions ensemble la route du dernier hommage. Les enfants ont désertés les jardins, remplacés par les mauvaises herbes qui se rient de moi.

Je n'ai pas fait deux pas que je reste paralysé: un signe, plus qu'un symbole, une véritable révélation divine se tient à  mes pieds. Une fleur resplendit dans la clarté du soleil couchant, tournée vers le reste de lumière, vibrant d'un espoir qui a été bien vite oublié en ce lieu.

Je me remets en marche, l'image de cette botanique gravée au fond de ma mémoire pour accomplir seul ce que bien des hommes avaient pourtant promis autrefois: me battre avec honneur, dans le respect de mon code et de mon Ordre.

[Cecile Eppe-Frenette]

Wow! Je viens de passer une heure de détente dans un monde de chevaliers qui guerroie... sans violence... qui réalisent des rêves des membres de leurs sociétés...

Un écrit pour le moins fantastique, une légende parfumée de poésie jumelé à  une brise de fraicheur !

Un délice ... fort bien rédigé: on peut voir les images défilées sous nos yeux...

Bravo Papymataf !

Pourquoi ne pas soumettre votre jeu à  un metteur en scène... ce serait formidable de le voir sur écran... car j'en ai déj à vu une bonne partie dans mon imagination.

Cécile