Gérard Depardieu en toute sobriété

[Shani]

La compétition s'achève aujourd'hui avec 'Le labyrinthe de Pan" du Mexicain Guillermo del Toro et "Chronique d'une fugue" de l'Argentin Israel Adrian Caetano. Hier soir, les festivaliers ont pu assister au retour sur La Croisette de Gérard Depardieu, en grande forme sur l'écran comme en coulisses.
Dans "Quand j'étais chanteur", il incarne de manière très convaincante Alain Moreau, chanteur de bal à  Clermont-Ferrand, une ville du centre de la France, qui tisse une histoire d'amour avec Marion (la Belge Cécile de France), une jeune femme qui le trouvait tout d'abord ringard.

"C'est quelqu'un qui chante pour faire plaisir et faire danser. En France, tous les samedis soirs ou les dimanches après-midi, il y a des thés dansants, des bals populaires où des gens aiment entendre des chansons qui leur font du bien", explique Depardieu, qui s'accorde parfaitement ce personnage touchant et humain et chante lui-même des standards de la variété.

Xavier Giannoli, auteur du remarqué "Les corps impatients" (2003) et "Une aventure" (2005), porte un regard juste et dénué de toute condescendance sur un univers de "balloches", de bo à   à‚®tes de nuit, de cures pour personnesâgées ou de foires de province que d'aucuns jugeraient ringard. "C'est vachement confortable d'être dans le cynisme, la méchanceté, l'ironie. C'est un tic de la modernité qui m'agace", assène le réalisateur, qui se dit intéressé par "la dignité et la beauté" qui se dégagent de cet univers.
Autre film en compétition, "En avant, jeunesse", du Portugais Pedro Costa ( à gauche), suit les pas de Ventura, un ouvrier cap-verdien de la banlieue de Lisbonne qui erre de rencontre en rencontre avec de jeunes paumés qu'il traite comme ses propres enfants. Enfin, le public du Festival de Cannes a longtemps applaudi "United 93" du Britannique Paul Greengrass, qui reconstitue avec force et sobriété la rébellion des passagers de ce vol, le seul des quatre appareils kamikaze à  avoir raté sa cible le 11 septembre 2001.
Présenté hors compétition, le film est sorti le 28 avril aux Etats-Unis, où la crainte qu'il ne réveille des plaies encore trop vives a été démentie, les critiques rendant au contraire hommage au réalisateur pour son ton sobre et la véracité de sa reconstitution.