

Le ministre de l’Intérieur est attendu mercredi 20 août à l’université d’été de l’Institut catholique de Vendée, une université privée créée dans les années 1990 par son mentor, Philippe de Villiers.
Retour aux sources pour Bruno Retailleau. Omniprésent cet été, le ministre de l’Intérieur fera étape sur ses terres, mercredi 20 août, pour ouvrir l’université estivale de l’Institut catholique de Vendée (ICES), institution privée créée par Philippe de Villiers, son mentor. S’il n’aime pas s’épancher sur ses débuts politiques auprès de l’ex-candidat souverainiste à la présidentielle, son «jardin personnel», dit-il, Retailleau a accepté l’invitation du président, Eric Gherardi. Il dissertera en fin de matinée sur le thème «Liberté et création : quelle place pour la politique ?» et abordera la figure de Georges Clemenceau. «Une mise en perspective stimulante pour interroger le lien entre liberté individuelle, contraintes institutionnelles et audace politique», vante la plaquette de présentation.
Après avoir enterré le macronisme en juillet dans les colonnes de Valeurs actuelles, Retailleau ne devrait pas se priver de cette tribune confidentielle, fermée à la presse, pour claironner son indépendance à l’égard du gouvernement. Voilà des mois qu’il se targue, provocations en bandoulière, d’être «le ministre le plus libre de la Ve République». Patron de Les Républicains (LR) et opposant en puissance du camp présidentiel, il veut faire sienne de longue date la devise de l’ICES : «L’audace d’être libre.» «On ne cherche pas la médiatisation, écarte de son côté Philippe-Henri Forget, directeur de la communication de l’établissement. Notre approche, c’est de le questionner sur la liberté et la création en politique. […] Ça touche à des questions brûlantes et contemporaines, mais on essaie de prendre du champ.»
Scénaristes d’«Un village français»
Pièce rapportée de la droite RPR, UMP puis LR, Retailleau n’a jamais coupé les ponts avec le bocage vendéen, fief d’une droite légitimiste attachée à la monarchie et à l’Eglise. Ses retrouvailles avec Philippe de Villiers, aux Sables-d’Olonne en novembre, sur les pontons du Vendée Globe, avaient été remarquées dans le microcosme local, marqué par la violente rupture entre les deux hommes dans les années 2010. A La Roche-sur-Yon mercredi, l’ex-sénateur devrait croiser une autre vieille connaissance : Dominique Souchet. Ancien bras droit de Villiers au Mouvement pour la France, Souchet a siégé au conseil départemental de la Vendée sous la présidence de Retailleau (2010-2015). A l’université d’été de l’ICES, Souchet causera, lui, de «la place de la Vendée contemporaine et la mission des générations à venir».
Les jeunes participants pourront également écouter Julie et Cédric Salmon, les scénaristes de la série Un village français, un religieux dominicain, un général de l’armée de l’air ou Mathieu Bock-Côté, l’essayiste vedette de CNews. Baptisé «Devenez créateurs», le raout est organisé depuis 2020 en association avec le Puy-du-Fou, le parc à thème politico-historique du clan Villiers. Enseignante à l’ICES, Charlotte de Villiers, l’épouse de Nicolas, fils du fondateur et actuel patron du parc, accueillera d’ailleurs les participants au château de la Flocellière, à quelques kilomètres du parc d’attractions.
Crème des égéries réacs
Quatre jours de conférences, de messes, de «veillée champêtre» et de «soirée des troubadours»… Le cru 2025 ne déroge pas à la coloration politique de l’événement : catholique et conservateur. La crème des égéries réacs, penseurs conservateurs et journalistes des médias Bolloré y a déjà défilé depuis cinq ans : Chantal Delsol, Bérénice Levet, Franck Ferrand, Eugénie Bastié, Sonia Mabrouk, etc.
Ex-président du département puis de la région Pays-de-la-Loire, Retailleau connaît les lieux. Depuis sa participation au lancement de l’ICES en 1990, il a toujours affiché son soutien à ce creuset des élites locales. Financée à ses débuts par le diocèse de Luçon, l’ICES est devenue en trente-cinq ans d’existence la «fac Villiers», une pouponnière de la jeunesse catho et conservatrice de l’Ouest, qui accepte de bon cœur les subventions publiques. Un bastion contre «l’effondrement intellectuel» de l’enseignement supérieur, préfère dire Villiers, en croisade contre «le militantisme décolonial», «l’intersectionnalité» ou «le féminisme». Une «école de civilisation», résumait le vicomte dans une vidéo pour le Salon beige, un blog catho-tradi. Un vrai matelas de plume pour les pieds de Retailleau.
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