Chlordécone aux Antilles : le parquet de Paris demande un non-lieu

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Hdelapampa
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Chlordécone aux Antilles : le parquet de Paris demande un non-lieu

Message par Hdelapampa »

https://www.francetvinfo.fr/economie/em ... 01493.html
Le parquet de Paris a demandé, jeudi 24 novembre, un non-lieu dans l'affaire du chlordécone aux Antilles, a appris vendredi franceinfo auprès du parquet de Paris. Cette annonce était attendue depuis que les juges d'instruction parisiens du pôle de santé publique avaient annoncé fin mars 2022 la clôture de leurs investigations sans avoir procédé à des mises en examen.

>> Cinq questions sur le chlordécone, le pesticide qui a empoisonné les Antilles pour plusieurs siècles

Le chlordécone, un pesticide interdit en France en 1990 mais qui a continué à être autorisé dans les champs de bananes de Martinique et de Guadeloupe par dérogation ministérielle jusqu'en 1993, a provoqué une pollution importante et durable des deux îles.

Une décision "scandaleuse" et "insupportable"

"Le parquet ne tient pas compte de la réalité des faits", indique vendredi à franceinfo, Me Christophe Leguevaques, avocat de plusieurs parties civiles dont l'association Vivre en Guadeloupe, Christophe Leguevaques fait part de sa "colère" : "On a l'impression que c'est 'courage, fuyons', que la justice n'avait pas envie d'enquêter."

Alors que le parquet estime que "le caractère mortifère" du chlordécone "n'est pas établi", l'avocat pointe la "méconnaissance" du parquet et assure que "des tas d'études établissent le caractère mortifère". Christophe Leguevaques dénonce une décision "scandaleuse" et "insupportable" notamment pour "les Guadeloupéens et les Martiniquais qui ont l'impression de compter pour rien". L'avocat avoue à présent n'avoir "pas beaucoup d'espoir" que les juges ordonnent un procès.

Plus de 90% de la population adulte en Guadeloupe et Martinique est contaminée par le chlordécone, selon Santé publique France, et les populations antillaises présentent un taux d'incidence du cancer de la prostate parmi les plus élevés au monde. Il appartient désormais aux juges d'instruction de rendre leur décision finale dans ce dossier, sur la tenue d'un procès ou non.

"Nous ne sommes pas au bout du combat juridique"

"Je continue à garder l'espoir que l'État de droit répondra à notre souffrance", a lancé vendredi sur franceinfo Me Harry Durimel, maire écologiste de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), et avocat historique des victimes du chlordécone. "Cet empoisonnement de nos sols est désormais dans nos cœurs", affirme Harry Durimel. 
Je lis déjà les commentaires.
"Rien ne prouve que..."
"Tant qu'il y aura des bananes"
"Les zécolos sont contre le progrès et les rendements"
Moi, je suis comme les Martiniquais et les Guadeloupéens: révolté.
Black lives matter.
Et j'emm.... les poissons blancs. :taistoi:
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Hdelapampa
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Re: Chlordécone aux Antilles : le parquet de Paris demande un non-lieu

Message par Hdelapampa »

Du coup, les racistes et les réacs n'ont plus rien à dire. :mdr3:
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Re: Chlordécone aux Antilles : le parquet de Paris demande un non-lieu

Message par papibilou »

J'avais compris que les juges appliquaient la loi, toute la loi. Et que la loi disait qu'il y avait prescription.
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da capo
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Re: Chlordécone aux Antilles : le parquet de Paris demande un non-lieu

Message par da capo »

Après avoir lu cela, je m'autorise à émettre un doute sur la corrélation chlordécone - cancer de la prostate. http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2 ... 9-40_6.pdf
Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve.
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Re: Chlordécone aux Antilles : le parquet de Paris demande un non-lieu

Message par papibilou »

da capo a écrit : 28 novembre 2022 22:29 Après avoir lu cela, je m'autorise à émettre un doute sur la corrélation chlordécone - cancer de la prostate. http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2 ... 9-40_6.pdf
Je n'arrive pas à ouvrir votre lien.
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Hdelapampa
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Re: Chlordécone aux Antilles : le parquet de Paris demande un non-lieu

Message par Hdelapampa »

Je n'attendais pas autre chose de l'office de propagande patronale de l'agro-industrie.
Les Noirs seraient plus sujets au cancer de la prostate.
"Donc" aucun lien.
Le problème c'est que ces cancers sont plus nombreux chez les "Noirs" exposés, que chez les "Noirs" non exposés.
Cependant voici ce que dit l'INSERM.
https://presse.inserm.fr/exposition-au- ... ate/14921/
Exposition au chlordécone et risque de survenue du cancer de la prostate
Un risque modulé par différents facteurs

Une analyse plus fine des résultats montre que le risque n’est pas distribué de manière homogène parmi les individus. Les antécédents familiaux de cancer de la prostate ainsi que la résidence dans un pays occidental (industrialisé), essentiellement la France métropolitaine, modifient l’effet de l’exposition au chlordécone sur le risque de survenue du cancer de la prostate. Le risque n’apparait significativement augmenté que parmi les patients ayant déclaré des antécédents familiaux ainsi que parmi ceux ayant résidé dans un pays occidental. Le risque de survenue de cancer de la prostate est multiplié par 5 chez les hommes présentant simultanément des antécédents familiaux de cancer de la prostate et de résidence dans un pays occidental.

Pour les chercheurs, plusieurs explications peuvent être avancées: « L’interaction avec les antécédents familiaux de cancer de la prostate pourrait être expliquée par la présence de facteurs de susceptibilité génétique communs à la maladie et à la sensibilité aux effets toxiques du chlordécone, mais aussi par des facteurs de risque environnementaux de la maladie, dont l’exposition au chlordécone, partagés par les membres d’une même famille. L’interaction avec la résidence dans un pays occidental pourrait, quant à elle, être expliquée par des expositions environnementales acquises lors du séjour telles que la co-exposition à d’autres agents chimiques ou à des modifications de comportements alimentaires pouvant perdurer au retour aux Antilles. »

Ces résultats scientifiques sont les premiers à suggérer l’existence d’une relation causale entre l’exposition à un perturbateur endocrinien et le risque de survenue du cancer de la prostate. Cette association semble être influencée par le patrimoine génétique individuel ainsi que par des facteurs environnementaux tels que l’alimentation ou le mode de vie.
En d'autres termes, le nombre de cancers de la prostate est plus élevé chez les personnes exposées au chlordécone que chez les autres quels que soient les facteurs héréditaires.: les facteurs environnementaux ont une influence.
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da capo
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Re: Chlordécone aux Antilles : le parquet de Paris demande un non-lieu

Message par da capo »

A mon avis, il y a une différence notable entre ces deux visions.

Celle de l'avocat :
'' les populations antillaises présentent un taux d'incidence du cancer de la prostate parmi les plus élevés au monde. ''

Et celle de l'étude de Santé Publique France dont il prétend s'inspirer :

Aux Antilles, l’incidence des cancers, toutes localisations confondues et autant chez l’homme que chez la femme, est globalement inférieure à celle estimée en France métropolitaine 1-4 (tableau 1). Cette plus faible incidence est constatée pour la plupart des localisations, en particulier le poumon, le côlon et le sein. À l’inverse, certaines localisations sont surreprésentées, comme le col de l’utérus, l’estomac et surtout la prostate.

 Le rapport mortalité/incidence apparait légèrement supérieur aux Antilles par rapport à celui constaté en France métropolitaine.


Entre ''parmi les plus élevés au monde'' et ''légèrement supérieur'', il y a une nuance, non ?
Modifié en dernier par da capo le 29 novembre 2022 16:45, modifié 1 fois.
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da capo
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Re: Chlordécone aux Antilles : le parquet de Paris demande un non-lieu

Message par da capo »

papibilou a écrit : 29 novembre 2022 11:52
da capo a écrit : 28 novembre 2022 22:29 Après avoir lu cela, je m'autorise à émettre un doute sur la corrélation chlordécone - cancer de la prostate. http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2 ... 9-40_6.pdf
Je n'arrive pas à ouvrir votre lien.


Introduction
Situées dans l’arc caraïbe, les Antilles françaises sont constituées de l’archipel de la Guadeloupe, des Îles du Nord (Saint-Martin et Saint-Barthélemy) et de l’île de la Martinique. Elles regroupent près de 900 000 habitants, qui descendent en majorité d’esclaves déportés depuis l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale entre le XVIe et le XIXe siècle.
La situation du cancer aux Antilles a commencé à être renseignée en 1983, avec la mise en place du Registre général du cancer en Martinique et avec les données de mortalité fournies par le Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès de l’Inserm (Inserm-CépiDc). Le Registre général du cancer de la Guadeloupe (comprenant les Îles du Nord) a quant à lui été installé en 2008.
Aux Antilles, l’incidence des cancers, toutes localisa- tions confondues et autant chez l’homme que chez la femme, est globalement inférieure à celle estimée en France métropolitaine 1-4 (tableau 1). Cette plus faible incidence est constatée pour la plupart des localisa- tions, en particulier le poumon, le côlon et le sein. À l’inverse, certaines localisations sont surreprésen- tées, comme le col de l’utérus, l’estomac et surtout la prostate.
Au cours des dernières décennies, l’incidence toutes localisations confondues n’a cessé d’augmenter aux
Antilles, conséquence première du vieillissement de la population et de l’amélioration des procédures de diagnostic 5. Cependant, les évolutions séculaires sont hétérogènes, avec une augmentation notable de l’incidence des cancers de la prostate, du sein et colorectal, alors qu’une tendance à la baisse est observée pour les cancers du col et de l’estomac. Cela reflète les importants changements de mode de vie des populations résidant aux Antilles, dont les comportements, en premier lieu alimentaires, tendent à s’occidentaliser.
L’objectif de cet article est de faire le point sur les connaissances les plus récentes portant sur l’épidé- miologie du cancer de la prostate aux Antilles, son contexte de survenue ainsi que sur les principales actions de recherche qui y sont menées.

Incidence et mortalité par cancer de la prostate
La prostate est la localisation tumorale la plus fréquente (51 à 58%, toutes localisations confondues) et la première cause de décès par cancer (23 à 30%, toutes localisations confondues) chez l’homme aux Antilles 2,3. Son incidence et sa mortalité, autant en Guadeloupe qu’en Martinique, y sont plus élevées qu’en France métropolitaine 2,3,6-8 (tableau 2). Le rapport mortalité/incidence apparait légèrement supérieur aux Antilles par rapport à celui constaté en France métropolitaine.





* Taux standardisé sur l’âge de la population mondiale pour 100 000 personnes/an.
Comme cela est observé habituellement dans les pays où l’espérance de vie est élevée (76,1 et 78,1 années à la naissance en 2014 pour la Guadeloupe et la Martinique, respectivement), l’incidence croit de manière importante à partir de 50-55 ans pour atteindre un maximum entre 75 et 79 ans en Guadeloupe et entre 70 et 75 ans en Martinique 7. L’âge médian au diagnostic (68 ans) est légèrement inférieur à celui constaté en France métropolitaine (70 ans). On note un pourcentage de cas plus élevé chez les moins de 50 ans aux Antilles. Ils représentaient 2,2% des cas en Guadeloupe sur la période 2008-2012 3 versus 0,9% en France métro-
politaine en 2009 6.
L’évolution séculaire de l’incidence du cancer de la prostate aux Antilles a été estimée par le Registre de la Martinique 9. En Martinique, entre 1981 et 2005, cette incidence a augmenté de 5,07% annuelle- ment. En Guadeloupe, la création récente du registre (2008) ne permet pas de disposer d’un recul suffi- sant. Néanmoins, une étude basée sur le recueil exhaustif de données provenant de l’ensemble des laboratoires d’anatomopathologie de la Guadeloupe a permis d’estimer l’incidence et son évolution entre 1995 et 2003 10. De 1995 à 2001, l’incidence annuelle, standardisée sur l’âge de la population mondiale, se situait en moyenne aux alentours de 93 cas pour 100 000 hommes, avec 235 nouveaux cas en moyenne par an. Puis, de 2001 à 2003, l’incidence a brusquement augmenté pour atteindre 168,7 pour 100 000, avec 427 nouveaux cas en 2003. Sur la base des données du Registre de la Guadeloupe, pour la période de 2008 à 2012, l’incidence a atteint une valeur annuelle moyenne de 192,9 pour 100 000 (avec 565 nouveaux cas annuels en moyenne) 3. Une telle évolution rapide, en particulier au début des années 2000, coïncide avec la création en Guadeloupe d’un poste hospitalo-universitaire en urologie. Ceci a occasionné une profonde restructuration de cette discipline dans le département, avec une augmentation du nombre d’urologues qualifiés ayant vraisemblablement conduit à un développement du diagnostic précoce individuel du cancer de la prostate.

Caractéristiques du cancer de la prostate aux Antilles
Origines ethno-géographiques
Il est unanimement reconnu que les populations d’ascendance africaine subsaharienne sont plus à risque de développer un cancer de la prostate que les populations caucasiennes ou asiatiques 11. Cependant, au sein d’un même groupe ethnique, les fréquences et incidences peuvent varier considérablement en fonction de l’espérance de vie, de la pyramide des âges, du développement économique et de l’accès aux soins. En comparaison avec des populations similaires à cet égard, les incidences observées en Guadeloupe et en Martinique ne diffèrent pas beau- coup de celles observées parmi les populations dites afro-américaines aux États-Unis (jusqu’à 179 cas pour
100 000 hommes dans l’état de Géorgie entre 2003 et 2007) ou des populations natives d’Afrique subsaha- rienne et afro-caribéennes résidant au Royaume-Uni (166 pour 100 000 entre 1995 et 2001) 12,13.
Bien que la majorité de la population antillaise partage des origines africaines, un important bras- sage a eu lieu au cours des siècles avec l’arrivée d’Européens, Indiens, Syro-libanais et Asiatiques. L’ascendance africaine n’est elle-même pas homo- gène, dans la mesure où la déportation des esclaves s’est produite à partir de différentes régions d’Afrique, avec des groupes ethniques variés. Pour autant, la population antillaise peut être considérée comme un groupe ethno-géographique homogène, parta- geant un environnement et un mode de vie communs. Il est remarquable de noter qu’en dépit du métissage, des traits communs partagés par d’autres popula- tions africaines sont présents aux Antilles, tels que la prévalence importante de certaines pathologies génétiques (drépanocytose) ou chroniques (cancer de la prostate, diabète de type 2…). Plusieurs études récentes montrent que la distribution des polymor- phismes des gènes impliqués dans le métabolisme des xénobiotiques ou des œstrogènes chez les hommes antillais ne diffère pas sensiblement de celle observée dans d’autres populations d’origine afri- caine ayant migré dans le continent américain ou dans la Caraïbe, ou natives d’Afrique subsaharienne 14,15.

Antécédents familiaux de cancer de la prostate
Des antécédents familiaux au premier degré (père, frère et fils) de cancer de la prostate ont été rapportés chez 24% des cas aux Antilles 16. Ce pourcentage est du même ordre de grandeur que celui constaté dans d’autres populations, quelle qu’en soit l’origine ethnique. Ces antécédents reflètent des facteurs génétiques, héréditaires pour certains d’entre eux et de prédisposition (transmis selon un mode poly- génique) pour la majorité d’entre eux. Cependant, la présence d’antécédents familiaux peut aussi traduire la présence de facteurs environnementaux à risque (modes de vie, alimentation) partagés par les membres d’une même famille.

Caractéristiques cliniques
L’adénocarcinome représente le type histologique prépondérant des tumeurs de la prostate aux Antilles.
Des études ont suggéré que le cancer de la prostate chez les populations afro-américaines aux États-Unis serait plus agressif, de moins bon pronostic et avec une moins bonne réponse aux traitements que chez les Caucasiens. Toutefois, les inégalités sociales et économiques, y compris d’accès aux soins et au diagnostic précoce individuel du cancer de la pros- tate, qui frappent cette minorité rendent encore incertaines de telles conclusions.
Par analogie avec les Afro-américains, on suspecte que le cancer de la prostate chez les Antillais est également plus agressif que chez les Caucasiens. Cependant, les caractéristiques cliniques et anatomo- pathologiques au diagnostic traduisant l’agressivité
de la maladie n’ont pas fait l’objet d’études compa- ratives et homogènes avec des populations cauca- siennes, France métropolitaine comprise. Nous avons récemment estimé (données non publiées) que, sur l’ensemble des cas incidents au CHU de la Guadeloupe sur les périodes 2013 et 2014 (n=621), près d’un tiers (32%) présentait au moins un critère traduisant l’agressivité de la maladie : antigène spécifique de la prostate, PSA >30 ng/ml, ou score histopathologique supérieur à 7 selon la classifica- tion de Gleason, ou présence d’une extension extra- prostatique 17. L’interprétation de ces données, en l’absence de références de comparaison prenant en compte de nombreux facteurs sociodémographiques et économiques pouvant les expliquer, est délicate et leur portée en termes d’évolution, de réponse aux traitements et de survie reste inconnue.

Contexte environnemental

Bien que le registre de la Martinique, depuis sa mise en place en 1983, ait toujours souligné la sur-incidence du cancer de la prostate aux Antilles, cette pathologie n’a guère eu d’écho sociétal ni fait l’objet d’une inter- vention de santé particulière jusqu’en septembre 2007. À cette date, un article paru dans un quotidien pari- sien reprenait les propos d’un cancérologue dénon- çant un scandale sanitaire aux Antilles, en lien avec la pollution des sols par un insecticide utilisé dans les bananeraies (le chlordécone), et affirmant que l’explo- sion des cancers de la prostate que subissaient les Antilles était la conséquence de cette pollution. La forte médiatisation de tels propos a été à l’origine de la mise en place, par les pouvoirs publics, d’un Plan d’action national chlordécone 18,19 à partir de 2008. Ce plan national incluait dans ses actions une étude destinée à estimer l’impact de l’exposition au chlor- décone sur le risque de survenue du cancer de la prostate (étude cas-témoins en population générale KARUPROSTATE, menée à l’époque en Guadeloupe par l’Inserm et le CHU de Pointe-à-Pitre, et débutée en 2004).

Dans un contexte de pollution majeure, spécifique et rémanente de son territoire, il s’est installé dans la population antillaise une confusion importante entre la sur-incidence du cancer de la prostate et l’interrogation des chercheurs sur une contribution éventuelle de la pollution par des pesticides comme facteur de risque supplémentaire. Cette confu- sion subsiste aujourd’hui même si, comme évoqué plus haut, la sur-incidence du cancer de la prostate aux Antilles n’a rien d’exceptionnel lorsqu’on tient compte des caractéristiques ethno-géographiques de la population, de son espérance de vie et de son accessibilité aux soins. En ce qui concerne le rôle des pesticides, les expositions au chlordécone ou au dichlorodiphényldichloroéthylène (DDE, polluant universel et principal métabolite du dichlorodiphé- nyltrichloroéthane, DDT) ont été retrouvées asso- ciées, de manière significative, à un risque accru de survenue de la maladie, avec des risques relatifs mesurés d’amplitude modeste et inférieurs à 2 16,20.
Il n’est pas facile pour les autorités sanitaires de répondre, de manière aisément compréhensible, aux questionnements d’une population par un risque relatif. Il aurait été préférable, au-delà des aspects concernant la causalité 21 et des imprécisions propres aux études cas-témoins, de disposer de la mesure d’une fraction attribuable. Malheureusement, l’étude KARUPROSTATE, qui visait la production de nouvelles connaissances pour améliorer l’évaluation quantita- tive des risques sanitaires et orienter les politiques publiques de prévention n’a pas, à ce jour, pu être totalement finalisée faute de financements, notam- ment son volet MADIPROSTATE en Martinique.

Quelles actions de santé publique
à conduire pour le cancer de la prostate aux Antilles ?
De par sa fréquence, mais aussi de par la perception de la maladie par la population, dans un contexte de pollution environnementale rémanente au chlordé- cone, il ne fait aucun doute que le cancer de la pros- tate aux Antilles mérite une attention particulière de la part des autorités publiques. Plusieurs aspects sont à considérer.

Le dépistage
La question du dépistage du cancer de la prostate aux Antilles a été soulevée à l’occasion de la publica- tion de l’étude KARUPROSTATE sur les risques liés à l’exposition au chlordécone. Cette question s’est développée au sein de l’opinion publique comme une solution face au risque perçu comme « inéluctable » de survenue du cancer de la prostate dans le double contexte d’incidence élevée de la maladie et d’exposi- tion à la pollution au chlordécone. La Direction géné- rale de la santé (DGS) a alors sollicité l’avis de la Haute Autorité de santé (HAS) sur la pertinence du dépistage chez les hommes présentant un risque aggravé (anté- cédents familiaux, origine ethnique, exposition à des agents cancérogènes parmi lesquels pourrait figurer le chlordécone). Dans son rapport 22, la HAS a indiqué que dans l’état actuel des connaissances, tout en reconnaissant les difficultés à identifier et définir les populations masculines à plus haut risque de déve- lopper un cancer de la prostate, leur identification ne suffit pas à elle seule à justifier un dépistage. Pour autant, la HAS a souligné l’importance d’une analyse complémentaire de la situation épidémiologique aux Antilles à travers la poursuite des études en cours et la mise en place d’études portant sur les spécificités cliniques éventuelles et l’organisation de la prise en charge actuelle du cancer de la prostate.

La prise en charge thérapeutique
Aux Antilles, où la démographie médicale en urolo- gues est presque semblable au reste du territoire national, le plateau technique de prise en charge thérapeutique du cancer de la prostate se situe dans les meilleurs standards. Toutes les options thérapeu- tiques habituelles (chirurgicales et non chirurgicales) sont mises en œuvre, y compris la surveillance active
pour les formes les plus indolentes, et avec certaines spécificités selon le département : emploi d’un robot chirurgical et d’ultrasons focalisés de haute intensité en Guadeloupe, curiethérapie en Martinique. Reste néanmoins à mieux connaitre, comme suggéré par la HAS, l’organisation et les modalités de la prise en charge actuelle du cancer de la prostate ainsi que le taux de couverture du diagnostic précoce individuel de la maladie associant toucher rectal et dosage de PSA.
La recherche
La plupart des travaux, et donc des informations disponibles, portant sur les spécificités du cancer de la prostate chez les populations d’origine africaine ont été conduits aux États-Unis parmi la minorité dite afro-américaine. Cependant, du fait des discrimina- tions sociales et économiques, y compris d’acces- sibilité aux soins, qui frappent cette minorité, leurs conclusions ne sont pas toujours extrapolables ou généralisables aux autres populations partageant les mêmes origines ethniques.
L’insularité des Antilles, qui y favorise l’accès à une population « captive », l’incidence élevée du cancer de la prostate et l’égalité d’accès à des soins de qualité constituent une opportunité assez unique pour mieux comprendre la survenue et l’évolution du cancer de la prostate au sein d’une population d’ascendance africaine. La présence aux Antilles de deux registres généraux du cancer, de deux CHU, d’un Centre d’investigation clinique interrégional Inserm-DGOS et d’une unité Inserm (U1085-IRSET) s’intéressant parti- culièrement au cancer de la prostate, constituent une force d’appui significative à la recherche clinique et épidémiologique sur cette pathologie.
Le programme de recherches KARUPROSTATE a également permis de représenter le groupe
« Antillais » dans les projets français en cours sur les cartes d’identités des tumeurs (Ligue nationale contre le cancer & Institut national du cancer – INCa) et dans celui porté par l’International Cancer Genome Consortium (INCa & Inserm), et de parti- ciper à la représentation du groupe « African » dans plusieurs consortiums internationaux ELLIPSE (1), PRACTICAL (2), et AAPC (3).
Si l’identification des facteurs de risque de survenue et d’agressivité au diagnostic du cancer de la prostate reste un enjeu important, celui des déterminants de son évolution clinique et de sa réponse aux options thérapeutiques l’est encore plus. Il est reconnu qu’une fraction importante des cancers de la prostate est de nature relativement indolente et répond efficacement aux traitements. Le challenge d’avenir est de mieux comprendre pourquoi certains cancers évoluent défavorablement ou répondent défavorablement aux traitements. La mise en place d’une cohorte pros- pective en Guadeloupe et en Martinique, constituée

(1) Elucidating Loci Involved in Prostate Cancer Susceptibility.
(2) PRostate cancer AssoCiation group To Investigate Cancer Associated aLterations in the genome.
(3) African Ancestry Prostate Cancer.
de cas incidents suivis au cours du temps (cohorte KPCARAIBES), est actuellement envisagée. Une telle étude devrait permettre de répondre à de multiples interrogations, comme celle de la valeur prédictive des données cliniques et anatomopathologiques observées à l’occasion du diagnostic, au regard de la récidive de la maladie après traitement, celle des complications et de la survie, ou celle de l’évolution des formes survenant avant 50 ans.

Conclusion
De par sa fréquence et son incidence, le cancer de la prostate aux Antilles est ressenti par la population comme un problème majeur de santé publique. Lutter de manière efficace contre cette maladie nécessitera la prise en compte de l’ensemble des spécificités géographiques, ethniques, sociales, comporte- mentales et environnementales tout en comprenant mieux son histoire naturelle et son évolution. ■
Références
[1] Binder-Foucard F, Belot A, Delafosse P, Remontet L, Woronoff AS, Bossard N. Estimation nationale de l’incidence et de la mortalité par cancer en France entre 1980 et 2012. Étude à partir des registres des cancers du réseau Francim
Partie 1 : Tumeurs solides. Saint-Maurice: Institut de veille sanitaire; 2013. 122 p. http://opac.invs.sante.fr/index.php?lvl= notice_display&id=11619
[2] La surveillance des cancers dans les Antilles et en Guyane. Bulletin de veille sanitaire Antilles-Guyane. 2011;(8):1-11. http:// invs.santepubliquefrance.fr/Publications-et-outils/Bulle- tin-de-veille-sanitaire/Tous-les-numeros/Antilles-Guyane/ Bulletin-de-veille-sanitaire-Antilles-Guyane.-n-8-Octobre-2011
[3] Bulletin annuel d’information du Registre général des cancers de Guadeloupe, n° 3, janvier 2016.
[4] Leone N, Voirin N, Roche L, Binder-Foucard F, Woronoff AS, Delafosse P, et al. Projection de l’incidence et de la mortalité par cancer en France métropolitaine en 2015. Rapport technique. Saint-Maurice: Institut de veille sanitaire; 2015. 62 p. http:// opac.invs.sante.fr/index.php?lvl=notice_display&id=12753
[5] Dieye M, Véronique-Baudin J, Draganescu C, Azaloux H. Cancer incidence in Martinique: a model of epidemiological transition. Eur J Cancer Prev. 2007;16(2):95-101.
[6] Grosclaude P, Velten M, Daubisse-Marliac L. Prostate. In : Binder-Foucard F, Belot A, Delafosse P, Remontet L, Woronoff AS, Bossard N. Estimation nationale de l’incidence et de la mortalité par cancer en France entre 1980 et 2012. Étude à partir des registres des cancers du réseau Francim. Partie 1
tumeurs solides. Saint-Maurice: Institut de veille sanitaire; 2013. p. 70-4. http://opac.invs.sante.fr/index.php?lvl=notice_ display&id=11619
[7] Joachim C, Macni J, Véronique-Baudin J, Picotti C, Escarmant P. Épidémiologie du cancer de la prostate aux Antilles-Guyane : données des registres généraux des cancers. Bulletin de veille sanitaire Antilles-Guyane. 2013;(8-9):3-5. http://invs.santepubliquefrance.fr//Pub ... et-outils/ Bulletin-de-veille-sanitaire/Tous-les-numeros/Antilles- Guyane/Bulletin-de-veille-sanitaire-Antilles-Guyane.-n-8-9-
Octobre-Novembre-2013
[8] Institut national du cancer. Incidence et mortalité estimées en 2011 du cancer de la prostate.[Internet]. Boulogne Billancourt: INCa. http://lesdonnees.e-cancer.fr/
[9] Dieye M, Banydeen R, Macni J, Michel S, Veronique-Baudin J, Sasco A, et al. Geographic variations and temporal trends in
prostate cancer in Martinique over a 25-year period. BMC Res Notes. 2014;7:262.
[10] Mallick S, Blanchet P, Multigner L. Prostate cancer inci- dence in Guadeloupe, a French Caribbean Archipelago. Eur Urol. 2005;47(6):769-72.
[11] McGinley KF, Tay KJ, Moul JW. Prostate cancer in men of African origin. Nat Rev Urol. 2016;13(2):99-107.
[12] Forman D, Bray F, Brewster DH, Gombe Mbalawa C, Kohler B, Piñeros M, et al. CI5: Cancer incidence in five conti- nents, Vol. X (electronic version). Lyon: International Agency for Research on Cancer, 2013. http://ci5.iarc.fr
[13] Ben-Shlomo Y, Evans S, Ibrahim F, Patel B, Anson K, Chinegwundoh F, et al. The risk of prostate cancer amongst black men in the United Kingdom: the PROCESS cohort study. Eur Urol. 2008;53(1):99-105.
[14] Emeville E, Broquère C, Brureau L, Ferdinand S, Blanchet P, Multigner L, et al. Copy number variation of GSTT1 and GSTM1 and the risk of prostate cancer in a Caribbean population of African descent. PLoS One. 2014;9(9):e107275.
[15] Brureau L, Moningo D, Emeville E, Ferdinand S, Punga A, Lufuma S, et al. Polymorphisms of estrogen metabolism- related genes and prostate cancer risk in two populations of African ancestry. PLoS One. 2016;11(4):e0153609.
[16] Multigner L, Ndong JR, Giusti A, Romana M, Delacroix-Maillard H, Cordier S, et al. Chlordecone exposure and risk of prostate cancer. J Clin Oncol. 2010;28(21):3457-62.
[17] Cussenot O, Azzouzi AR, Nicolaiew N, Fromont G, Mangin P, Cormier L, et al. Combination of polymorphisms from genes related to estrogen metabolism and risk of pros- tate cancers: the hidden face of estrogens. J Clin Oncol. 2007;25(24):3596-602.
[18] Blanchard P, Femenias A, Gillet H, Renucci A. Rapport d’évaluation des plans d’action Chlordécone aux Antilles (Martinique, Guadeloupe). Paris: La Documentation Française ; 2011. 235 p. http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/ storage/rapports-publics/124000126.pdf
[19] Plan chlordécone 3 (2014-2020). [Internet]. http://social- sante.gouv.fr/sante-et-environnement/les-plans-d-action- nationaux/article/le-plan-chlordecone-3-2014-2020
[20] Emeville E, Giusti A, Coumoul X, Thomé JP, Blanchet P, Multigner L. Associations of plasma concentrations of dichlo- rodiphenyldichloroethylene and polychlorinated biphenyls with prostate cancer: a case-control study in Guadeloupe (French West Indies). Environ Health Perspect. 2015;123(4):317-23.
[21] Multigner L, Ndong JR, Romana M, Blanchet P. Exposition au chlordécone et risque de survenue d’un cancer de la pros- tate. Étude Karuprostate, Guadeloupe (France). Bull Epidé- miol Hebd. 2011;(3-4-5):40-4. http://opac.invs.sante.fr/index. php?lvl=notice_display&id=353
[22] Haute Autorité de santé. Cancer de la prostate : identifi- cation des facteurs de risque et pertinence d’un dépistage par dosage de l’antigène spécifique prostatique (PSA) de popula- tions d’hommes à haut risque ? Saint-Denis: HAS; 2012. 80 p. http://www.has-sante.fr/portail/upload/ ... plication/ pdf/2012-04/rapport_dorientation_-_cancer_de_la_prostate_ 2012-04-03_16-39-9_898.pdf

Citer cet article

Multigner L, Brureau L, Blanchet P. Le cancer de la prostate aux Antilles françaises : état des lieux. Bull Epidémiol Hebd. 2016; (39-40):730-5. http://invs.santepubliquefrance.fr/beh/2016/ 39-40/2016_39-40_6.html
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Re: Chlordécone aux Antilles : le parquet de Paris demande un non-lieu

Message par da capo »

Hdelapampa a écrit : 29 novembre 2022 15:26 Je n'attendais pas autre chose de l'office de propagande patronale de l'agro-industrie.
Non, pas vraiment.


L'Agence nationale de santé publique, aussi connue sous le nom de Santé publique France, est un établissement public à caractère administratif français, placé sous la tutelle du ministère chargé de la santé, dont le président du conseil d'administration est nommé par décret du président de la République.
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Re: Chlordécone aux Antilles : le parquet de Paris demande un non-lieu

Message par da capo »

J'ajoute que si le chlordécone présente un risque, voire un soupçon de risque pour les populations locales, il faut bien sûr en éviter l'emploi, mais sans perdre de vue que nos chères Antilles ont deux spécialités :
l'une culinaire, avec son fameux colombo de poulet et l'autre économique, avec la captation de subventions – parfois sous la menace de destructions – d'allocations et d'indemnisations diverses.
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Re: Chlordécone aux Antilles : le parquet de Paris demande un non-lieu

Message par Hdelapampa »

Vous vous préoccupez tellement du sort des Antillais que vous semblez ignorer que le Chlordécone est interdit depuis 1993.
https://www.ouest-france.fr/environneme ... f73b380c06

D'autre part:
https://www.ouest-france.fr/economie/ag ... 680b67ec8d

Emmanuel Macron l’avait promis, il y a trois ans. Le cancer de la prostate lié à l’usage de pesticides vient d’être reconnu comme maladie professionnelle. Parmi les substances concernées : le chlordécone, cet insecticide à l’origine d’un scandale sanitaire dans les Antilles. Autorisé entre 1972 et 1993 dans les bananeraies, alors que sa toxicité était connue depuis les années 1960 et qu’il est interdit en France depuis 1990, il a infiltré le sol et contaminé le sang. Plus de 90 % des adultes de Martinique et de Guadeloupe sont concernés, selon Santé publique France.
https://www.ouest-france.fr/region-guad ... 24de244b96

Jocelyn n’aime plus parler de « cette histoire ». Il refuse d’être photographié ou cité par son nom de famille. Il a soixante-neuf ans et coule des jours loin d’être paisibles, dans sa maison créole de Capesterre-Belle-Eau, en Guadeloupe, près d’un champ de bananiers qui fut autrefois le sien.

Jocelyn est malade. Il a survécu à un cancer à la glande prostatique il y a sept ans, mais n’a plus jamais retrouvé sa santé d’auparavant. Il a appris par voie de presse, un peu par hasard, que le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, s’apprêtait à signer un décret afin de reconnaître le cancer de la prostate comme une maladie professionnelle, due à l’usage intense de pesticides.

Si tous les ouvriers agricoles français seront concernés, la lutte était essentiellement portée par les Martiniquais et Guadeloupéens, dont le sang et le sol continuent d’être empoisonnés par le chlordécone, un insecticide très toxique utilisé dans les bananeraies jusqu’au début des années 2000.
Scandale sanitaire

L’annonce, cependant, est loin d’avoir suscité une joie franche et massive : « Ils sont déjà tous morts, de toute façon », lâche, résigné, Jocelyn. « Ils », ce sont ses collègues, qu’il a vu mourir par grappe, anormalement jeunes, de maladies. « Cela fait plus de vingt ans qu’on nous mène en bateau », attaque de son côté Patricia Chatenay-Rivauday, présidente de l’association Vivre.
Et voilà la réponse de l'Etat: prescription.
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Re: Chlordécone aux Antilles : le parquet de Paris demande un non-lieu

Message par Hdelapampa »

da capo a écrit : 29 novembre 2022 17:03
Hdelapampa a écrit : 29 novembre 2022 15:26 Je n'attendais pas autre chose de l'office de propagande patronale de l'agro-industrie.
Non, pas vraiment.


L'Agence nationale de santé publique, aussi connue sous le nom de Santé publique France, est un établissement public à caractère administratif français, placé sous la tutelle du ministère chargé de la santé, dont le président du conseil d'administration est nommé par décret du président de la République.
C'est de vous et de papibilou que je parlais.
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Re: Chlordécone aux Antilles : le parquet de Paris demande un non-lieu

Message par papibilou »

Hdelapampa a écrit : 29 novembre 2022 17:50
C'est de vous et de papibilou que je parlais.
Moi ? J'ai écrit uniquement que le rôle des juges est d'appliquer la loi, qu'elle soit bonne ou mauvaise. Vous n'êtes pas d'accord ?
Et cette loi précise qu'en l'occurrence il y a prescription. On peut le regretter mais on ne peut regretter que les juges appliquent la loi. Vous n'êtes pas d'accord ?
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Re: Chlordécone aux Antilles : le parquet de Paris demande un non-lieu

Message par Hdelapampa »

Non, je ne suis pas d'accord pour qu'il y ait prescription.
Ces maladies interviennent souvent plus de 40 ans après l'exposition.
Pas de prescription si à l'époque des faits, la toxicité était envisagée.
Mais on sait que pour vous la vie d'un enfant qui mange de la pizza fabriquée dans une porcherie, est un dommage collatéral.
Alors pensez, la vie des Antillais...
Modifié en dernier par Hdelapampa le 29 novembre 2022 23:26, modifié 1 fois.
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Re: Chlordécone aux Antilles : le parquet de Paris demande un non-lieu

Message par papibilou »

Hdelapampa a écrit : 29 novembre 2022 19:52 Non, je ne suis pas d'accord pour qu'il y ait prescription.
Ces maladie interviennent souvent plus de 40 ans après l'exposition.
Pas de prescription si à l'époque des faits, la toxicité était envisagée.
Mais on sait que pour vous la vie d'un enfant qui mange de la pizza fabriquée dans une porcherie, est un dommage collatéral.
Alors pensez, la vie des Antillais...
La stupidité a des limites. J'ai , comme vous, le respect le plus absolu de la vie, celle des enfants comme celle des adultes. Et j'ai un profond respect des antillais comme de n'importe quel être humain. Surtout ne vous excusez pas.
Le point que vous ne saisissez pas est qu'il faut sans doute changer la loi, mais que les juges ont le rôle d'appliquer les lois en vigueur pas de juger avec leurs émotions leurs convictions mais avec la règle écrite ( et votée par le législatif).
C'est clair ?
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