Ce qui suit n'est pas un canular, mais une triste réalité de l'état mental de certains zozos!
Plus loin dans le lien de France Info.....Pour ces "citoyens souverains", l'Etat et ses administrations sont illégaux. Cet univers de croyances pseudo-juridiques, inspiré des Etats-Unis, présente de nombreuses dérives complotistes, avec des convaincus et des gourous qui espèrent en tirer profit.
Saviez-vous qu'il existait des techniques quasiment imparables pour ne plus payer d'impôts ou d'amendes, pour échapper aux arrestations, à l'Urssaf ou à l'Aide sociale à l'enfance ? Pour faire un résumé très rapide d'une thèse très compliquée : l'Etat, et tout ce qui lui est lié, est illégal, et aucune administration n'a de pouvoir légal sur vous. Pour s'en libérer, il suffit, entre autres, de dire : "Je ne contracte pas". Bien entendu, cette idée est fausse. La phrase est devenue un "mème", repris avec moquerie sur les réseaux sociaux, après l'arrestation d'un couple qui a voulu refuser de "contracter" avec la gendarmerie lors d'un contrôle routier.
Et pour finirla France n'est plus un pays depuis 1947, mais une entreprise. Les tenants de cette affirmation fallacieuse brandissent notamment pour preuve les numéros Siret (le registre des établissements français) associés à l'entité "REPUBLIQUE FRANCAISE PRESIDENCE", ou à l'Urssaf, aux mairies et gendarmeries. Sauf que le numéro Siret ne recense pas uniquement les entreprises mais les "établissements" en général, dont les administrations.
En France il seraient quelques milliers, en connaissez vou?...La crise des "gilets jaunes" comme accélérateur
"Ces argumentaires basés sur la loi ont ensuite pris de l'ampleur avec la crise des 'gilets jaunes'", analyse pour l'AFP Sebastian Dieguez, docteur en neurosciences et chercheur à l'université de Fribourg (Suisse). Figure des "gilets jaunes", Serge Petitdemange assurait par exemple que la publication d'un décret en 2016 avait rendu la Constitution caduque, et invalidait l'élection d'Emmanuel Macron.
Mais les idées véhiculées par certains "êtres souverains" vont encore plus loin. Beaucoup partagent la théorie de la "fraude du nom légal", une croyance conspirationniste expliquée par exemple sur le site Conspiracy Watch. Selon eux, l'acte de naissance est en fait un acte juridique signé sans l'accord de la personne concernée, pour associer de force à chaque individu une personne morale frauduleuse, un "homme de paille".
Tous les accords, les contrats, les factures concernant cet "être vivant" seraient en fait passés avec cette personne juridique non consentie, dont le nom est écrit en majuscules, comme pour une entreprise sur les registres. D'où le fait que la passagère insiste pour que son nom soit écrit "en minuscules" dans la fameuse vidéo du contrôle routier (évoquée au début de cet article). Pire encore, tous les Etats seraient en faillite et leur patrimoine restant devrait donc revenir aux "êtres souverains"... Ce dont les entreprises illégitimes vous privent en vous maintenant dans l'ignorance et en vous associant cette fausse personnalité juridique.
La communauté "One Nation" et l'enlèvement de Mia
Difficile d'estimer l'audience de ces croyances, mais les chiffres des groupes qui participent à les diffuser sur les réseaux sociaux ne sont pas rassurants. Un groupe Telegram dédié à la "fraude du nom légal" compte plus de 21 000 abonnés, et 64 000 sur la chaîne TikTok associée. Une autre chaîne TikTok qui diffuse régulièrement ces arguments cumule près de 68 000 abonnés et pas moins de 661 000 "j'aime", alors que sa première vidéo publique date seulement d'octobre 2023. Contactés par franceinfo, aucun des deux n'a répondu.
Des utilisateurs y publient régulièrement des textes ou vidéos complotistes sur la pandémie de Covid-19, l'invasion de l'Ukraine par la Russie ou de pseudo-réseaux pédocriminels impliquants l'Aide sociale à l'enfance (ASE) et les "élites". Ces théories peuvent avoir des conséquences dangereuses : aux Etats-Unis, des tenants des idées "SovCits" ont abattu deux policiers lors d'un contrôle routier dans l'Arkansas en 2010.
En France, une mère a enlevé en 2021 sa fille de 8 ans, Mia, par peur d'un complot impliquant l'ASE. Elle adhérait à la communauté "One Nation", cofondée par Alice Pazalmar, qui avait notamment appelé à "refuser toute autorité illégitime", en reprenant certains arguments des "êtres souverains". Dans cette affaire, Rémy Daillet-Wiedemann, une figure du complotisme français, est cité. Depuis la Malaisie où il résidait, le quinquagénaire est soupçonné d'avoir incité à l'enlèvement de la petite fille. Il est par ailleurs suspecté d'avoir inspiré des projets d'attentat d’ultradroite pour s'emparer de l'Elysée en 2021.
Un filon dont certains tentent de tirer profit
Certains essaient même d'en profiter pour gagner de l'argent. Le compte Telegram "Fraude du nom légal" redirige par exemple vers un site vendant une "formation" "100% légale" pour se "débarrasser de [ses] dettes légalement", avec par exemple des courriers type pour "rembarrer les huissiers". Le tout pour au moins 97 euros. Contacté par mail et sur Instagram, le propriétaire du compte n'a pas répondu.
Un autre site, Common Law Court International Francophone, prétend vendre des documents d'"être vivant". Certificat de naissance, de mariage, "carte liberté" censée remplacer la carte d'identité (avec le nom en minuscules et à l'encre rouge)... Avec ces faux documents, "vous n'êtes plus soumis aux lois statutaires, sauf si vous y consentez", affirme le site. Les prix vont de 10 à 390 euros.
Sauf que cette "cour" n'a évidemment aucun pouvoir ni aucune existence juridique, et le site ne contient pas de mentions légales. Contacté, l'un des principaux contributeurs du canal Telegram associé au site a fourni des réponses évasives et exigé en retour "une garantie contractuelle de [nos] intentions". David, dont le groupe "Illégal en France diffusion" propose des documents type en accès libre, n'approuve pas la démarche et qualifie ce site de "supercherie". "Je vous laisse essayer de passer à l'aéroport avec leur passeport. Même moi, je ne vais pas essayer !"
David affirme à franceinfo que le groupe "accueille de nouveaux membres tous les jours". Contactée par l'AFP, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) explique avoir reçu une "vingtaine de signalements ou de demandes d'information depuis 2020" concernant la mouvance des "citoyens souverains". Mais elle assure n'avoir pas relevé "d'éléments constitutifs d'une dérive sectaire".
https://www.francetvinfo.fr/internet/re ... 80251.html