Publié le 24/09/2025 à 06:31
Le Rassemblement national (RN) a fait de la dénonciation du « matraquage fiscal » l’un de ses marqueurs politiques, mais derrière cette ligne officielle, une ambiguïté demeure sur la taxation des hauts revenus et des patrimoines. En février 2025, ses élus se sont ainsi abstenus à l’Assemblée nationale lors du vote sur la taxe Zucman sur les grandes fortunes, illustrant une posture constante : rejeter toute fiscalité exceptionnelle, au nom de l’attractivité économique et de la défense du « fruit du travail ».
Jordan Bardella, président du RN, qui était invité à la rentrée du Medef, incarne la ligne la plus prudente. Il refuse de s’aventurer sur le terrain d’une redistribution accrue, préférant séduire propriétaires, entrepreneurs et patronat. À ses yeux, la hausse de la progressivité de l’impôt sur le revenu ou une taxation renforcée des dividendes constituent des freins à l’investissement et au développement des entreprises. Le RN a donc rejeté ou esquivé ces propositions, se positionnant de facto aux côtés des défenseurs des très hauts patrimoines.
Divergences Bardella-Le Pen
Marine Le Pen, patronne des députés RN, conserve quant à elle une posture plus nuancée ou incohérente pour ses opposants. Elle n’hésite pas, dans certains débats, à convoquer l’idée de justice sociale et à évoquer une meilleure redistribution, mais sa ligne reste bornée par sa volonté de ne pas fragiliser l’électorat propriétaire et de refuser toute mesure touchant au patrimoine immobilier familial ou professionnel.
C’est dans cet entre-deux que le parti met régulièrement en avant un « impôt sur la fortune financière » (IFF). Ce dispositif, centré sur les actifs financiers et les œuvres d’art, exclurait le patrimoine immobilier afin de protéger classes moyennes et petites entreprises. Une proposition qui illustre le positionnement stratégique du RN : afficher une volonté de ciblage des plus riches sans s’aliéner les électeurs attachés à leur patrimoine immobilier.
Cette dualité entre un Bardella plus libéral et une Le Pen se voulant plus sociale reflète une tension croissante au sein du parti. Officiellement, il n’existe pas de divergence, mais dans les faits, la ligne fiscale du RN oscille entre deux pôles : une défense assumée des détenteurs de capitaux et un discours plus large de protection des classes moyennes. Une ambiguïté qui, à mesure que le RN progresse vers les responsabilités, pourrait devenir un enjeu de crédibilité économique car à un moment, il va falloir trancher.
https://www.ladepeche.fr/2025/09/24/con ... 948646.php

