La Russie a dépensé 300 millions de dollars pour financer des partis étrangers et influencer des élections
GEOPOLITIQUE Washington a tracé au moins 300 millions de dollars qui ne seraient que « la partie émergée de l’iceberg »
20 Minutes avec AFP
Publié le 14/09/22 à 02h24 — Mis à jour le 14/09/22 à 02h31
La Russie a discrètement envoyé au moins 300 millions de dollars à des partis politiques et des candidats dans plus d’une vingtaine de pays depuis 2014 afin de tenter d’y influencer des élections, selon une estimation des renseignements américains rendue publique mardi.
Les Etats-Unis « considèrent qu’il s’agit là d’estimations minimales, et que la Russie a probablement transféré secrètement davantage de fonds qui n’ont pas été repérés », a fait savoir un haut responsable américain. « Nous pensons que ce n’est que la partie émergée de l’iceberg », a-t-il déclaré à des journalistes sous le couvert de l’anonymat.
Parmi les cas les plus frappants cités dans cette nouvelle analyse figure celui d’un ambassadeur russe en poste dans un pays asiatique, qui a donné des millions de dollars à un candidat à une élection présidentielle.
Candidats d’extrême droite
Les renseignements américains n’ont pas précisé les noms des pays concernés. Mais, selon une source proche du dossier dans l’administration Biden, la Russie a dépensé environ 500.000 dollars pour soutenir un candidat du Parti démocrate d’Albanie, de centre-droit, lors d’élections en 2017.
Moscou aurait également financé des partis ou candidats au Monténégro, en Bosnie ou à Madagascar, selon cette même source. Cette personne, qui n’était pas autorisée à s’exprimer officiellement, a déclaré que Moscou utilisait Bruxelles comme centre depuis lequel de nombreuses fondations et structures soutenaient des candidats d’extrême droite.
L’ambassade russe en Equateur a également reçu « d’importantes sommes » d’argent entre 2014 et 2017, apparemment dans le but d’influencer le résultat d’élections, a ajouté cette source.
En Europe, Moscou a utilisé des contrats fictifs et des sociétés-écrans pour financer des partis politiques, tandis que les compagnies publiques russes ont acheminé des fonds jusqu’en Amérique centrale, en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, selon Washington. La Russie a parfois envoyé de l’argent liquide, mais a aussi utilisé des cryptomonnaies et des cadeaux « luxueux », selon les renseignements.
Les réseaux sociaux comme armes
Le haut responsable a déclaré que la diplomatie américaine partagerait ces conclusions avec les gouvernements de plus de 100 autres pays. L’administration de Joe Biden avait demandé cette estimation à ses services dans la foulée de l’invasion de l’Ukraine, le 24 février, qui avait conduit les Etats-Unis à tout faire pour isoler Moscou et armer Kiev.
L’ingérence supposée de la Russie dans des élections à l’étranger « est aussi une attaque contre la souveraineté », a dénoncé le porte-parole du département d’Etat, Ned Price. « Il s’agit d’une tentative d’éroder la capacité des peuples à travers le monde à choisir les gouvernements qu’ils jugent les plus aptes à les représenter », a-t-il ajouté.
Cette nouvelle évaluation n’a pas analysé l’ingérence russe dans la politique américaine. Mais les services de renseignement américains ont déjà accusé la Russie de s’être ingérée dans l’élection américaine de 2016, notamment en utilisant les réseaux sociaux pour soutenir Donald Trump, qui avait exprimé son admiration pour le président russe Vladimir Poutine
On comprend mieux les positions conciliatrices de certains.
Dans la suite de cet article de 20 Minutes, on a cet article de Zonebourse
Quant à l'extrême droite française, en avril 2022, Mediapart nous rappela les pratiques du FN/RN...
...L'Italie organise des élections nationales le 25 septembre. Une alliance de partis de droite, dont les Frères d'Italie, la Ligue et Forza Italia, devrait remporter une victoire confortable.
"Avant le 25 septembre, les électeurs italiens ont le droit de savoir si l'un des partis figurant sur les bulletins de vote a été financé par Poutine", a écrit Enrico Letta, chef du Parti démocratique (PD) de centre-gauche, sur Twitter.
L'invasion de l'Ukraine par Poutine a fait de lui un paria pour de nombreux Occidentaux.
JE N'AI JAMAIS PRIS D'ARGENT
Le leader de la Ligue Matteo Salvini, qui a un jour loué Poutine comme "le meilleur homme d'État actuellement sur terre", a nié à plusieurs reprises avoir reçu de l'argent de la Russie après la fuite en 2019 d'un enregistrement de l'un de ses assistants discutant d'un accord pétrolier secret à Moscou.
"Je n'ai jamais demandé et jamais pris d'argent, de roubles, d'euros, de dinars ou de dollars de la Russie", a déclaré Salvini à la radio RTL 102.5 mercredi. "Il y a des enquêtes en cours depuis des années. Rien n'a jamais été trouvé parce qu'il n'y a rien".
La dirigeante des Frères d'Italie, Giorgia Meloni, qui est en position de sondage pour devenir le prochain Premier ministre, a également nié avoir reçu de l'argent liquide de l'étranger et a menacé de poursuivre en justice un journal italien qui avait demandé si elle avait pris de l'argent russe.
"Ils devraient nous apporter les preuves. Mais comme les preuves n'existent pas, je crains qu'un procès soit inévitable", a-t-elle déclaré mercredi à Radio 24.
Un haut responsable politique italien, Adolfo Urso, qui dirige la commission parlementaire chargée de superviser les agences nationales de renseignement, a déclaré à la chaîne publique RAI que "pour le moment", rien n'indiquait que l'Italie faisait partie des pays impliqués.
Des suggestions selon lesquelles la Russie pourrait s'immiscer dans la campagne électorale ont été émises à plusieurs reprises depuis l'effondrement du gouvernement d'unité du Premier ministre Mario Draghi en juillet.
Un trio de partis, dont la Ligue et Forza Italia, tous ayant des liens historiquement amicaux avec Moscou, a fait tomber le gouvernement de Draghi, mais a rejeté les accusations des opposants selon lesquelles ils auraient été de connivence avec la Russie pour organiser l'élection surprise.
Draghi lui-même a déclaré au Parlement en juillet que l'Italie devait "intensifier ses efforts pour combattre l'ingérence de la Russie et d'autres autocraties dans notre politique". Il n'a pas donné d'autres détails.
https://www.mediapart.fr/journal/france ... t-national