da capo a écrit : ↑02 février 2025 12:50
Once a écrit : ↑02 février 2025 08:17
Si l'ambiance est morose en France aujourd'hui, à mon avis, c'est parce que l'on a du mal à assumer toute une période de notre Histoire
Disons que j'ai du mal à supporter ceux qui nous la jettent sans arrêt à la figure
Mais c’est MLP qui remet la question sur le tapis. Et de quelle façon ! Un peu comme dire à une femme violée : « mais bon… ça n’a pas été aussi dramatique que ça, hein ? Avoue : tu as un peu pris ton pied, hein ? »
Il n’y a pas eu une seule colonisation qui ne se soit pas faite autrement que par la force : que ce soit au Maghreb, que ce soit en Afrique noire, que ce soit à Madagascar, que ce soit en Cochinchine. Partout où la France a débarqué, les autochtones n’en ont pas voulu. La colonisation fut d’abord et avant tout l’équivalent d’un viol.
Je critiquais les jugements portés sur notre histoire, trop souvent biaisés par le fait qu'ils se basent sur nos principes moraux actuels
Vous semblez oublier qu’à l’époque il existait déjà une opinion très critique à l’égard de la colonisation et qui démasquait en temps réel son faux nez (la « civilisation apportée » apportée à des « peuples arriérés » etc) pour mettre en avant toutes ses exactions et toutes ses extorsions : toute une presse satirique dénonçait cette hypocrisie.
Et à un tel point, que, début XX°, on retourne chercher dans sa retraite un grand explorateur humaniste qui connaissait bien l’Afrique ( Pierre Savorgnan de Brazza) pour aller inspecter ce qui se passe d’odieux sur place. Les constats sont accablants et figurent dans le rapport Brazza :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Rapport_Brazza
Un rapport très longtemps mis sous le boisseau et on comprend pourquoi. Il n’a été clairement révélé et édité qu’en... 2014.
Quant à la bonne conscience de gauche contemporaine et à ses « leçons de morale : c’est qu’elle ne fait que redécouvre enfin l’hypocrisie de toute une gauche qui, à l’époque, prétendait apporter la civilisation à une époque : celle de Ferry.
et si tu penses que je veux réhabiliter la colonisation, c'est que tu m'as mal compris.
Il y a toute une petite musique faite de relativisme et de minoration de certains faits qui circule en ce moment et qui tend à « remodeler » l’Histoire en fonction des convictions propres des uns et des autres et des opportunités politiques et culturelles du moment. Chacun met le curseur là où ça l’arrange en traficotant ce qui l’arrange. Mon avis est qu’il ne faut rien laisser passer : qu’il s’agisse d’antisémitisme, de colonisation ou d’autre chose.
Je critiquais les jugements portés sur notre histoire, trop souvent biaisés par le fait qu'ils se basent sur nos principes moraux actuels auxquels j'adhère pourtant, malgré les excès de ceux qui les brandissent sans arrêt pour s'attribuer des certificats de bonne moralité.
Juste un petit exemple : vers 1850, Flaubert et son ami Maxime Du Camp partent pour l'Egypte. Le premier, dans un récit publié après sa mort, évoque les ébats d'une nuit passée en Algérie en compagnie d'une Berbère de 15 ans. Cette anecdote a inspiré un obscur chroniqueur dont j'ai oublié le nom, la conclusion de son papier accusant nos deux compères de pédophilie.
Ah oui ! Parlons-en du sieur Flaubert et de son fameux « Voyage en Egypte » ! Il devait normalement aller contempler les fameuses pyramides et les temples de l’époque pharaonique , il n’a entrepris que la tournée des bordels locaux se livrant sans cesse aux plaisirs de « la chair exotique. » Ce fut même une sacrée révélation et un vrai défoulement pour ce frustré sexuel !
Et c’est révéler là une autre caractéristique de la colonisation qui nous fait replonger dans une sorte des fantasmes européens de l’époque : la colonisation a aussi correspondu à une sorte de safari sexuel. Pour inciter de nouvelles recrues à s’engager outre-mer, de nombreuses cartes postales circulaient illustrant la soi-disante hyper sexualité des jeunes femmes indigènes. Il n’y eut donc pas que l’intérêt pour les matières premières et ressources du sous-sol (principal motif réel), donc le « beurre », il y eut aussi l’argent du beurre et la cerise sur le gâteau : les femmes.
https://www.google.com/search?client=fi ... 6quf-A8_78
Tout cela pour dire quoi au juste, en rapport au présent ? Tout cela pour dire que – que nous le voulions ou pas- nous sommes les lointains héritiers de cette période et qu’il ne faut pas non plus s’ étonner aujourd’hui qu’un pays comme la France soit le pays d’Europe comptant le plus grand nombre de ressortissants maghrébins et subsahariens.
Quand près de 70 % des Français trouvent qu’il y a trop « d’étrangers » en France, ces « étrangers » sont tout simplement les rejetons de toute une période coloniale qui est un des héritages du pays. Le pays récolte ce qu’il est allé semer et si il n’était pas allé « semer » il n’aurait pas aujourd'hui à devoir gérer les conséquences de ce bordel.
Quand MLP se permet de dire que « la colonisation n’a pas été tant que ça un drame pour l’Algérie », elle devrait ajouter que l’actuelle « colonisation de la France par l’Algérie- elle aussi- n’est pas tant un drame que ça pour la France. »
Et là, tout le monde serait raccord.
Mais elle ne le précise pas parce qu’elle est toujours empreinte de cette idée que « la colonisation à la trique » fut une bonne chose pour les autochtones et qu’il n’est pas question de se trouver envahi par ceux que le pays a envahis sans qu’il l’aient jamais demandé.
Quand on ne veut pas le bordel chez soi, on ne commence pas par le foutre à l’étranger.
Personnellement, je ne me sens pas responsable de tout cela et j'aimerais mieux que ça n'ait jamais existé, et moi aussi ça me barbe quand on me remet sans cesse tout cela sous le nez. Surtout quand ça provient des régimes de ces pays qui en font une rente mémorielle pour masquer leurs propres inconséquences.
Mais c'est comme ça et on peut le comprendre. Avec toutes les relations diplomatiques et sécuritaires pourries qui s'en suivent. C'est pourquoi il m'arrive de penser : "Ah ! si je pouvais être plutôt norvégien ou suisse ou je ne sais quoi d'autre comme ressortissant d'un petit pays tranquille sans tous ces boulets historiques !"
Je dirais alors - m'adressant aux étrangers du monde entier : "Bienvenus chez nous en tant que touristes ! Mais pas en tant qu'envahisseurs pouvant nous rappeler sans cesse : « c’est vous qui avez commencé ! »