da capo a écrit : ↑03 février 2025 19:22
Once a écrit : ↑03 février 2025 10:35
Tout le monde sait cela et tu tombes dans les mêmes travers que ceux que je déplorais plus haut.
Ah oui ! Parlons-en du sieur Flaubert et de son fameux « Voyage en Egypte » ! Il devait normalement aller contempler les fameuses pyramides et les temples de l’époque pharaonique , il n’a entrepris que la tournée des bordels locaux se livrant sans cesse aux plaisirs de « la chair exotique. » Ce fut même une sacrée révélation et un vrai défoulement pour ce frustré sexuel !
Mais d'où sortent ces propos abjects et inexacts ?
Mais de Flaubert lui même ! Je m'étonne de votre indignation. Tout cela est bien connu.
"Le voyageur face à la prostituée"
"
Voyager et découvrir de nouvelles contrées signifie d’abord les goûter par les femmes. Il semble que la visite au bordel ou la contemplation, parfois à distance, des prostituées dans leur quartier (ainsi, à Naples, avec Maxime Du Camp, tel que Flaubert le relate à Bouilhet dans une lettre du 9 avril 1851 [39]) soient parmi les premières étapes des voyageurs dans leur exploration des lieux. Comme si pour découvrir d’abord une ville, il convenait de le faire par l’entremise d’une ou plusieurs femmes qui fonctionneraient comme des allégories de la ville ou de cet ailleurs inconnu.
Pour aborder cet univers encore ignoré, « connaître une femme » se révèle le meilleur passeport. Sans doute semblable pratique relève bien de l’homosociabilité dix-neuviémiste, propre à un certain milieu,
la lettre qui informe l’ami resté en France (Bouilhet) servant de réactualisation valorisante des prouesses accomplies comme devant (un second) témoin (Maxime Du Camp étant le premier témoin en même temps d’ailleurs bien souvent que le premier partenaire de la prostituée)."
Source : "Centre Flaubert" :
https://flaubert.univ-rouen.fr/labo-fla ... titutions/
La prostitution n'est d'ailleurs pas seulement liée à "ses expériences" dans les bordels du Caire chez Flaubert : ce thème imprègne toute son oeuvre :
"
Si un sujet s’impose au lecteur de Flaubert avec une belle constance dans son œuvre et sa correspondance, c’est bien celui de la prostitution, de Novembre écrit en 1842 à Madame Bovary et à Salammbô, en passant par les récits de voyage et les confidences épistolaires à des proches,
sans oublier L’Éducation sentimentale : prostitution observée au plus près, interrogation continue sur la pratique de la prostitution sacrée, condamnation de l’embourgeoisement de la cocotte, déclaration tonitruante sur la prostitution généralisée du temps, constat que l’art est une forme de prostitution, refus de la publication pensée comme prostitution... et bien sûr le « C
’est là ce que nous avons eu de meilleur » qui clôt le roman de 1869. On finirait par penser que « tout est prostitution » chez Flaubert et que son « siècle est un siècle de putains, et ce qu’il y a de moins prostitué, jusqu’à présent, ce sont les prostituées."
Même source : "Centre Flaubert" :
https://flaubert.univ-rouen.fr/labo-fla ... titutions/
Flaubert détestait les romantiques éthérés et idéalistes. Il avait notamment la dent dure contre Alphonse de Lamartine, un modèle du genre.
"Causons un peu de Graziella – eh bien C’est un ouvrage médiocre, que la meilleure chose que L. [Lamartine] ait faite en prose. Il y a de jolis détails, le vieux pêcheur couché sur le dos avec les hirondelles qui rasent ses tempes, Gr. [Graziella] attachant son amulette au lit, travaillant au corail. Deux ou trois belles comparaisons de la nature, telles qu’un éclair par intervalles qui ressemble à un clignement d’œil : voilà à peu près tout. –
Et d’abord, pour parler clair, la baise-t-il, ou ne la baise-t-il pas ? Ce ne sont pas des êtres humains, mais des mannequins. –
Que c’est beau ces histoires d’amour, où la chose principale est tellement entourée de mystère que l’on ne sait à quoi s’en tenir ! l’union sexuelle étant reléguée systématiquement dans l’ombre, comme boire, manger, pisser, etc. ! Ce parti pris m’agace. Voilà un gaillard qui vit continuellement avec une femme qui l’aime, et qu’il aime, et jamais un désir ! Pas un nuage impur ne vient obscurcir le ce lac bleuâtre ! Ô hypocrite ! S’il avait raconté l’histoire vraie, que c’eût été plus beau ! Mais la vérité demande des mâles plus velus que M. de Lamartine. –
(...)
Il y aurait eu moyen de faire pleurer avec Cecco, le cousin dédaigné. Mais non. Et à la fin aucun arrachement ! Par exemple, l’exaltation intentionnelle de la simplicité (des classes pauvres, etc.) au détriment du brillant des classes aisées, l’ennui des grandes villes...
Mais c’est que Naples n’est pas ennuyeux du tout. – Il y a de charmantes femelles, et pas cher. "
Source : "Correspondance à Louise Colet" :
https://flaubert.univ-rouen.fr/correspo ... ise-colet/
"Quant à son homosexualité (refoulée ou non) c'est un autre sujet mais apparemment nous en avons quelques témoignages :
"Ces douceurs de l'amitié ont des retombées autrement plus concrètes dans la vie de Flaubert. On ne peut, à ce jour, recenser que quelques anecdotes homosexuelles dans l'existence assez chaste de Flaubert ;
celui-ci avait fait jurer à Bouilhet de brûler la plupart des lettres sans doute trop compromettantes à son goût. Flaubert est alors en Egypte avec Maxime Du Camp : les plaisirs se suivent et se ressemblent. C'est presque un trop-plein d'émotions, n'étaient ces danseuses nues dont Flaubert déplore l'absence fréquente. Pas plus de bordels au Caire :
« Mais nous avons eu les danseurs », rectifie Flaubert dans une de ces longues lettres à Bouilhet. Et d'ajouter, un rien goguenard, tout au régal de décrire ces créatures : « Oh ! Oh ! Oh ! C'est nous qui t'avons appelé [...].
Comme danseurs, figure-toi deux drôles passablement laids mais charmants de corruption, de dégradation intentionnelle dans le regard et de féminéité dans les mouvements, ayant les yeux peints avec de l'antimoine, et habillés en femmes."
Source : "Les tentations de Gustave Flaubert " :
https://culture-et-debats.over-blog.com ... 18315.html
Tout cela ne doit en rien entacher le fait que Flaubert ait été un grand écrivain et un sacré bosseur passant parfois des jours et des nuits à retravailler une seule phrase.