http://www.lefigaro.fr/actualite-france ... a-mere.phpEuthanasie : le témoignage d'une élue EELV sur la «mort indigne» de sa mère
L'élue écologiste Sandrine Rousseau évoque sur son blog le suicide de sa mère, atteinte d'un cancer. Elle dit vouloir «crier l'insupportable» pour offrir aux malades le droit de mourir dans la dignité.
Sandrine Rousseau ne veut plus se taire. Bouleversée par la longue agonie de sa mère, l'élue écologiste, vice-présidente de la région Nord-Pas-de-Calais, raconte sur son blog «la plus dure épreuve» de sa vie et réclame «la légalisation du suicide assisté». Un témoignage rare, alors que le Comité Consultatif National d'Ethique doit rendre ce lundi les conclusions de la Conférence Citoyenne sur la Fin de la Vie.
Évelyne,la mère de Sandrine Rousseau, souffrait d'un cancer généralisé, mais elle avait refusé d'intégrer un service de soins palliatifs «où elle savait qu'on ne la laisserait pas en finir». Le 24 septembre dernier, à 68 ans, elle décide d'en finir, chez elle, dans la discrétion.
«Elle n'est pas morte par son cancer, écrit Sandrine Rousseau sur son blog. Elle est morte parce qu'elle s'est suicidée. Et elle ne s'est pas suicidée par plaisir, elle l'a fait parce qu'elle savait que l'on n'abrégerait pas ses souffrances, pas suffisamment pour mourir dignement du moins». «Elle a absorbé les médicaments qu'elle avait sous la main pendant que mon père venait me chercher à la gare», confie l'élue à La Voix du Nord .
Des dizaines de messages de soutien
Sa mère Évelyne n'est pas morte sur le coup. «Son agonie a été longue, témoigne sa fille. Neuf heures à supporter cette souffrance non encadrée médicalement. Neuf heures sur son lit et nous à attendre patiemment que son souffle s'arrête».
Une souffrance que l'élue n'oublie pas: «Tout cela n'a pas été digne en réalité. Ni pour elle, contrainte à l'indignité de devoir mourir devant sa fille et son mari, de se vider, d'étouffer, d'agoniser en mille et une souffrances. Ni pour nous, ses proches, contraints de subir une des plus dures épreuves qu'il nous ait été donné de traverser».
Ne supportant plus le calvaire de sa mère, Sandrine Rousseau décide d'appeler les secours. Sa mère décède dans l'ambulance qui l'emmène à l'hôpital.
Publié discrètement le 8 décembre, le témoignage de Sandrine Rousseau a depuis circulé sur les réseaux sociaux. «Cela m'a valu des dizaines de soutiens, de gens qui disent avoir vécu la même chose», confie l'élue. Elle sait que son témoignage peut lui valoir d'être poursuivie «pour non-assistance à personne en danger», mais elle se dit prête à assumer toutes les conséquences politiques et judiciaires de son récit. «Je milite pour la légalisation du suicide assisté», résume-t-elle à La Voix du Nord. «Pour faire avancer la loi sur l'avortement, il a fallu parler de l'aspect très concret des interventions, des aiguilles à tricoter qu'on enfonce».
«Désolée maman, écrit l'élue à la fin de son texte, mais il est une de tes dernières volontés que je ne respecterai pas: celle de faire silence, de garder pour moi ce drame. (...) Qu'au moins ces neuf interminables heures servent à d'autres à mourir dignement dans le respect de leur être».
Pour une élue qui ose rompre le silence et dont le témoignage est relayé par les médias, combien de cas similaires dont personne n'entend jamais parler ?

