Ou comment un fait divers (plutôt sympathique d'ailleurs) devient tout à coup un mini chef-d'oeuvre
C'est une histoire qui au départ paraît pour le moins abracadabrantesque. Simone, nous l'appellerons ainsi car la personne exige l'anonymat, Simone donc, habite au cœur de Pamiers «La dynamique» à un drop de la place Sainte-Ursule, où tous les soirs elle gare correctement sa Renault Clio. Jusque-là, rien de folichon, me direz-vous. Sauf que le matin, lorsqu'elle s'achemine vers son moyen de locomotion, elle constate, incrédule, que son véhicule n'est pas là où elle l'avait stationné la veille. Une fois, puis deux, la voiture a, semble-t-il, bougé. Simone se pince, n'en croit pas ses yeux, s'interroge : Alzheimer ? Les effets décalés et spatiaux temporels de Bugarach ? En vérité, pour Simone, la chose est d'une gravité pas forcément quantique mais pour l'heure inexpliquée. C'est décidé, en début de semaine, elle se rend au commissariat de Pamiers verbaliser son questionnement, histoire d'élucider enfin l'ébranlement nocturne et mystérieux de sa Clio. «La nuit, ma voiture bouge toute seule !» confie Simone aux fonctionnaires médusés. En grands professionnels, les hommes en tenue se gardent bien d'exprimer, suppose-t-on, leur hilarité pavlovienne au risque d'ailleurs de provoquer un dysfonctionnement irréversible de la déglutition. Une maîtrise, saluée par la hiérarchie, presque nippone, celle-là même qui rendit célèbre Funakoshi Gichin (1869-1957), père du karaté moderne, qui ne pipait mot lorsque l'un de ses disciples lui «Zlatanait» les parties génitales sur le tatami de ses séances pédagogiques, le tout dans un silence de temple bouddhiste.
Considérant avec bienveillance la détresse de l'infortunée, le soir même, une patrouille de police se lance alors sur les traces de la fameuse Clio qui, étrangement, n'est pas stationnée sur le parking Sainte-Ursule alors qu'elle devait l'être. C'est sur le parking de l'Intersport, à Saint-Jean-du-Falga, que les policiers repèrent l'objet roulant bien identifié avec à son bord, non pas les frères Bogdanov, mais trois jeunes gens, dont un, le chauffeur, se carapatera illico. Les fonctionnaires de police élucideront, au terme d'une garde à vue rondement menée, le mystère de la place Sainte-Ursule, d'autant que le chauffeur, pris de remords, se rendra au petit matin . Ce dernier, un mineur de 17 ans, n'était autre que le petit ami de la fille de Simone. Le jeune impétrant sollicitant la clémence des agents inquisiteurs avoura, in fine, avoir subtilisé le double des clés de la fameuse Clio pour s'adonner avec ses complices à des virées nocturnes qui n'avaient rien de phénomènes paranormaux.
Les trois jeunes gens seront convoqués devant la juridiction pour mineur afin de répondre de leurs actes.
Il n'y absolument aucun mérite à exciter les gens. Le vrai héros c'est celui qui apaise.
La laïcité n'est pas une conviction mais le principe qui les autorise toutes, sous réserve du respect de l'ordre public.
