Déjà en hausse dans les sondages depuis les mobilisations contre la réforme des retraites, Marine Le Pen s’appuie sur sa rhétorique classique et une relative discrétion après les émeutes qui ont suivi la mort de Nahel. Mais sa victoire dans la course à l’Élysée est tout sauf assurée, affirme ce chroniqueur de “The Local”.
“Et le gagnant des émeutes françaises de 2023 est… Marine Le Pen”, annonce John Lichfield dans The Local. Discrète pendant les événements, condamnant les violences qui ont suivi la mort de Nahel, l’ancienne candidate et adversaire d’Emmanuel Macron n’est néanmoins pas assurée d’une victoire à la prochaine présidentielle.
Ce journaliste britannique essaye d’évaluer les probabilités de victoire et de défaite de la députée d’extrême droite à l’élection de 2027. “Je penche davantage pour le deuxième cas, mais je vais m’efforcer d’exposer les deux possibilités aussi justement que je peux”, précise-t-il d’emblée.
Certains signes semblent favorables. L’ancienne présidente du Rassemblement national a vu sa cote de popularité grimper durant la réforme des retraites. De plus, “la France est un pays qui déteste ses dirigeants et les change en général quand elle en a l’occasion”. Enfin, ses adversaires politiques ne sont pas au meilleur de leur forme : Emmanuel Macron ne pourra pas se représenter, et la succession au sein de son parti est loin d’être assurée. De leur côté, les partis traditionnels de droite et de gauche se sont effondrés.
La tactique de Marine Le Pen s’avère dès lors plutôt astucieuse, elle qui “se donne habilement une image plus consensuelle”.
“Si elle était opposée à un adversaire de la gauche radicale, elle pourrait gagner”, avance le Local. Les divisions au sein de la gauche pourraient néanmoins desservir la probable candidate en la plaçant face à un candidat de droite. Sa proximité avec Vladimir Poutine, qu’elle a tenté de renier depuis le début de la guerre en Ukraine, pourrait alors lui coûter cher.
La distance qui la sépare de l’Élysée tient avant tout au “flou de son programme économique”, un point faible déjà remarqué dans les débats de l’entre-deux-tours de 2017 et 2022. Et la candidate ne pourra pas s’assurer une place au second tour en renonçant à des promesses de réduction d’impôts au financement hasardeux. “Il est complètement idiot de faire des prévisions quatre ans à l’avance, mais j’y vais quand même : il n’y aura jamais de présidente Marine Le Pen”, conclut le chroniqueur.
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