Et je ne l'essaierai jamais.
Faux patriote, vrai « pitriote » : pourquoi on n’a pas envie d’« essayer » Bardella
«
Vous ne nous avez jamais essayés » : c’est désormais le seul argument du RN de Le Pen et de Bardella. Un argument à la fois bidon et anti-français. Analyse.
C’est le grand slogan patriote du Rassemblement national. Le pitriote Bardella et la pitriote Le Pen ne s’en lassent pas : « Vous ne nous avez jamais essayés. » C’est un slogan qui se propage dans l’opinion comme un bobard de Sputnick News : « Le RN, on n’a pas encore essayé… » Mais un tel argument a-t-il sa place dans le discours d’un parti identitaire, animé par la nostalgie de la France éternelle, et qui aime se parer des vertus du bon sens populaire et paysan ?
Une fois n’est pas coutume, soyons plus conservateurs que les conservateurs et réfutons ce slogan hasardeux d’une France éternellement aléatoire, d’un pays loterie.
« On n’a pas encore essayé… » : cela sonne comme un désir de déracinement, un arrachement à nos traditions, un refus du déterminisme national, un défi aux lois et aux rythmes de la nature, une injonction à détruire ce qui fait la continuité de la patrie française.
« On n’a pas encore essayé… » : c’est un slogan qui sent la table rase, la conjuration contre l’autorité, l’interdiction d’interdire, la perte des repères, l’effacement des limites, je reprends ma respiration, l’abolition des frontières (simples ou doubles), la folle arborescence du rhizome gudard, la déconstruction ligueuse, le Mai-68 boulangiste.
« On n’a pas encore essayé… » : ne serait-ce pas là les ravages de l’idolâtrie du changement, l’hystérie du bougisme, la grimace du relativisme ? Ne serait-ce pas là l’instabilité, l’insécurité, le désordre, la bardellisation ? Une forme de surréalisme politique ? La rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre nationaliste et d’un parapluie xénophobe ?
« On n’a pas encore essayé » : c’est le dissolvant universel. C’est l’idéologie ultralibérale de la cabine d’essayage, la soumission au consumérisme, à l’obsolescence planifiée, à l’hégémonie de la marchandise. C’est le culte de la nouveauté et le mépris de la coutume. C’est l’addiction à l’addiction et comme un plébiscite de tous les jours contre nos valeurs spirituelles les plus sacrées. Et puis quoi encore ?
...
Comme me le dit avec humour une amie venue d’un pays lointain, Bardella, qui est d’origine piémontaise, est la preuve vivante que les immigrés sont dangereux.
- Avez-vous déjà essayé de faire cuire un chat au four à micro-ondes ?
- Avez-vous déjà essayé la droite extrême ?
- Le retour à l’ECU ?
- Le « Frexit j’ressuscite, toi petite, tu es de la dynamite » ?
- La privatisation du service public audiovisuel ?
- La disparition de France Culture ?
- Le « casser du pédé » ?
- Le racisme anti-Aya Nakamura ?
- Le tweet négrophobe contre Kylian Mbappé après un tir au but manqué ?
- Les menaces de viol contre Sandrine Rousseau ?
- La haine anti-Arabes ?
Avez-vous déjà essayé un homme politique aussi changeant que Bardella dans sa tolérance à l’antisémitisme ? Un jour, il dit que Jean-Marie Le Pen n’est pas antisémite. Six mois plus tard, il dit que Jean-Marie Le Pen est « éminemment antisémite ». Epineuse question : quelle sera, cet hiver, sa nouvelle perception de l’antisémitisme ? Surprise.
Avez-vous déjà essayé un homme politique assez abject pour dire que l’antisémitisme est « résiduel » en France ? Ah, non, pardon, ça, c’est Mélenchon.
https://www.nouvelobs.com/billet/202406 ... della.html