Les grands patrons écrivent à Hollande

[le parisien]

Ce que les grands patrons demandent à François Hollande

La réponse ne se sera pas fait attendre… La semaine dernière, François Hollande renonçait à un allégement rapide et massif des charges. A son arrivée à l’Elysée, le président de la République avait suscité l’espoir en affirmant qu’il existait en France « un problème de coût du travail ». Déçus, les PDG des 98 plus importantes sociétés françaises élèvent la voix…

Une tribune dans le Journal du Dimanche de ce dimanche 28 octobre, et le bras de fer est engagé entre l’exécutif et 98 grands patrons – porte-paroles d’une communauté bien plus large d’entrepreneurs réunis au sein d’un puissant lobby, l’Association française des entreprises privées (AFEP). Un appel inédit, une mise en garde sur sa politique économique.

Au-delà des réactions et commentaires sur les plateaux de télévision et, sans doute, de déclarations au Parlement cette semaine, la réponse du gouvernement se fera en plusieurs temps : le 6 novembre – au lendemain de la remise de son rapport sur la compétitivité par Louis Gallois -, le gouvernement devrait annoncer une première série de mesure ; mais, c’est en janvier que l’essentiel de l’arsenal en faveur de la compétitivité sera dévoilé.

D’ici là, nul doute que le bras de fer se poursuivra – à moins que ce temps ne soit consacré à une concertation plus apaisée, et dépourvu, dans un camp comme dans l’autre, d’arrière-pensées politiques.

Voici le texte de la tribune publiée par le Journal du Dimanche :

« Nous, dirigeants des plus grandes entreprises privées françaises, proposons au gouvernement un pacte pour relancer la croissance et l'emploi. Il traduit notre ambition pour la France et est conçu dans un esprit de dialogue.

La France affiche un déficit sans précédent de son commerce extérieur, de ses paiements courants, de ses finances publiques et de ses comptes sociaux. Les marges de nos entreprises sont historiquement basses. Le chômage sape la cohésion sociale et exclut notre jeunesse. La France doit se transformer en profondeur. Il est urgent d'agir maintenant et collectivement. Nous préconisons une réponse globale adossée à des mesures simples et concrètes.

Compétitivité

Baisser le coût du travail et rendre l'État plus économe

1) Avec une dépense publique record de 56% du PIB, nous sommes arrivés au bout de ce qui est supportable. L'État doit réaliser 60 milliards d'euros d'économies (3 points de PIB) au cours des cinq prochaines années.

2) Pour les entreprises, il faut baisser le coût du travail d'au moins 30 milliards d'euros sur deux ans, en réduisant les cotisations sociales qui pèsent sur les salaires moyens (2 smic et plus). Un transfert financé pour moitié par un relèvement de la TVA de 19,6% à 21% (la moyenne européenne) et l'autre moitié par une baisse des dépenses publiques.

3) Il faut garantir aux entreprises un environnement fiscal favorable et stable en baissant notamment l'impôt sur les sociétés pour le ramener au niveau de nos voisins européens.

Emploi et formation

Intégrer les jeunes et établir un meilleur dialogue social en amont

1) À côté des contrats de génération que nous soutenons, nous voulons promouvoir une « plate-forme pour l'emploi des jeunes ». Elle favorisera les emplois d'insertion, des actions d'embauche inter-entreprises, la mise en réseau de nos centres de formation et le développement de l'apprentissage.

2) Il est vital d'instaurer un dialogue social ouvert très en amont pour permettre aux entreprises de s'adapter aux aléas de la conjoncture. C'est l'objet de la négociation sur la sécurisation de l'emploi que nous soutenons.
Innovation

Créer un véritable écosystème

1) Pour donner à notre pays toutes ses chances, il faut préserver le crédit d'impôt recherche.

2) Garantir une offre de capitaux large et dense pour financer les projets à travers des leviers comme la Banque publique d'investissement (BPI), les investisseurs privés et les ressources du fonds d'amorçage du commissariat général à l'investissement.

3) Continuer à nous rapprocher du monde de la recherche publique dans le cadre des pôles de compétitivité.

4) Concentrer les moyens sur une quinzaine de secteurs d'avenir comme la santé, les sciences du vivant ou les technologies de l'efficacité énergétique.

Environnement-Énergie

Lutter contre le changement climatique sans abîmer notre compétitivité

1) Il faut se donner les moyens d'explorer et d'exploiter nos ressources nationales comme les gaz de schiste.

2) Rester pragmatique dans la mise en œuvre de la transition énergétique, qu'il s'agisse de réduire nos émissions de CO2 ou notre exposition à la production d'électricité d'origine nucléaire.

3) Développer des réponses technologiques à tous ces défis où nos entreprises ont acquis un vrai savoir-faire.
Gouvernance et image des entreprises

Renforcer notre code de gouvernance

Notre code de gouvernance Afep-Medef est déjà l'un des plus stricts au monde mais nous sommes prêts à le modifier en :

1) soumettant les rémunérations des dirigeants à un vote consultatif des actionnaires lors de l'assemblée générale annuelle ;

2) créant un haut comité du gouvernement d'entreprise habilité à intervenir auprès des conseils d'administration ;

3) limitant à deux le nombre de mandats d'administrateurs pour les dirigeants mandataires sociaux.

Les conditions du succès sont simples : agir sur tous les fronts, s'inscrire dans le cadre de l'Europe et organiser les conditions d'un dialogue entre toutes parties prenantes, pouvoirs publics, partenaires sociaux et entreprises. Nous avons besoin de tous les entrepreneurs, créateurs, managers et investisseurs. Cessons d'opposer PME et grandes entreprises. Nous, dirigeants des plus grandes entreprises françaises, nous nous sentons profondément attachés à notre pays. »

[Jarod1]

Ils sont dans leur rôle.

[mordred]

La relance de l'économie ne passera pas effectivement sans une baisse des charges patronales et salariales. Pour cela, il faut reconstruire la Sécurité Sociale, les Allocations Familiales, l'Assedic. Il faut effectivement baisser les dépenses de l'Etat et des collectivités locales. Il y a du boulot ! Et il y aura de la casse ! Mais on ne peut pas faire autrement.
Dans ma commune, le maire a fait tirer un feu d'artifice de la Rentrée (début septembre). Bal ensuite. Dépense stupide.

[oO-Maverick-Oo]

Alors avant même de tout lire, la première chose que je vois, l'ERREUR ÉNORME ! C'est ça :

56% du PIB ? La dépense publique ? Mais de quoi parle-t-il ?
S'il parle de la dette publique, c'était le niveau de 2000-2001 ça !

Puis, cela fait combien de temps que le patronat nous passe le même disque sur la compétitivité franchement ?
Bien avant le début du XXIe siècle !

Donc bon, je doute que ce soit ça qui nous sorte de la crise.
Le patronat veut juste bouffer une plus grosse part de gâteau, ce qui est compréhensible.

[Jarod1]

La relance de l'économie ne passera pas effectivement sans une baisse des charges patronales et salariales. Pour cela, il faut reconstruire la Sécurité Sociale, les Allocations Familiales, l'Assedic. Il faut effectivement baisser les dépenses de l'Etat et des collectivités locales. Il y a du boulot ! Et il y aura de la casse ! Mais on ne peut pas faire autrement.
Dans ma commune, le maire a fait tirer un feu d'artifice de la Rentrée (début septembre). Bal ensuite. Dépense stupide.

Et quand on sait que le projet de loi de finances pour 2013 ne prévoit pas une baisse globale des dépenses de l'Etat mais "une stabilité, hors retraites et dette"...