Lakshmi Mittal sort du silence. Après avoir envoyé vendredi dernier une lettre aux salariés du groupe pour leur expliquer l'accord passé avec le gouvernement sur Florange, il revient jeudi dans le Figaro sur ces trois mois de négociations autour des hauts-fourneaux du site lorrain.
Évoquant un accord «juste», il rappelle qu'il n'y aura «pas de licenciements», assure qu'il n'y a jamais eu de repreneur et tacle sans ménagement Arnaud Montebourg et son idée de «nationalisation», un «bond en arrière» selon lui.
«Il n'y a eu aucun repreneur»
«La réalité est qu'il n'y a pas eu d'acheteur pour cette partie de l'usine», assure ainsi le PDG en référence aux hauts-fourneaux arrêtés auxquels le gouvernement a tenté en vain de trouver un repreneur. «Si les hauts-fourneaux avaient eu de l'intérêt pour un repreneur, ils en auraient eu un pour nous aussi et nous les aurions conservés», assène-t-il un peu plus loin. «La fermeture des hauts-fourneaux n'aurait dû être une surprise pour personne. Les salariés eux-mêmes en étaient conscients. Ce sont les commentaires politiques [...] qui ont faussé le débat, qui ont créé du bruit, de l'agitation», assure-t-il.
Sur la négociation en elle-même, le PDG déclare ne pas avoir eu «le sentiment» de participer à un «bras de fer» lors de ses deux rencontres avec François Hollande. Les discussions ont toutefois «été rudes», concède-t-il. En revanche, Lakshmi Mittal ne semble pas porter en haute estime Arnaud Montebourg, qui avait déclaré ne «plus vouloir de Mittal en France». «Jamais je n'aurais attendu de tels propos, aussi irrationnels, d'un ministre !» lance le PDG. «Choqué» et «triste», il tient à rappeler qu' «ArcelorMittal a 20 000 employés en France» et y a investi «2 milliards d'euros depuis 2006».
«La nationalisation, quel bond en arrière ! »
Sur la menace brandie par le ministre du redressement productif de nationaliser Florange, Lakshmi Mittal va encore plus loin : «Le monde entier a été surpris. Si aujourd'hui, un pays comme la France, la cinquième économie du monde, parle de nationalisation, mais quel bond en arrière ! (...) Ce genre de menaces sont de nature à faire qu'un investisseur y réfléchira peut-être deux fois avant d'investir en France», prévient-il.
Jeudi après-midi, la direction détaillera pour la première fois devant les réprésentants des salariés les engagements pris auprès de l' Etat français le 30 novembre, alors que les hauts fourneaux et la filière liquide de Florange n'avaient pas trouvé de repreneur. Pour le site mosellan, le groupe a indiqué qu'il fournirait « une décomposition détaillée » des 180 millions d'euros d'investissements promis, affectés « dès le premier trimestre 2013 », ainsi qu' «un calendrier prévisionnel ». La « mission de suivi » de l'accord entre le gouvernement et Mittal sur Florange a quant à elle tenu mercredi sa première réunion. Elle comprend neuf députés de tous bords.
Florange, un des sites « les plus rentables » ?
Parmi ses sites dans le nord de l'Europe, Florange (Moselle) est l'un « des plus rentables » du groupe ArcelorMittal, a affirmé mercredi la CFDT, s'appuyant sur un document interne du groupe dont elle a eu copie. « On voit effectivement sur les courbes que Florange fait partie des sites les plus rentables, aussi rentable que Gand et Dunkerque », a affirmé Edouard Martin, délégué syndical CFDT du site sur BFMTV. « Ce ne sont pas les syndicats qui le disent mais la direction elle-même », a-t-il ajouté, affirmant s'appuyer sur un document interne d'ArcelorMittal, qui compare les coûts de production à la tonne de l'acier produit par les sites du groupe à Florange, Gand, Dunkerque, Liège et Brême.
Selon le Républicain lorrain de jeudi, qui a pu consulter ce document, « en mai 2011, juste avant l'arrêt du haut-fourneau (de Florange) le coût de la bobine à chaud est équivalent à celle de Dunkerque ». Déduction faite d'un surcoût lié au transport, « Florange est au même niveau que Gand, le meilleur élève de la classe ArcelorMittal», ajoute le quotidien, précisant que le document était « une simple feuille A4 ».