A la rentrée du RN à Bordeaux, la dissolution et Matignon comme seuls horizons de Bardella et Le Pen

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Corvo
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A la rentrée du RN à Bordeaux, la dissolution et Matignon comme seuls horizons de Bardella et Le Pen

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Les "On est chez nous" en marche...

Lors des universités d’été du parti à la flamme, ses dirigeants, soucieux de se différencier de LFI, n’ont pas appelé à la démission de Macron, comme leurs militants, mais à «l’alternance».

Sur scène, le député européen Julien Sanchez fustige «ceux qui mettent sur le même plan notre culture et des cultures d’importation». Dans la salle, deux jeunes hommes, carrure de rugbymen, bérets sur la tête et t-shirt barrés de l’inscription «Martel», comme le Charles qui a vaincu les Arabes à Poitiers, applaudissent avec conviction en agitant leur drapeau tricolore. Tout passe, les gouvernements macronistes se succèdent, mais le Rassemblement national (RN) demeure le même. Les quelque 5 000 sympathisants présents à Bordeaux ce dimanche 14 septembre pour le meeting de rentrée du parti d’extrême droite n’ont pas l’air de se passionner pour l’actualité politique de la semaine, ni pour la nomination d’un nouveau Premier ministre, mardi dernier.

Plutôt qu’à Sébastien Lecornu, c’est aux éternelles têtes de turc du RN qu’ils adressent leurs huées. Les immigrés, («On est chez nous», a routinièrement scandé la foule), les «squatteurs», l’Algérie, l’audiovisuel public, encore l’Algérie et la France insoumise ont chacun récolté leur lot de sifflets. Tout comme le président de la République, Emmanuel Macron, appelé à la «démission» à plusieurs reprises, ce qui a semblé embarrasser quelque peu les orateurs, au point que Jordan Bardella s’est senti obligé de corriger la foule en lui rétorquant : «la dissolution, d’abord».

Situation du RN est ambivalente
Car si le président frontiste et Marine Le Pen ont l’air bien décidés à enjamber le bail de l’ex-ministre des Armées à Matignon, les deux se gardent d’exiger avec trop d’insistance le départ du président de la République, pourtant réclamé par leurs électeurs. «Nous ne sommes pas la France insoumise», répond la députée du Pas-de-Calais quand on lui demande pourquoi elle ne compte pas apporter son soutien à la procédure de destitution du chef de l’Etat initiée par les partisans de Jean-Luc Mélenchon.
Cette volonté de ne pas se voir amalgamer à ceux qui joueraient selon elle le «chaos» pousse la même à ne pas censurer a priori Sébastien Lecornu. Et ce quand bien même elle estime qu’il est «sans projet [autre] que celui de maintenir au pouvoir les quelques amis qui restent à Emmanuel Macron». «Lorsque ce gouvernement sera censuré, probablement dans quelques semaines ou dans quelques mois, vous serez à nouveau appelés aux urnes [et] vous aurez le pouvoir de faire de Jordan [Bardella] votre Premier ministre», a-t-elle lancé à ses troupes l’après-midi.

La situation du RN est ambivalente : sur le fond, la formation se retrouve sur la même position dégagiste que les insoumis et affirme souhaiter un retour aux urnes le plus rapide possible. Mais pour la forme, la formation d’extrême droite fait semblant de jouer le jeu des consultations. Quitte à perdre un temps que Marine Le Pen estime compté pour le pays, et contredire le slogan, affiché au-dessus de la scène : «Le changement n’attend plus». La leader a donc une nouvelle fois présenté les conditions de son indulgence : la réalisation d’économies massives sur les dépenses «taboues» liées à l’immigration, à la contribution de la France à l’Union européenne, aux fraudes fiscale et sociale, et au train de vie de l’Etat.

Embryon de discours de politique générale
La même ajoute une autre ligne rouge, écarlate cette fois : la signature par Matignon du décret d’application de la loi de programmation pluriannuelle de l’énergie, adoptée en juillet dernier par le Sénat. Y renoncer serait revendiqué comme une grande victoire par la cheffe du RN, mais pourrait ne pas suffire à lui faire garder le pouce en l’air. «On est là face à des mesurettes annoncées, très symboliques, mais homéopathiques», estime la même en privé, à la lecture des premières pistes évoquées par Lecornu dans un entretien à la presse régionale, ce dimanche.

Sans presque mentionner Lecornu dans son discours, la députée frontiste s’est surtout attachée à promettre «l’alternance nationale». «L’alternance, c’est normal en démocratie, c’est sain et c’est essentiel», a-t-elle vanté, en ajoutant que son visage serait celui de Jordan Bardella, qui a soufflé la veille sa trentième bougie, et devrait prendre les rênes de Matignon en cas de victoire du RN à des législatives anticipées. Cela n’empêche pas Marine Le Pen de s’arroger l’une des prérogatives d’un Premier ministre et de se lancer dans un embryon de discours de politique générale en énonçant les «quatre axes parfaitement consensuels» qui constitueront la politique de son parti en cas de cohabitation. Histoire de montrer qui restera la patronne.

https://www.liberation.fr/politique/ele ... KS6U3BU64/
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