Sous la menace d’une dissolution, les identitaires cathos d’Academia Christiana multiplient les associations

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Corvo
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Sous la menace d’une dissolution, les identitaires cathos d’Academia Christiana multiplient les associations

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Promis à une dissolution par Gérald Darmanin en 2023, le groupuscule, vitrine catholique de l’extrême droite radicale, a trouvé la parade : se fragmenter. L’organisation se décline en cercles locaux afin d’échapper à une éventuelle interdiction.

Gérald Darmanin s’est-il emmêlé les pinceaux lorsque, en décembre 2023, il a annoncé le lancement d’une procédure de dissolution à l’encontre d’Academia Christiana ? En accusant ce groupuscule identitaire de ne pas être en accord «avec les valeurs de la République», le ministre de l’Intérieur d’alors tape juste. Mais en affirmant un peu plus tard que l’association «a fait l’apologie de l’antisémitisme», il se trompe et confond avec Civitas, des catholiques intégristes dissous en octobre de la même année. La dissolution de l’Assemblée, les législatives et les différents changements de gouvernement étant passés par-là, cette tentative de dissolution est finalement restée lettre morte. Reste que le boulet n’est pas passé loin. Et Academia Christiana s’est livrée à une des stratégies favorites de l’extrême droite radicale pour échapper à cette menace : l’atomisation.

Fondé par un ancien de Génération identitaire à la suite de la Manif pour tous en 2013, Academia Christiana détonne dans la mouvance par son caractère résolument catholique. «Elle fait plutôt figure de dissidente à ses débuts. L’organisation a à cœur d’affirmer cette identité chrétienne contrairement aux autres mouvements de la mouvance. Ils incitent d’ailleurs leurs membres à être pratiquants, ce qui représente une singularité propre. Ils vivent l’enracinement dans la terre mais aussi dans la foi», explique Marion Jacquet-Vaillant maîtresse de conférences en science politique à l’université Paris-Panthéon-Assas.

«C’est un point de convergence, de rencontre entre les différentes branches de notre famille politique. Ils sont à la convergence des identitaires, des nationalistes-révolutionnaires et des nationaux-catholiques», explique à Libé un vieux routier de l’extrême droite française. Un point qui se vérifie lors des universités d’été d’Academia Christiana où l’on peut croiser des militants d’à peu près tous les groupuscules français, y compris la Cocarde, le syndicat étudiant proche du Rassemblement national. Œcuménique donc.

Academia christiana, qui se vit plus comme une école de formation prônant le renversement de la République pour instaurer un régime raciste autoritaire que comme un groupe militant, tire largement bénéfice de la dissolution de Génération identitaire en mars 2021. La tentative de relance au niveau national d’un groupe identitaire à travers Argos fait long feu et le groupe «catho tradi» s’impose de plus en plus au niveau national à travers ses conférences et ses universités d’été, rivalisant avec l’Institut Iliade, l’autre think thank identitaire.

Parrainage de formations
Une machine bien huilée qui joue à fond la carte du communautarisme en multipliant les photos avec des enfants ou des familles sur ses réseaux sociaux. «Quand il y a des familles et des enfants c’est que c’est un milieu sain. Les femmes ont tendance à fuir les milieux malsains», témoigne un militant d’extrême droite. Une mécanique qui aurait pu se gripper avec la menace d’une dissolution. Academia Christiana joue alors un jeu auquel ont joué le Bastion social et Génération identitaire avant elle : se diviser en groupes locaux lors de la disparition du groupe national.

L’organisation «parraine» ainsi Comunautat occitana, un «institut de formation politique chrétien» installé à Toulouse, qui propose les mêmes services qu’Academia Christiana avec les mêmes intervenants. Elle enchaîne ensuite avec le «Cercle parisien» et le «Cercle lyonnais». L’objectif est simple : si l’association principale est dissoute, les autres peuvent continuer les activités du groupe sans attendre le long travail nécessitant de remonter une structure susceptible d’être interdite elle aussi au motif d’une «reconstitution de ligue dissoute». Si le Christ multipliait les pains, Academia Christiana fait de même avec les portes de sorties. :ange:

https://www.liberation.fr/politique/sou ... BBM6ULQ2I/
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