Figure de la défense des femmes de chambres,Claude Lévy a comparu devant le tribunal correctionnel de Nanterre pour avoir fait payer aux salariés qu’il défendait des « dons juridiques ».
...Son ex-adjointe devenue son épouse est aussi poursuivie pour escroquerie...Des peines de prison avec sursis ont été requises.
Source:Le Pärisien.« Ça suffit,M. Lévy!...Vous répondez de manière agressive,vous êtes très agressif...Calmez-vous ou je vous fais sortir de la salle.»....Rarement un président de tribunal en vient à une telle menace.Mais après de multiples rappels à l’ordre et recadrages,la véhémence du prévenu ne faiblissant pas,Nabila Mani-Saada, présidente de la 14e chambre correctionnelle de Nanterre n’a plus que cette option ce mercredi.
À la barre, Claude Lévy,l’ancien trésorier de la CGT Hôtels de prestige jugé pour escroquerie baisse enfin d’un ton mais ça ne dure pas.
Le verbe haut cet homme de 64 ans au solide gabarit déroule sa vérité avec un aplomb désarmant,n’hésitant pas à prendre à partie ceux qui se plaignent de ses agissements.Ils sont quelques-uns dans la salle mais en tout 46 anciens adhérents se sont constitués parties civiles dans ce procès électrique où les pratiques douteuses du syndicaliste ont été décortiquées.
Trésorier de la CGT Hôtels de prestige,Claude Lévy endossait régulièrement pour ne pas dire à longueur d’année le costume de défenseur syndical.
Concrètement,il s’agit d’assister les salariés en délicatesse avec leur employeur devant le conseil de prud’hommes.Une activité que le Code du travail impose gratuite.Mais à la CGT Hôtels de prestige,il fallait s’acquitter d’un « don juridique » équivalent à 10 % de l’indemnité obtenue par le salarié si les prud’hommes lui donnaient raison.
Les enquêteurs ont retracé 150 000 euros de « dons »
Une forme d’honoraires déguisés difficiles à chiffrer.Les enquêteurs ont retracé 150 000 euros de « dons » perçus après jugements gagnés aux prud’hommes ou transactions avec les employeurs entre 2014 et 2020.Mais les 800 000 euros sur le compte du syndicat donnent une idée de l’ampleur de la combine comme l’a souligné Me Gabriel Chiche, avocat des salariés.
...« La balance créditrice exponentielle ne peut pas correspondre aux seules cotisations a pointé la procureure dans ses réquisitions.On sait aussi qu’il y a eu des espèces,beaucoup d’espèces qu’on ne peut pas quantifier. »
« Il était connu pour ses 10 % » relate un ancien camarade syndical de Claude Lévy...« Depuis toujours on savait qu’avec lui il fallait payer » abonde un autre,insistant néanmoins sur « tout ce qu’a fait Claude Lévy » pour améliorer les conditions de travail du petit personnel des hôtels de luxe...« Il a du talent,de la pugnacité mais peut être terriblement exécrable » résume un autre.
Pendant des années,bien peu au syndicat ni parmi les salariés accompagnés par M. Lévy ne remettaient en cause cette pratique interdite.Jusqu’à l’arrivée d’une juriste que Claude Lévy embauche lui-même en 2019 pour préparer les dossiers prud’homaux.À peine arrivée,elle constate les versements illégaux,s’en ouvre à Claude Lévy et alerte les membres du bureau syndical qui déposeront une plainte au parquet.
« Des personnes démunies, quasi illettrées qui déifiaient M. Lévy »:
Tous les salariés interrogés raconteront la même chose: Il fallait d’abord verser des frais de dossier de 150 euros puis « tous ont été forcés de payer les 10 % » rappelle la procureure,soulignant qu’il s’agissait toujours de « personnes démunies,quasi illettrées qui déifiaient M. Lévy ».
L’intéressé réfute l’escroquerie mais assume clairement les dons...« Ce n’est pas illégal.Le défenseur syndical doit exercer à titre gratuit ça signifie qu’il ne doit pas s’en mettre plein les poches comme les avocats,tacle-t-il en se tournant vers ceux de la partie civile...Mais rien ne dit qu’on ne peut pas faire un don au syndicat. »
Certes mais «un don c’est sans contrepartie» tente de lui faire entendre la présidente du tribunal...Peine perdue...Le prévenu fort en gueule reste droit dans ses bottes:..Ce qu’il appelle « les dons juridiques » servait à financer le syndicat et les caisses de grève.
Sa femme collaboratrice de Rachel Keke:
Ce que confirme la bouillonnante Tiziri Kandi,l’ex-trésorière adjointe et nouvelle épouse du syndicaliste.Elle est jugée au côté de Claude Lévy pour avoir également assuré la défense syndicale de salariés qu’elle a convaincus de verser 10 % de leurs indemnités.
Spécialiste de la digression pour éviter de répondre aux questions gênantes,elle a préféré revenir cent fois sur « les grèves » menées par le syndicat dans les hôtels de luxe pour obtenir de meilleures conditions de travail aux femmes de chambre.Dont celle de l’Ibis Batignolles qui a duré presque deux ans et a fait émerger Rachel Keke,devenue députée et dont Tiziri Kandi est une assistante parlementaire.
Parce que les pratiques des deux prévenus sont « illégales » et « qu’ils se sont payés sur la bête »,la procureur a requis huit mois de prison avec sursis à l’encontre de Claude Lévy ainsi que 8000 euros d’amende et six mois de sursis et 5000 euros d’amende à l’encontre de son épouse.Pour tous les deux elle demande aussi l’inéligibilité et l’interdiction de toute activité sociale.
La précédente épouse du syndicaliste,ex-secrétaire administrative était aussi jugée pour complicité.Mais parce qu’elle n’est « pas sûre » que la prévenue «avait conscience de l’origine des fonds»,la procureure ne s’est prononcée ni pour la culpabilité ni pour la relaxe.Me Alexia Gavini,conseil de Claude Lévy et Tiziri Kandi,devait plaider tard dans la soirée.
Le jugement a été mis en délibéré à la date du 28 novembre.
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