gare au gorille a écrit : ↑03 décembre 2023 00:05
Once a écrit : ↑02 décembre 2023 16:40
Même s'il faut reconnaître qu'ils s'y prêtent et pas qu'un peu, le jeu de massacre envers ses Présidents de la République est devenu un sport national pour les Français et ça coûte pas cher, ça ne mange pas beaucoup de pain parce que ça les déresponsabilise de leurs propres incuries et de leurs propres lâchetés.
Sinon, il y a longtemps qu'ils auraient opté pour un autre type de régime moins présidentiel et plus parlementaire comme dans bon nombre de pays voisins (Royaume-Uni, Espagne, Pays-Bas etc etc.)
Les Français, comme des gamins immatures, continuent de croire au retour de l'homme providentiel tous les cinq ans, l'homme providentiel qui saurait résoudre tous les problèmes à leur place.
La seule élection qui les intéresse tous les cinq ans, c'est l'élection présidentielle. Et dès qu'ils ont élu un nouveau président, c'est pour le décaniller aussitôt.
En fait, ils ont besoin de ça : d'une distraction, d'un jeu de massacre en guise de passe-temps.
À ce jeu malsain, il y aura à craindre le pire dans le futur : les Américains l'ont eu (et risquent de l'avoir encore) avec Trump. Les Argentins viennent de l'avoir avec "El Hombre à la tronçonneuse".
Et nous on risque de l'avoir un jour avec un ersatz de Cyril Hanouna.
Pourquoi, l'élection présidentielle ne vous intéresse pas vous ??
Dans sa forme actuelle : de moins en moins. Par contre, voici une autre alternative que je trouve intéressante : elle établit d'abord un constat que j'ai évoqué à ma manière plus haut mais surtout- dans un esprit constructif, elle propose une alternative tout à fait raisonnable et qui ne remettrait pas en question l'élection d'un Président au suffrage universel direct à laquelle les Français, dans leur ensemble, demeurent fortement attachés
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ENTRETIEN - Dans le recueil collectif Déprésidentialiser la Cinquième République, le think thank GenerationLibre cherche à
repenser l'équilibre institutionnel du régime. Pour Baptiste Gauthey, codirecteur de l'étude, l'absence de culture du compromis paralyse la démocratie française.
Baptiste GAUTHEY. - Le premier s'incarne dans une extrême verticalité et centralisation du pouvoir depuis un certain nombre d'années.
Le deuxième réside dans la concentration de toute la vie démocratique sur la seule figure du président de la République et sur son élection au suffrage universel direct. Enfin le troisième est plus purement institutionnel. Il s'agit de ce que nous appelons «la dérive de l'hyperprésidentialisation» depuis 1958, qui s'est faite par étapes et a contribué à déséquilibrer la pratique constitutionnelle et l'agencement institutionnel du régime de la Vème république. Les deux équilibres, entre le premier ministre et le président de la République d'une part, et entre le pouvoir exécutif et législatif d'autre part, ont été déstabilisés par cet hyperprésidentialisme.
Le paradoxe spécifique à la Ve République, c'est que l'hyperprésident possède en réalité une marge de manœuvre pour l'action très réduite. On remarque alors une incapacité chronique à mener des réformes structurelles sur des enjeux importants tels que la santé, l'éducation, la retraite, la réforme de l'État ou les questions environnementales.
Ce paradoxe est le produit de ce déséquilibre: l'espace démocratique qui devrait normalement se déployer au cœur des institutions, à l'Assemblée nationale, s'est déplacé en dehors de l'espace institutionnel.
L'Assemblée nationale n'est plus qu'une chambre d'enregistrement, et le premier ministre n'est plus vraiment le chef du gouvernement. L'espace démocratique où devraient se forger les réformes par le compromis s'est déplacé dans la rue, qui exerce le rôle, normalement dévolu à l'Assemblée, de contre-pouvoir face à l'exécutif. Lors du dernier quinquennat, cela s'est remarqué sur la question des retraites, par exemple.
Voyez-vous dans l'hyperprésidentialisme une des causes de la crise politique actuelle ?
La question institutionnelle est centrale et c'est pourquoi nous proposons un ensemble de propositions dans notre rapport, mais je pense qu'elle ne suffira pas à résoudre le problème démocratique. Il est en réalité plus profond, et se situe à mon avis dans la culture et les mœurs politiques des Français.
On observe une forme de double mouvement contradictoire. D'un côté, les Français ont une forme d'addiction au pouvoir politique et une croyance forte dans la capacité du politique à résoudre leurs problèmes. Pour ne citer qu'un exemple, lors de la crise des Gilets jaunes, il était intéressant de voir des interviews de manifestants où l'interviewé parlait d'abord de sa situation matérielle, puis directement d'Emmanuel Macron et d'Édouard Philippe, comme si ces derniers étaient directement responsables de l'ensemble des difficultés qu'ils traversaient. De l'autre côté, il existe une forme de méfiance généralisée à l'égard de ce même personnel politique.
Cette situation paradoxale ne l'est en réalité pas tant.
Les Français attendent tellement de l'État, qui en démocratie libérale - et c'est bien naturel - n'a pas les moyens de résoudre tous les problèmes, qu'ils sont constamment déçus lorsque les gouvernants, inévitablement, échouent. Il y a une forme de blocage lié à la culture politique du pays. Une des solutions serait de rétablir l'équilibre au sein des institutions pour que les députés jouent leur rôle de contre-pouvoirs, que la démocratie soit plus fonctionnelle et puisse créer du compromis à travers la confrontation pacifique d'intérêts et de conceptions du monde divergentes.
Vous proposez de revenir sur un modèle d'élection du président au suffrage universel indirect, d'élaguer les compétences présidentielles et d'encadrer les prérogatives du président. À quel point cela modifierait-il la fonction présidentielle ?
L'idée serait de remettre le président à la place que lui avaient attribuée les constituants de 1958, «au-dessus de la mêlée». Le président était censé représenter l'État sur le long terme, et avoir une vision pour la France. Le premier ministre avait pour rôle de véritablement diriger le gouvernement, d'être à la tête de la majorité et de s'occuper du conjoncturel. Ensuite, le pouvoir législatif devait agir en contre-pouvoir et réussir à créer du compromis par les débats et les discussions. Aujourd'hui, l'«hyperprésident» endosse à la fois le rôle du premier ministre et du président de la république, et les députés ne jouent pas le rôle qui devrait être le leur dans le processus législatif.
Notre idée est de remettre le président dans cette position de long terme, au-dessus de la mêlée.
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