Pas dupe Boualem...
Le groupe d’eurodéputés «Patriotes pour l’Europe» a proposé le nom de l’écrivain, emprisonné en Algérie depuis le 16 novembre, pour le prix annuel européen en faveur de la «liberté de l’esprit».
L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal s’oppose à sa nomination pour le Prix Sakharov 2025 par le groupe d’extrême droite au Parlement européen présidé par Jordan Bardella (RN), a-t-on appris lundi auprès de son éditeur Gallimard. Le groupe «Patriotes pour l’Europe» (PfE), qui compte 85 eurodéputés, a proposé le nom de l’écrivain, emprisonné depuis le 16 novembre 2024 en Algérie, pour le prix annuel européen «pour la liberté de l’esprit».
«Malgré la très grande estime dans laquelle il tient ce prix, Boualem Sansal, par la voix de son épouse, a fait savoir qu’il considérait comme irrecevable cette démarche insidieusement partisane», a indiqué Antoine Gallimard dans un communiqué. «L’engagement continu de Boualem Sansal en faveur de la paix et de la liberté ne justifie en aucun cas qu’en son absence, on associe son nom et ses écrits aux visées d’un mouvement dont la radicalité politique est étrangère à l’esprit de tolérance qu’il a toujours promu», a-t-il ajouté.
L’éditeur a précisé que, «s’il advenait que cette “candidature” forcée était retenue, ce prix Sakharov serait refusé par les représentants de l’écrivain en France».
Rassemblement à Paris mercredi soir
Âgé de 80 ans et malade, Boualem Sansal a été condamné à 5 ans de prison ferme notamment pour «atteinte à l’unité nationale». Le romancier et essayiste a été condamné notamment pour des déclarations en octobre 2024 au média français d’extrême droite Frontières, où il estimait que l’Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc.
Plusieurs romanciers, dont Paule Constant, Kamel Daoud et le prix Nobel de littérature JMG Le Clézio, ont participé à un rassemblement de soutien ce week-end au festival du livre de Nancy. Un «collectif de citoyens» a appelé à un rassemblement «pacifique» mercredi soir à Paris. Une adaptation de son roman Le village de l’Allemand sera également jouée dans la soirée dans un théâtre parisien.
En août, Emmanuel Macron avait affirmé que la France devait agir «avec plus de fermeté et de détermination» vis-à-vis de l’Algérie, évoquant le «sort réservé» à Boualem Sansal et à Christophe Gleizes, journaliste français emprisonné à Tizi Ouzou.
https://www.liberation.fr/politique/une ... directed=1
«Une démarche insidieusement partisane» : Boualem Sansal refuse sa nomination par l’extrême droite pour le prix Sakharov
- Corvo
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Re: «Une démarche insidieusement partisane» : Boualem Sansal refuse sa nomination par l’extrême droite pour le prix Sakh
Jean-Marie Laclavetine, éditeur de Boualem Sansal : «On ne peut pas laisser Jordan Bardella prendre la tête de sa défense»
Gallimard persiste et signe auprès de «Libération» : non, l’écrivain algérien, emprisonné à Alger, ne veut pas se voir décerner un prix Sakharov 2025 suggéré par l’extrême droite européenne.
Accusée par le Comité de soutien à Boualem Sansal d’instrumentalisation, Gallimard maintient sa version. Une polémique a éclaté cette semaine entre l’éditeur et ce comité créé en janvier à l’initiative de la Revue politique et parlementaire et présidé par l’ancienne ministre des Affaires européennes, Noëlle Lenoir, l’un et l’autre s’accusant mutuellement de vouloir parler à la place de l’écrivain.
Enfermé depuis novembre 2024 à Alger, Boualem Sansal, 80 ans, est condamné à cinq ans de prison pour «atteinte à l’unité nationale» après avoir notamment rouvert le dossier controversé de la frontière entre le Maroc et l’Algérie. Le 9 septembre au Parlement européen, le groupe Patriotes pour l’Europe (PfE), présidé par le Français Jordan Bardella, a proposé le nom de Boualem Sansal pour le prix Sakharov 2025, la plus haute distinction de l’Union européenne pour les droits humains.
Refus catégorique de Gallimard qui a dénoncé une «démarche insidieusement partisane», et précisé que le prix Sakharov «serait refusé par les représentants de l’écrivain en France» s’il lui était décerné. La maison d’édition dit se fonder sur ses contacts avec l’épouse de Boualem Sansal, seule personne à pouvoir lui parler. Une parole que le comité de soutien met en doute : «Son épouse, elle-même soumise à des contraintes sévères, n’est pas en mesure de rédiger ou de communiquer librement», affirment-ils dans un communiqué paru mardi.
Joint par Libération, l’éditeur de Boualem Sansal depuis 1999 chez Gallimard, Jean-Marie Laclavetine, maintient la position de la maison d’édition et confirme que l’écrivain a fait savoir par la voix de son épouse son refus d’un prix qui serait attribué sur suggestion d’une figure d’extrême droite.
Que répondez-vous au Comité de soutien de Boualem Sansal vous accusant d’instrumentalisation ?
Je trouve désolant que les soutiens de Boualem nous attaquent de cette manière. Il est surprenant de voir dans leur communiqué qu’ils nous accusent de récupération politique, nous, ses vrais amis, alors que dans ce comité de soutien figurent beaucoup de personnes marquées politiquement, qui pour beaucoup ne l’ont jamais rencontré.
Ils opèrent un renversement frappant de procès en instrumentalisation. C’est ce qu’ils font depuis le début ! Au rassemblent de soutien derrière l’Assemblée nationale, auquel j’ai participé, les vociférations des gens du RN trahissaient fondamentalement la pensée de Boualem.
Jordan Bardella dirige un parti composé pour moitié d’enfants de Pétain et pour l’autre de grenouilles de bénitier intégristes. Il est inadmissible de laisser ces gens se saisir ainsi de l’œuvre de Boualem Sansal. Boualem n’a jamais varié dans son rejet de l’emprise des religions sur la vie des sociétés. Il s’est toujours déclaré athée. Entendre monsieur Retailleau, qui passe sa vie à l’église, se présenter comme un représentant de Boualem, ce n’est pas possible.
Le comité de soutien estime que l’épouse de Boualem Sansal «n’est pas en mesure de rédiger ou de communiquer librement». Confirmez-vous avoir reçu le refus de Boualem Sansal par la voix de sa femme ?
Il est vrai qu’elle ne peut pas prendre la parole publiquement. Etant le seul point de contact entre lui et l’extérieur, elle est très prudente. Mais nous sommes en contact avec elle via des amis communs. Et elle a été très claire sur le fait que Boualem était opposé à la prise en main de sa défense par le Rassemblement national. Elle nous dit aussi qu’il tient le coup moralement et qu’il est soigné.
Refuser que la plus haute distinction de l’Union européenne pour les droits humains lui soit accordée ne joue-t-il pas en sa défaveur ?
Il existe une frontière entre des partis républicains, démocratiques, et l’extrême droite, et c’est une limite qu’il est impossible de laisser franchir. On ne peut pas laisser Jordan Bardella s’attribuer le mérite de cette distinction ni prendre la tête du mouvement de défense de Boualem Sansal. C’est une captation malhonnête et opportuniste de la part du RN. Les opinions politiques, chez Gallimard, peuvent être très diverses, mais nous ne franchirons jamais cette frontière.
Le comité de soutien prétend que «la politique n’a pas sa place» dans le mouvement pour la libération de Boualem. Or, ce comité est largement peuplé de politiciens. Laisser Bardella prendre la tête de ce mouvement pour le prix Sakharov est un acte politique qui ne va pas dans l’intérêt de Boualem.
Cet engouement de l’extrême droite pour l’écrivain n’est-il pas dû à ses liens avec le média d’extrême droite Frontières ?
Là-dessus, je ne peux pas parler à la place de Boualem. Il a toujours dit qu’il voulait parler avec tout le monde et qu’il n’avait pas d’ennemis. Je suis convaincu que Boualem n’a rien d’un zélateur de l’extrême droite. Sa référence continuelle et intangible a toujours été Albert Camus. Il a ses positions sur l’islamisme et sur la société contemporaine qui peuvent être discutables, comme toute opinion. Mais ses idées ne sont pas le problème pour l’instant : le problème, c’est son incarcération inique.
Par ailleurs, je ne pense pas que Boualem accepterait les propos horribles sur son peuple et sur l’Algérie prononcés par Noëlle Lenoir sur CNews cet été, et qui relèvent d’un mépris raciste absolument flagrant [Noëlle Lenoir a dit que «des millions d’Algériens présentent des risques majeurs», avant de publier un communiqué en expliquant qu’elle voulait dire «des milliers», mais qu’elle maintenait son propos, ndlr].
https://www.liberation.fr/idees-et-deba ... 7A3VAPVIE/
Gallimard persiste et signe auprès de «Libération» : non, l’écrivain algérien, emprisonné à Alger, ne veut pas se voir décerner un prix Sakharov 2025 suggéré par l’extrême droite européenne.
Accusée par le Comité de soutien à Boualem Sansal d’instrumentalisation, Gallimard maintient sa version. Une polémique a éclaté cette semaine entre l’éditeur et ce comité créé en janvier à l’initiative de la Revue politique et parlementaire et présidé par l’ancienne ministre des Affaires européennes, Noëlle Lenoir, l’un et l’autre s’accusant mutuellement de vouloir parler à la place de l’écrivain.
Enfermé depuis novembre 2024 à Alger, Boualem Sansal, 80 ans, est condamné à cinq ans de prison pour «atteinte à l’unité nationale» après avoir notamment rouvert le dossier controversé de la frontière entre le Maroc et l’Algérie. Le 9 septembre au Parlement européen, le groupe Patriotes pour l’Europe (PfE), présidé par le Français Jordan Bardella, a proposé le nom de Boualem Sansal pour le prix Sakharov 2025, la plus haute distinction de l’Union européenne pour les droits humains.
Refus catégorique de Gallimard qui a dénoncé une «démarche insidieusement partisane», et précisé que le prix Sakharov «serait refusé par les représentants de l’écrivain en France» s’il lui était décerné. La maison d’édition dit se fonder sur ses contacts avec l’épouse de Boualem Sansal, seule personne à pouvoir lui parler. Une parole que le comité de soutien met en doute : «Son épouse, elle-même soumise à des contraintes sévères, n’est pas en mesure de rédiger ou de communiquer librement», affirment-ils dans un communiqué paru mardi.
Joint par Libération, l’éditeur de Boualem Sansal depuis 1999 chez Gallimard, Jean-Marie Laclavetine, maintient la position de la maison d’édition et confirme que l’écrivain a fait savoir par la voix de son épouse son refus d’un prix qui serait attribué sur suggestion d’une figure d’extrême droite.
Que répondez-vous au Comité de soutien de Boualem Sansal vous accusant d’instrumentalisation ?
Je trouve désolant que les soutiens de Boualem nous attaquent de cette manière. Il est surprenant de voir dans leur communiqué qu’ils nous accusent de récupération politique, nous, ses vrais amis, alors que dans ce comité de soutien figurent beaucoup de personnes marquées politiquement, qui pour beaucoup ne l’ont jamais rencontré.
Ils opèrent un renversement frappant de procès en instrumentalisation. C’est ce qu’ils font depuis le début ! Au rassemblent de soutien derrière l’Assemblée nationale, auquel j’ai participé, les vociférations des gens du RN trahissaient fondamentalement la pensée de Boualem.
Jordan Bardella dirige un parti composé pour moitié d’enfants de Pétain et pour l’autre de grenouilles de bénitier intégristes. Il est inadmissible de laisser ces gens se saisir ainsi de l’œuvre de Boualem Sansal. Boualem n’a jamais varié dans son rejet de l’emprise des religions sur la vie des sociétés. Il s’est toujours déclaré athée. Entendre monsieur Retailleau, qui passe sa vie à l’église, se présenter comme un représentant de Boualem, ce n’est pas possible.
Le comité de soutien estime que l’épouse de Boualem Sansal «n’est pas en mesure de rédiger ou de communiquer librement». Confirmez-vous avoir reçu le refus de Boualem Sansal par la voix de sa femme ?
Il est vrai qu’elle ne peut pas prendre la parole publiquement. Etant le seul point de contact entre lui et l’extérieur, elle est très prudente. Mais nous sommes en contact avec elle via des amis communs. Et elle a été très claire sur le fait que Boualem était opposé à la prise en main de sa défense par le Rassemblement national. Elle nous dit aussi qu’il tient le coup moralement et qu’il est soigné.
Refuser que la plus haute distinction de l’Union européenne pour les droits humains lui soit accordée ne joue-t-il pas en sa défaveur ?
Il existe une frontière entre des partis républicains, démocratiques, et l’extrême droite, et c’est une limite qu’il est impossible de laisser franchir. On ne peut pas laisser Jordan Bardella s’attribuer le mérite de cette distinction ni prendre la tête du mouvement de défense de Boualem Sansal. C’est une captation malhonnête et opportuniste de la part du RN. Les opinions politiques, chez Gallimard, peuvent être très diverses, mais nous ne franchirons jamais cette frontière.
Le comité de soutien prétend que «la politique n’a pas sa place» dans le mouvement pour la libération de Boualem. Or, ce comité est largement peuplé de politiciens. Laisser Bardella prendre la tête de ce mouvement pour le prix Sakharov est un acte politique qui ne va pas dans l’intérêt de Boualem.
Cet engouement de l’extrême droite pour l’écrivain n’est-il pas dû à ses liens avec le média d’extrême droite Frontières ?
Là-dessus, je ne peux pas parler à la place de Boualem. Il a toujours dit qu’il voulait parler avec tout le monde et qu’il n’avait pas d’ennemis. Je suis convaincu que Boualem n’a rien d’un zélateur de l’extrême droite. Sa référence continuelle et intangible a toujours été Albert Camus. Il a ses positions sur l’islamisme et sur la société contemporaine qui peuvent être discutables, comme toute opinion. Mais ses idées ne sont pas le problème pour l’instant : le problème, c’est son incarcération inique.
Par ailleurs, je ne pense pas que Boualem accepterait les propos horribles sur son peuple et sur l’Algérie prononcés par Noëlle Lenoir sur CNews cet été, et qui relèvent d’un mépris raciste absolument flagrant [Noëlle Lenoir a dit que «des millions d’Algériens présentent des risques majeurs», avant de publier un communiqué en expliquant qu’elle voulait dire «des milliers», mais qu’elle maintenait son propos, ndlr].
https://www.liberation.fr/idees-et-deba ... 7A3VAPVIE/
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Re: «Une démarche insidieusement partisane» : Boualem Sansal refuse sa nomination par l’extrême droite pour le prix Sakh
Et quel est l'intérêt du sujet ???
Vous devriez plutôt parler de l'incapacité du président de la france vis à vis de l'Algérie pour le faire libérer et de toutes les choses aussi
Si c'était retailleur ou d'autres il y a longtemps que ce serait réglé
Vous devriez plutôt parler de l'incapacité du président de la france vis à vis de l'Algérie pour le faire libérer et de toutes les choses aussi
Si c'était retailleur ou d'autres il y a longtemps que ce serait réglé
Modifié en dernier par vivarais le 20 septembre 2025 09:12, modifié 1 fois.
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Re: «Une démarche insidieusement partisane» : Boualem Sansal refuse sa nomination par l’extrême droite pour le prix Sakh
Il faut reconnaître que notre président est particulièrement mou face aux soucis que l'Algérie cause à la France et notamment celui de nos compatriotes emprisonnés.
"Qui cherche la vérité doit-être prêt à l'inattendu" Héraclite d'Ephèse.