on pouvait arracher un bras à l'adversaire qui nous attaquerait.
Ce qui effectivement pour l'adversaire , est une occasion de réfléchir, et à la douleur, et à la fonction de son bras.
Un faible, peut donc faire bobo à un fort, de façon à ce que le mastodonte réfléchisse avant d'agir.
Que sera t il de notre indépendance, si on abandonnait nos arrache-bras ?
http://secretdefense.blogs.liberation.f ... sunis.html
Mon opinion : le désarmement nucléaire, au risque de l'alignement sur les Etats-Unis
Quatre personnalités françaises, dont deux anciens Premier ministres, plaident, dans Le Monde du 15 octobre, "pour un désarmement nucléaire mondial, seule réponse à la prolifération anarchique". Les signatures sont prestigieuses : Michel Rocard, Alain Juppé, Alain Richard et le général Bernard Norlain. On peut lire leur texte en cliquant ici.
1) Que disent-ils (pour l'essentiel) ?
"Les cinq puissances nucléaires reconnues par le traité de 1968 [Etats-Unis, Russie, Royaume-Uni, France et Chine] doivent engager un processus conduisant de manière planifiée au désarmement complet, y associer pleinement les trois puissances nucléaires de fait, écarter tout projet de développement d'arme nouvelle, prendre plus d'initiatives et de risques politiques pour surmonter les crises régionales majeures".
Ils "expriment le voeu que la France affirme résolument son engagement pour le succès de ce processus de désarmement et sa résolution d'en tirer les conséquences le moment venu quant à ses propres capacités".
2) Qui sont les quatre signataires ?
Ils suivent la trace de quatre anciens responsables américains qui plaidaient, dans le Wall Street Journal du 4 janvier 2007 pour "un monde sans armes nucléaires". Les signataires étaient George Schultz, William Perry, Henry Kissinger et Sam Nunn. Tous furent des responsables de premier plan de la sécurité nationale des Etats-Unis, démocrates et républicains.
Michel Rocard. Depuis la publication de cet appel américain, Michel Rocard cherchait à faire de même en France. Ses positions antinucléaires ne sont pas nouvelles. Le dirigeant socialiste n'a jamais été entièrement convaincu par le virage de son parti, pris en 1978, sous l'influence de François Mitterrand et de Charles Hernu en faveur de la dissuasion nucléaire. S'il est resté prudent dans son expression, notamment lorsqu'il était Premier ministre, dès la fin des années 90, il multiplie les interventions en faveur du désarmement nucléaire, notamment avec le mouvement Pugwash. Sans faire de la psychanalyse de comptoir, Michel Rocard a toujours entretenu des rapports difficiles avec son propre père, Yves, physicien et homme de droite, qui fut l'un des pères de la bombe atomique française.
Alain Juppé. En lui, Michel Rocard a trouvé un allié de poids. Grâce en soit rendue à Nicolas Sarkozy qui les a nommé tous deux responsables du "grand emprunt", ce qui a accélerer leur rapprochement. On sait qu'Alain Juppé, pourtant issu du parti gaulliste, a sérieusement "verdit" son discours et ses convictions depuis plusieurs années. De l'écologie à l'anti-nucléaire militaire, il n'y a qu'un pas. En 1995, ce même Alain Juppé (d'abord ministre des affaires étrangères, puis comme Premier ministre) avait évoqué d'une "dissuasion concertée" entre Européens. Une idée parfois jugée baroque, tant la décision finale ne se partage pas.
Alain Richard. Longtemps proche de Michel Rocard, l'ancien ministre socialiste de la Défense (1997-2002) appartient à l'aile la plus atlantiste, la plus pro-américaine de son parti.
Bernard Norlain. Le général d'aviation, aujourd'hui à la tête de la Revue de la Défense nationale, a été le chef de cabinet militaire des Premiers ministres Jacques Chirac et Michel Rocard. A travers lui s'exprime un courant important au sein des armées, mais peu connu du grand public : l'hostilité au nucléaire. Pour deux raisons : l'arme atomique est d'abord une arme politique de non-emploi, qui a été imposée à un corps militaire globalement réticent par le général De Gaulle. C'est une arme que les militaires servent, mais dont ils ne peuvent pas se servir. Du coup, ils préfèrent les porte-avions, les avions de chasse ou les blindés. Et ce - c'est la deuxième raison - d'autant plus que l'arme nucléaire est chère. Chaque année, la France y consacre environ trois milliards d'euros (un peu plus cette année avec les commandes de missiles M-51), soit 10% du budget de la défense.
3) Que peut-on en penser ?
J'exprime ici un point de vue personnel. Le désarmement nucléaire mondial est, comme le dit, le géopoliticien Gérard Chaliand (dans une longue interview parue ce matin dans Libération), une "utopie". Il se trouve que certaines utopies peuvent être dangereuses.
Le risque essentiel pour la France est un alignement encore plus grand - et définitif - sur la politique des Etats-Unis. Le retour dans l'Otan, plébiscité par les armées, est déjà un pas important dans cette direction. Mais il reste un élément, central, qui y échappe : la dissuasion nucléaire. Celle-ci exige de maintenir des compétences industrielles, scientifiques et militaires de très haut niveau, qui contribue à l'autonomie stratégique de la France. Notre pays peut y renoncer, mais ce sera alors un choix sans retour. Il ne restera plus ensuite qu'à s'aligner sur la puissance dominante, ou à se retirer des affaires mondiales. L'atome a un "pouvoir égalisateur" - il permet au faible de jouer dans la cour du fort. C'est là raison pour laquelle, l'Iran souhaite s'en doter... et que la France le fît en son temps.
L'alignement sur les Etats-Unis a aujourd'hui bonne presse, grâce au président Obama, couronné d'un prix Nobel. En sera-t-il toujours ainsi ? Les Etats-Unis offreront-ils définitivement un visage sympathique ?
Rappellons qu'un dirigeant français obtint lui aussi ce prix Nobel de la paix. Il s'agit d'Arisitide Briand, en 1926. En 1928, il signa le pacte Briand-Kellog qui entendait mettre la guerre hors la loi. Les signataires "condamnent le recours à la guerre pour le règlement des différends internationaux et y renoncent", prévoyait ce traité, entré en vigueur le 29 juillet 1929. Dix ans plus tard, la seconde guerre mondiale éclatait.
Pour de nombreux Français (dont je suis), qui ont conscience de vivre dans un monde dangereux, la possession de l'arme nucléaire est la garantie ultime qu'un scénario comme juin 1940 ne se reproduira pas.