« Aucun impact sur le planning», assurent EDF et Areva après les doutes émis par les autorités nucléaires sur la sécurité du réacteur en construction à Flamanville (Manche). Mais le débat, lui, fait rage.
La remise en cause du système de contrôle et de commande des deux réacteurs nucléaires, en construction à Flamanville et en Finlande, électrise le monde politique. Les Verts réclament « l'arrêt du chantier de Flamanville. Quatre milliards d'euros pour un réacteur expérimental, c'est de l'argent gaspillé. Il aurait pu servir dans un grand programme d'isolation thermique », commente Noël Mamère, député-maire de Bègles.
Le parti socialiste, par la voix de sa secrétaire nationale à l'énergie, Aurélie Filippetti, réclame « une commission d'enquête parlementaire sur la sûreté nucléaire », tandis que Corinne Lepage (MoDem) exige un moratoire et « un débat national sur les choix énergétiques ».
Ce tir de barrage ne semble, toutefois, pas émouvoir EDF et Areva. « Les réponses aux questions des autorités de sûreté seront apportées avant la fin de l'année. Et, à ce stade, il n'y a pas d'impact sur le planning du chantier. »
L'EPR n'en est pas à ses premiers déboires. L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a déjà suspendu le chantier pour différentes malfaçons. « Pourquoi réagir aussi tard ? Le réacteur comporte-t-il d'autres défauts de conception mettant en cause sa sûreté ? Faut-il confier à des experts extérieurs un réexamen exhaustif des éléments de sûreté afin de vérifier si d'autres défauts de conception n'ont pas été négligés ? », interroge la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad).
L'ASN a-t-elle réagi tardivement ?
L'intervention des autorités nucléaires semble, en effet, bien tardive. Le projet de réacteur de 3e génération est à l'étude depuis 1992. Comment le Premier ministre, Dominique de Villepin, a-t-il pu signer, en 2007, le décret d'autorisation de création sans savoir comment on allait piloter le coeur nucléaire ? « Rien d'anormal à cela », explique Guillaume Wack, directeur des centrales nucléaires au sein de l'ASN. « Un réacteur est très complexe. Son évolution est étudiée par étapes successives. Chaque fois plus détaillée. »
Les Anglais et les Finlandais s'en étaient émus dès décembre 2008. Guillaume Wack assure que l'ASN s'est penchée sur ce problème informatique « dès la fin 2007 ».
Pour Guillaume Wack, la réaction commune des trois autorités « constitue un bon exemple de coopération ». Elle pèse plus lourd face aux industriels de l'atome qui ne peuvent plus esquiver en arguant que les analyses diffèrent selon le pays client. La fin d'une partie de poker menteur en quelque sorte.
Source ouest france