En proposant un partage des profits, Nicolas Sarkozy a présenté une "bonne règle" selon lui: une répartition en trois tiers du profit d'une entreprise, à moduler en fonction de son secteur d'activité. Un premier tiers reviendrait aux actionnaires, un deuxième tiers irait aux salariés et un dernier reviendrait à l'entreprise, destiné à être réinvesti dans son activité et l'aider à préserver sa compétitivité, a-t-il suggéré.
Vendredi 6 février, en déplacement dans la Manche, Nicolas Sarkozy a répété qu'il attendait des "résultats concrets" et "avant la fin de l'année" des partenaires sociaux sur le partage des profits, faute de quoi le gouvernement légiférerait. "Comment on arbitre entre le souhait légitime des actionnaires de gagner de l'argent et la demande des salariés d'être associés aux bénéfices de l'entreprise", a déclaré jeudi soir le chef de l'Etat, ajoutant: "les entreprises ont engrangé 80 milliards d'euros de bénéfices l'an dernier: la question du partage de cette somme-là doit être posée".
Sarkozy fait en fait référence à l'évolution du partage de la valeur ajoutée, qui, ces dernières années, a plutôt favorisé les entreprises au détriment des salariés (graphique ci-dessous). Après un point culminant au début des années 1980, la part des salaires dans la valeur ajoutée a fortement reculé jusqu'au début des années 1990. Depuis cette date, elle est restée stable autour de 42% de la richesse créée. Dans le sens inverse, la part revenant aux entreprises a augmenté puis s'est stabilisée autour de 32%.
Mais en parlant de partage des profits, Nicolas Sarkozy pose un autre débat. Lorsqu'une entreprise réalise un profit, c'est après avoir rémunéré les "facteurs de production" – salaires des salariés (y compris intéressement, participation ou stock-options), amortissement pour le capital, intérêts pour les créanciers.
Le bénéfice net cumulé des entreprises du CAC 40 (car c'est d'elles qu'il s'agit) est estimé à 89 milliards d'euros en 2008. On estime que 41% de ce montant est voué à aller dans la poche des actionnaires. Le résultat net, le profit d'une entreprise, fait alors l'objet d'une répartition décidée par le conseil d'administration, qui représente les intérêts des actionnaires. Et eux seuls. Nicolas Sarkozy semble vouloir aller plus loin… En avançant sur un tel terrain, Nicolas Sarkozy veut-il revoir de fond en comble la loi de 1966 sur le droit des sociétés? Affaire à suivre.

Evolution du partage de la valeur ajoutée entre salariés et entreprises (source: INSEE).