MENACES SUR L’UNIVERSITE
Le point sur les réformes et les actions en cours
L’enseignement dévalorisé, la recherche menacée
Avec son projet de décret (oct. 2008) modifiant le statut des enseignants-chercheurs (
http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article796), le gouvernement organise une véritable casse du service public d’enseignement supérieur. Ce que la réforme précédente, dite d’autonomisation des universités (LRU), avait déjà dessiné : les présidents d’établissement vont avoir tout pouvoir sur nos carrières (recrutement et avancement) ainsi que sur nos charges d’enseignement, qui étaient jusqu’alors fixées à l’échelle nationale de manière égalitaire. Dans le contexte d’un non remplacement de nos collègues partant à la retraite, il s’agit en réalité de nous imposer plus d’heures d’enseignement au moyen d’une modulation arbitraire et individuelle de nos services. Ce sont nos activités de recherche qui vont pâtir d’une telle mesure discriminatoire : évaluées sur des critères contestables, elles pourront être dévalorisées au profit d’une augmentation-sanction de nos heures d’enseignement. Faut-il le rappeler, l’enseignement dont vous bénéficiez dans ces murs est nourri de nos recherches, dont notre statut actuel garantit l’existence. Il n’en va pas seulement de la protection de nos statuts et de nos intérêts, mais de ceux de l’ensemble des étudiants, comme de ceux des jeunes chercheurs que vous êtes ou serez peut-être bientôt : de moins de moins de recrutements ou/et des recrutements contractuels précaires. Alourdir les charges d’enseignement des universitaires au détriment de leur activité de recherche, à l’opposé de ce qui se pratique majoritairement en Europe et en Amérique du nord, c’est asphyxier l’université française.
La « mastérisation » à marche forcée, une menace sur la formation des enseignants
Cette première réforme s’articule à une modification radicale de la formation des enseignants du primaire et du secondaire, qui doit aujourd’hui être prise en charge par l’université au sein des masters recherche actuels. C’est ce que l’on appelle la « mastérisation ». Sous couvert d’améliorer la formation des enseignants, il s’agit là encore de faire des économies de moyens : l’année de stage pratique rémunérée est supprimée, en dépit de sa nécessité éprouvée. De plus, il a été exigé que nous rendions dans des délais très courts les maquettes de ces nouveaux diplômes et il nous semble révoltant que l’avenir de la formation des enseignants en France se joue dans une telle précipitation doublée d’un manque de concertation aberrant. L’incertitude régnant sur l’avenir des concours nationaux, les étudiants choisissant ces filières n’ont aucune garantie quant à leur recrutement et aux conditions de l’exercice de leur fonction. Il est notamment prévu que les étudiants collés au concours, mais reçus au master puissent enseigner en CDD ou sous forme de vacations sans garantie d’un CDI (
http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?rubrique49). Le danger est donc qu’à terme les étudiants issus de ces formations n’aient d’autre perspective que de devenir des intérimaires de l’éducation.
IL EST DE NOTRE DEVOIR DE PROTÉGER L’AVENIR DES GÉNÉRATIONS D’ÉLÈVES, D’ÉTUDIANTS ET D’ENSEIGNANTS EN GARANTISSANT À TOUS LA QUALITÉ DES SAVOIRS ET DE LEUR TRANSMISSION SELON UN MODELE D’ÉDUCATION NATIONAL ET DÉMOCRATIQUE.
Marginalisation des sciences humaines : le dossier Condorcet
S’ajoute à ces dangers une interrogation plus locale, mais non moins symbolique : la présidence de Paris 1 entend sans concertation nous contraindre à un déménagement complet de la licence d’histoire de l’art et d’archéologie (Tolbiac et Michelet) sur le site Condorcet 1 (Aubervilliers) qui n’a pas fait l’objet d’une information suffisante et qui s’avère de surcroît inadapté en superficie. Non seulement les étudiants seront éloignés des centres de ressources et des bibliothèques de Paris, mais cette menace s’inscrit dans une marginalisation globale des sciences humaines rejetées en périphérie et impliquant à terme le risque de perdre le label Sorbonne.
IL EN VA DE LA RECONNAISSANCE DE NOS ACTIVITÉS ET DE VOS DIPLÔMES
Le calendrier d’action suivant a été voté lors de l’AG du 15/01/09 :
20 janvier : grève à l’UFR Histoire de l’Art et Archéologie. Départ de la marche de protestation à 14h30 du Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche (1, rue Descartes, 75005) en direction de Matignon.
29 janvier : appel à la grève et manifestation nationale du service public
LES EXAMENS DU 20/01 QUI AVAIENT LIEU A MICHELET ONT ETE REPORTES
TOUS CEUX DU 29/01 SONT EGALEMENT REPORTES
AU JOUR LE JOUR
15 janvier, rencontre entre la Ministre de l’Enseignement supérieur et les représentants du CNU (Conseil National des Universités, aujourd’hui en charge des carrières d’enseignants-chercheurs) : elle n’a reculé sur aucun des points discutés, suscitant l’opposition d’une large majorité (2/3) des membres du Conseil.
Les motions suivantes ont été votées par les trois conseils de Paris 1 :
« 1) Les trois conseils de l'Université Paris I Panthéon Sorbonne réunis le 15 janvier 2009 refusent le projet de décret modifiant le statut des enseignants-chercheurs. Ce projet en introduisant la possibilité d'imposer à un professeur ou à un maître de conférences une charge d'enseignement supplémentaire dévalorise implicitement l'enseignement, au détriment des intérêts des étudiants. En outre, les critères de décisions, non définis par le texte, seront inévitablement suspects d'opacité et d'arbitraire. Ce projet crée une inégalité dans les obligations de services et la carrière, porte atteinte à la notion même de statuts, ruine en son principe le lien essentiel entre les activités d'enseignement et de recherche. Il est contraire aux principes constitutionnels d'égalité et d'indépendance des enseignants chercheurs. Le lien établi par le projet entre les décharges de service des uns et la surcharge imposée aux autres aiguiserait une concurrence interne dans l'établissement au détriment de la coopération entre enseignants chercheurs et viderait de son contenu la notion de collégialité. Le texte fait craindre que, dans une éventualité de restriction budgétaire, l'augmentation des services ne soit imposée au plus grand nombre .
Ce projet ravale le CNU au rang d'instance d'évaluation sans rôle véritable pour la gestion des carrières, qui est remise à la seule appréciation des instances locales. Les garanties scientifiques qui entourent les décisions de gestion des carrières sont ainsi amoindries, puisque celles-ci ne procèdent plus d'un organe collégial issu de la discipline concernée. L'assemblée demande à ce que le CNU reste la principale instance d'évaluation et de gestion des carrières.
Le projet de décret modifiant le statut des enseignants chercheurs étant contraire à ses principes, la réunion des trois conseils demande son retrait.
La réunion des trois conseils de l'université Paris I Panthéon-Sorbonne du 15 janvier 2009 soutient l'engagement de l'ensemble des personnels et des étudiants dans l'action conduite pour obtenir le retrait du projet de décret modifiant le statut des enseignants-chercheurs.
2) Motion sur la réforme des concours de recrutement des enseignants du primaire et du secondaire. La réforme des concours de recrutement des enseignants du secondaire s'est engagée dans des conditions que l'ensemble des disciplines concernées estime alarmantes pour les objectifs énoncés d'amélioration de la formation au métier d'enseignant. Le calendrier de cette réforme, l'absence de réflexion quant à l'articulation entre master recherche et concours, la nature des épreuves, les contraintes qu'impose le calendrier même de ces futurs concours placés en milieu d'année universitaire vont conduire à un affaiblissement de la formation professionnelle et disciplinaire, à un renforcement de la sélection sociale dans l'accès à ces métiers, à une remise en cause importante du concours comme modalité d'accès à la fonction publique, et à la constitution d'un vivier de précaires pour une gestion de plus en plus contractuelle des recrutements. L'assemblée des trois conseils de l'université Paris I estime qu'en l'état, il est impossible de mettre en place des masters métiers de l'enseignement et de la formation dignes de ce nom et, a fortiori, de pouvoir déposer leurs maquettes pour le 15 février 2008. Il constate que les cadres réglementaires des concours nouvellement institués imposent des préparations « mastérisées » totalement inopérantes et exige qu'ils soient revus en concertation avec des représentants universitaires des disciplines concernées.
3) Motion sur la Dotation Globale de Fonctionnement
Le mercredi 10 décembre 2008, le ministère a annoncé le budget alloué pour chaque université pour l'année 2009.
Cette répartition repose sur un nouveau dispositif d'allocation des moyens, qui met en danger le service public d'enseignement supérieur et de recherche.
La réunion des trois conseils demande :
- Un système de répartition des moyens des universités basé sur des normes objectives et transparentes, permettant, selon les principes du service public, de donner à chacun selon ses besoins et non selon ses résultats. Des critères comme le nombre d'étudiants inscrits, le nombre de boursiers et de salariés, les politiques menées contre l'échec, ou l'état des bâtiments universitaires doivent être considérés pour le financement des universités.
- Un plan pluriannuel de recrutement de personnels et d'enseignants pour permettre à l'ensemble des universités d'assurer convenablement leur mission de service publique d'enseignement supérieur et de
réduire la précarité en particulier celle des personnels BIATOS dont la contribution est essentielle pour le fonctionnement des services universitaires. »