Accusé par la Licra et SOS Racisme d'incitation à la haine raciale, Jean-Marie Le Pen sera jugé, jeudi, par le tribunal correctionnel de Paris pour avoir diffusé, lors des élections régionales, des affiches de campagne jugées offensantes à l'encontre des musulmans et de la population algérienne. Selon son avocat, Me Wallerand de Saint-Just, Jean-Marie Le Pen n'assistera pas à l'audience.
L'affiche litigieuse représentait une femme intégralement voilée à côté d'une carte de France recouverte du drapeau algérien sur laquelle se dressaient des minarets en forme de missiles, avec pour titre "Non à l'islamisme". Lors des dernières élections régionales, le mouvement Jeunesse du Front national a diffusé ces affiches en région Provence-Alpes-Côte d'Azur et sur son site internet, puis partout en France. La Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) a alors saisi le juge des référés du tribunal de Marseille, qui a condamné le Front national à retirer les affiches. Le magistrat a estimé qu'elles étaient "de nature à provoquer un sentiment de rejet et d'animosité à l'encontre d'un groupe de personnes dont sont visées les pratiques religieuses, les femmes et la nationalité". À l'époque, l'affaire a d'ailleurs suscité des protestations de l'Algérie. Cette fois, la Licra, accompagnée de SOS Racisme et du journaliste Mohamed Sifaoui, attaque le Front national pour incitation à la haine raciale. "C'est une blessure qui est restée aux personnes musulmanes", justifie l'avocat de SOS Racisme, Patrick Klugman. "La portée véritable de cette affiche, c'est maintenant qu'elle doit être jugée, en dehors de toute campagne électorale." Le procès se tiendra jeudi après-midi devant la 17e chambre. Le jugement sera mis en délibéré à plusieurs semaines.
