Inventaire des articles psychologiques

Rêves, philosophie de la vie, sciences de l'âme, ésotérisme, ...
Répondre
Avatar du membre
Sov Strochnis
Fan d'Inter
Fan d'Inter
Messages : 5963
Enregistré le : 27 décembre 2008 21:19
Localisation : Hyperborée

Inventaire des articles psychologiques

Message par Sov Strochnis »

Faisons l'inventaire des articles qui nous ont intéressés. Ce sera l'occasion de mettre des mots sur des cas que nous connaissons.

Le biais de confirmation d'hypothèse:
Biais de confirmation



C'est la curieuse et perpétuelle erreur de compréhension humaine d'être plus ému
et excité par les affirmations que par les négations.
Francis Bacon


Le biais de confirmation fait référence à la pensée sélective qui fait que quelqu'un a tendance à noter et à chercher ce qui confirme ses croyances, et à ignorer, ne pas rechercher, ou sous-estimer l'importance de ce qui les contredit. Par exemple, si quelqu'un croit qu'il y a une recrudescence d'accidents à la pleine lune, il remarquera les accidents qui se passent à la pleine lune, mais fera moins attention à ceux qui arrivent à d'autres périodes du mois. Une tendance à faire ceci sur une longue période de temps renforce de façon injustifiée la croyance en cette relation entre pleine lune et accidents.

Cette tendance à accorder plus d'attention et de poids aux données qui appuient nos idées préconçues et nos croyances qu'à celles qui les contredisent est particulièrement pernicieuse lorsque nos idées préconçues et nos croyances ne sont que des préjugés. Si nos croyances sont fermement établies sur des preuves solides et des expériences valides qui les confirment, cette tendance à donner plus d'attention et de poids aux données qui cadrent avec nos croyances ne devraient pas nous égarer; en règle générale. Bien sûr, si nous devenons aveugle aux preuves qui réfutent complètement une hypothèse préférée, nous franchissons alors la ligne entre être raisonnable et être borné.

De nombreuses études ont démontré que les gens accordent généralement une importance excessive aux données confirmantes, c'est-à-dire aux données qui sont positives ou qui appuyent une position (Gilovich, ch. 3). Thomas Gilovich émet l'hypothèse que la “raison la plus probable pour expliquer cette influence excessive de l'information confirmante est qu'elle est plus facile à traiter, cognitivement parlant.” Il est plus facile de voir comment une donnée appuie une position que de voir comment elle pourrait la contredire. Prenez comme exemple une expérience typique de perception extra-sensorielle (PES) ou d'un rêve apparemment prémonitoire : les réussites sont souvent sans ambigüité ou les données facilement triturées pour paraître positives, alors que les échecs demandent un effort intellectuel pour être même perçus en tant que tels ou pour les considérer comme significatifs. Il a été montré que la tendance à accorder plus d'attention et de poids au positif et à ce qui confirme influence la mémoire. Lorsqu'on se creuse la mémoire pour trouver des données en rapport à une hypothèse, il y a plus de chance que nous nous rappelions ce qui confirme cette hypothèse (Gilovich).

Les chercheurs sont parfois coupables de biais de confirmation en construisant leurs expériences ou groupant leurs données d'une façon qui tend à confirmer leurs hypothèses. Ils compliquent le problème en procédant de manière à éviter de traiter les données qui contredisent leurs hypothèses. Par exemple, les parapsychologues sont tristement célèbres dans leur utilisation du démarrage et fin à la demande dans leurs recherches sur la PES. Beaucoup de chercheurs en sociologie sont aussi coupables de biais de confirmation, particulièrement ceux qui cherchent à établir des corrélations entre des variables ambigües, comme l'ordre de naissance et les “idées extrémistes”, pendant des périodes historiques définies arbitrairement. Si vous définissez le début et la fin d'un ensemble de données concernant l'idée de l'évolution comme l'a fait Frank Sulloway dans Born to Rebel, vous arrivez à obtenir des corrélations significatives entre l'ordre de naissance fonctionnel et la tendance à accepter ou rejeter la théorie de l'évolution. Néanmoins, si vous commencez avec Anaximandre et terminez avec St. Augustin, vous obtiendrez des résultats très différents, puisque cette idée était totalement rejetée pendant cette période. Ou si vous considérez comme une “idée extrémiste” quelque chose comme Creation (Omphalos) : an attempt to untie the geological knot (1857) de Philip Henry Gosse, votre hypothèse ne sera pas confirmée. Gosse allait plus loin que Darwin dans sa tentative de réconcilier les données géologiques avec le créationisme, mais Gosse est pratiquement oublié, parce que l'idée extrémiste que Dieu aurait tout créé y compris les fossiles, au même moment, était universellement rejetée. Gosse a essayé de réconcilier les données scientifiques, qui indiquaient que la Terre était très vieille, avec ce qui était devenu le point de vue orthodoxe que Dieu avait tout créé en 4004 av. J.C., comme l'avait calculé l'archevêque Ussher. Ni les aînés, ni les autres ne semblent avoir été impressionnés par cette idée extrémiste.

Les expérimentateurs peuvent éviter ou réduire le risque de biais de confirmation en collaborant dans la construction de leurs expériences avec des collègues qui ont le point de vue opposé. Les personnes doivent se remémorer en permanence cette tendance et rechercher activement des données contredisant leurs croyances. Ce comportement n'étant pas naturel, il semble que le quidam est condamné à ce biais.
http://www.sceptiques.qc.ca/dictionnair ... mbias.html

Dissonance cognitive:
Dissonance cognitive



«Il n’y a pas de succès comme l’échec...»
Bob Dylan, Love Minus Zero



Théorie de la motivation humaine selon laquelle des cognitions contradictoires amènent un état de tension chez qui elles se présentent. Selon la théorie, cet état de tension est tel qu’il motive celui qui l’éprouve à changer sa cognition, son attitude ou son comportement. Elle a été étudiée en détail pour la première fois par le psychologue social Leon Festinger, qui la décrivait ainsi:

La dissonance et la consonance sont des relations entre des cognitions, c’est-à-dire, entre des opinions, des croyances, des connaissances de l’environnement et des connaissances de ses propres gestes et sentiments. Deux opinions, croyances ou concepts entrent en dissonance s’ils ne correspondent pas l’un à l’autre, si ils sont psychologiquement inconsistants, ou, si l’on ne considère que ces deux points, lorsque l’un ne suit pas nécessairement l’autre (Festinger 1956, p. 25).

Festinger affirmait qu’on pouvait réagir à une dissonance cognitive de trois façons différentes, qu’il ne considérait pas mutuellement exclusives.

1. On peut tenter de changer une ou davantage de ses croyances, opinions ou comportements dissonants.
2. On peut tenter d’acquérir de nouvelles informations ou croyances qui vont intensifier la consonance existante, et ainsi réduire la dissonance totale.
3. On peut tenter d’oublier ou de réduire l’importance des cognitions entrées en dissonance (Festinger 1956, p. 25-26).

Par exemple, la plupart des fumeurs savent que le tabac est mauvais pour la santé. Certains rationalisent leur comportement en choisissant de voir le bon côté des choses: fumer les aide à ne pas grossir, et justement, le surpoids constitue une plus grande menace pour la santé que le tabagisme. D’autres, en revanche, choisissent d’écraser. La majorité d’entre nous sommes assez futés pour inventer toutes sortes d’hypothèses ad hoc ou de rationalisations pour conserver des idées qui nous sont chères. Dire que nous rationalisons pour nous éviter des dissonances cognitives ne nous apprend pas du tout pourquoi nous ne pouvons employer notre créativité d’une façon plus adéquate. Chacun résout la tension psychologique d’une manière qui lui est propre, et certaines de ces manières sont clairement plus raisonnables que d’autres. Alors, pourquoi certaines personnes réagissent à la dissonance de façon adéquate, et d’autres non?

On a dit de la dissonance cognitive qu’elle était «le meilleur ami de ceux qui cherchent à contrôler l’esprit d’autrui» (Levine 2003, p. 202). Pourtant, un examen rapide du concept montre que ce n’est pas la dissonance, mais la façon dont on y réagit qui est susceptible d’intéresser davantage de telles personnes, surtout lorsqu’elles agissent en opposition aux faits.

Prenons l’exemple de Marian Keech, leader d’un culte soucoupiste des années 1950. Elle prétendait recevoir, grâce à l’écriture automatique, des messages d’un groupe d’extraterrestres connus sous le nom de Gardiens. Exactement comme les membres de la secte Heaven’s Gate quarante ans plus tard, Keech et ses disciples, qui s’appelaient les Chercheurs ou la Fraternité des Sept Rayons, attendaient que des soucoupes volantes viennent les chercher. Selon les prophéties de Keech, le petit groupe de onze personnes devait être sauvé juste avant que la terre ne soit détruite par un immense déluge, le 21 décembre 1954. Quand il devint évident qu’il n’y aurait pas de déluge, et que les Gardiens ne seraient pas au rendez-vous, Keech

se mit à exulter. Elle annonça avoir tout juste reçu un message télépathique des Gardiens disant que son groupe avait répandu tant de lumière autour de lui, par la foi indéfectible dont il avait fait preuve, que Dieu avait épargné notre monde du cataclysme (Levine 2003, p. 206).

Fait plus important encore, les Chercheurs n’abandonnèrent pas leur leader. (Seuls deux membres quittèrent le groupe après la fin du monde avortée.) «Non seulement la majeure partie des disciples restèrent, mais ils se montrèrent encore plus convaincus qu’auparavant que Keech avait eu raison sur toute la ligne... Leur erreur les transforma en vrais croyants (ibid).» Certaines personnes sont prêtes à bien des bizarreries pour éviter la moindre incohérence entre leurs précieuses croyances et les faits, mais pourquoi deux personnes différentes interprètent-elles les mêmes éléments de preuve de façons contraires?

Jamais les Chercheurs n’auraient attendu leur soucoupe volante s’ils n’avaient pas cru qu’elle viendrait. On penserait que toute personne capable de raisonner adéquatement se serait dit, en ne voyant pas la soucoupe promise descendre des cieux, que les affirmations de Keech se trouvaient réfutées. Malheureusement, les disciples de Keech se sont vus dans l’impossibilité de raisonner adéquatement à cause de leur dévotion envers leur gourou. Leur croyance que des extraterrestres viendraient les sauver se fondait sur la foi, pas sur des preuves. De même, le fait de penser que l’échec de leur prophète ne devait pas les empêcher de croire en elle constituait un acte de foi supplémentaire. Devant un tel exemple de pensée irrationnelle, il semble vain de produire des preuves afin de tenter de persuader ces gens de leur erreur. En effet, leur croyance reposait non pas sur des faits, mais sur leur dévotion pour une personnalité charismatique, et cette dévotion peut atteindre une telle ampleur qu’elle peut servir à rationaliser même les comportements les plus méprisables de la part du prophète. Les exemples abondent de sectes dont les disciples font preuve de tant de zèle envers leur maître qu’ils ferment les yeux sur les cruautés physiques ou mentales qu’il leur fait subir et rationalisent tout. La chose vaut également pour certains couples dont l’un des membres fait subir des sévices à l’autre. Si nos croyances sont fondées sur une foi irrationnelle, elle-même basée sur une dévotion absolue pour une personnalité charismatique, la seule option possible, lorsque les faits viennent contredire les croyances, sera la fuite dans l’irrationnel, à moins de ne présenter qu’une foi chancelante. La question intéressante, dès lors, ne doit pas porter sur la dissonance cognitive, mais sur la foi même. Quelles caractéristiques présentait Keech pour inciter autrui à croire en elle, et quelles étaient celles de ses disciples pour qu’ils deviennent aussi vulnérables? Et surtout, en quoi différaient les deux disciples qui ont abandonné la secte?

«La recherche montre qu’on peut associer trois caractéristiques à la force de persuasion: l’autorité apparente, l’honnêteté et la sympathie» (ibid, p. 31). En outre, la personne physiquement attrayante sera davantage appréciée, et apprécier quelqu’un, c’est avoir tendance à lui faire davantage confiance (ibid, p. 57). La recherche montre aussi que «l’on considère plus crédibles les gens qui établissent un contact par le regard et qui parlent avec confiance, peu importe ce qu’ils ont à dire» (ibid, p. 33).

Selon Robert Levine, «les études n’ont révélé qu’un nombre étonnamment peu élevé de points communs chez les types de personnalités qui succombent aux sectes» ibid, p. 81. Il avoue avoir été surpris par ce constat. Quand il a commencé à étudier le phénomène des sectes, il «partageait la croyance répandue que la plupart des membres étaient soit des inadaptés psychologiques, soit des fanatiques religieux» (ibid, p. 81). Levine a plutôt découvert que beaucoup de membres de sectes sont attirés par ce qui semble à leurs yeux des communautés unies et heureuses. «L’un des aspects ironiques des sectes, c’est que les groupes les plus bizarres sont souvent composés des personnes les plus aimantes» (ibid, p. 83). D’après lui, Jim Jones, qui a liquidé sa secte par un grand suicide collectif, était «un maître dans l’art de la vente, qui mettait en pratique presque toutes les règles de la persuasion» (ibid, p. 213). Il possédait de l’autorité, dégageait une impression d’honnêteté et savait se faire aimer. On pouvait sans doute dire la même chose de Marian Keech. Il semble également probable que beaucoup de disciples trouvent dans leur secte un substitut paternel ou maternel, sinon les deux, en la personne de leur leader.

On doit se rappeler que dans la plupart des cas, les victimes de sectes n’en arrivent pas à leurs croyances irrationnelles en un jour. Elles les acquièrent avec le temps et par des gestes d’engagement de plus en plus grands (ibid, chapitre 7). Personne ne suivrait le chef d’une secte qui annoncerait: «Venez à moi. Tous ensemble nous avalerons du poison à la succulente saveur de fruits et nous passerons de vie à trépas». Dans le cas de la secte de Jim Jones, ce n’est pas tout le monde qui est mort volontairement, et deux des disciples de Keech l’ont quittée quand ils ont constaté que ses prophéties étaient fausses. En quoi différaient-ils des autres? L’explication paraît simple: leur foi envers leur leader était faible. D’après Festinger, l’engagement des deux disciples de Keech – Kurt Freund et Arthur Bergen – n’était pas total au départ (Festinger 1956, p. 208).[...]
http://www.sceptiques.qc.ca/dictionnair ... nance.html
Image
Répondre

Retourner vers « PSYCHOLOGIE & PHILOSOPHIE »