Pour en finir ave la Theorie du Genre

Rêves, philosophie de la vie, sciences de l'âme, ésotérisme, ...
Répondre
le parisien
Posteur DIVIN
Posteur DIVIN
Messages : 12668
Enregistré le : 29 avril 2011 20:19
Genre :

Pour en finir ave la Theorie du Genre

Message par le parisien » 01 septembre 2013 15:44

Plus que jamais, on parle de « théorie du genre » en France pour dire tout et n’importe quoi. Obsession d’une partie de la droite, cette chose indéterminée permet de mélanger le sexe, la sexualité, l’orientation sexuelle et la fin du monde.

Elle est devenu hautement politique et suspecte, au point que la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, par ailleurs ministre des Droits des femmes, a été obligée de nier l’existence d’une telle théorie. A juste titre, même si les explications sont un peu courtes :
La "théorie du genre", ça n’existe pas, je ne l’ai jamais rencontrée. Ce qui existe en revanche ce sont les études du genre dans plein de champs disciplinaires. Vous avez des chercheurs qui s’intéressent à la façon dont la société organisent les inégalités entre hommes et femmes.

Mais une bonne fois pour toutes, c’est quoi ce fameux « genre » qui suscite tant de passions ?



1: Pas une théorie mais un concept

Loin d’être une théorie, le genre est un concept. Il s’agit d’un outil d’analyse, qui permet aux chercheurs d’étudier divers phénomènes sociaux, et à tout le monde de mieux comprendre comment s’articulent notamment les identités d’homme et de femme.

On pourrait argumenter qu’une théorie spécifique est fausse, en avançant des preuves à son encontre, on ne peut pas dire de même d’un outil analytique.

Parler de « théorie du genre » permet de supposer que le genre n’est pas vrai. Or en tant que concept, le genre peut être plus ou moins pertinent ou utile, mais pas vrai ou faux.


2: Une explication complémentaire à la biologie

Le concept de genre permet par exemple d’étudier les comportements individuels ou collectifs et des expressions culturelles qui ne sont pas imputables au sexe biologique.

Dans ce sens les adversaires de la « théorie du genre » ne se trompent pas ; au lieu d’accepter que tout ordre social qui traite les hommes et les femmes différemment soit immédiatement explicable par la biologie, les études du genre cherchent des explications sociales. Or, ce serait une erreur de maintenir, comme le font certains médias, que les études du genre nient « toute distinction » entre les sexes biologiques.

Au contraire, la majorité des chercheurs du genre acceptent ce fait. Or, ils l’interrogent pour porter un regard critique sur la manière routinière de vouloir tout expliquer, et justifier, par la biologie.

La biologie des êtres humains n’a pas changé depuis des milliers d’années, et pourtant on a pu assister à une évolution dans les comportements des femmes et des hommes comme groupe.

La biologie n’est donc pas en mesure d’expliquer ces changements, ni toutes les irrégularités, toute la diversité que l’on peut observer dans les comportements de personnes aux organes génitaux, hormones et chromosomes semblables. C’est ici que le genre peut jouer un rôle.


3: Le genre et l’orientation sexuelle : pas pareil

Dans une série d’articles qui visent la « théorie du genre » parus dernièrement dans le Figaro, les auteurs s’attardent surtout sur les questions d’homosexualité, d’homoparentalité et la sensibilisation à ces questions au sein de l’Education nationale.

Si la compréhension des questions touchant à la diversité des orientations sexuelles est facilitée par la pensée à travers le genre, c’est pourtant une erreur d’assimiler le genre à l’orientation sexuelle. Ces deux catégories n’ont pas nécessairement de lien l’une avec l’autre.

Afin de faciliter la compréhension de l’égalité des chances entre femmes et hommes, ou la discrimination fondée sur le sexe ou l’orientation sexuelle, on fait une distinction analytique entre : orientation sexuelle, sexe biologique, catégorie sexuelle et genre.

L’orientation sexuelle touche à nos désirs sexuels. Sommes-nous excités par les femmes ou les hommes ? Ou parfois par les femmes et souvent par les hommes ? L’orientation sexuelle d’une personne peut parfaitement être indépendante du sexe biologique, de la catégorie sexuelle et du genre.


4: Le genre et le sexe biologique : pas pareil non plus

Le sexe biologique des êtres humains est déterminé par une multitude de facteurs anatomiques, physiologiques et génétiques. Il faudrait rappeler que cette détermination n’est pas toujours évidente et qu’il y a une certaine variation dans l’expression de ces divers facteurs biologiques.

La catégorie sexuelle correspond aux critères d’apparence associés à un sexe biologique donné. Lorsque nous regardons une personne dans la rue et que nous nous disons : « C’est un homme », nous lui attribuons une catégorie sexuelle, sans connaître sa composition chromosomique.

De même, (à de rares exceptions près) nous ne pouvons pas voir le sexe d’une personne habillée. Or, cette attribution n’est pas évidente et parfois, nous nous trompons sur le sexe biologique d’une personne. Cela peut être le cas pour les personnes transgenre et les travestis par exemple.


5: Le genre « féminin » et le genre « masculin »

Le genre est l’ensemble des pratiques, comportements et attitudes que la société considère comme étant approprié à une certaine catégorie sexuelle. En d’autres termes, c’est la classification des comportements comme étant « masculins » ou « féminins ».

Le genre représente les critères de cette catégorisation binaire qui constituent des normes dans nos sociétés. Les filles sont sensibles et les garçons sont durs, dit-on. Mais un garçon qui exprime sa sensibilité en se mettant à pleurer risque de se faire réprimander avec un « Ne pleure pas comme une fille ! »

Le genre n’est donc pas seulement une réflexion de l’ordre majoritaire ; les normes de genre ont un pouvoir prescriptif : « Tu ne dois pas pleurer, puisque tu es un garçon. »

Les sociologues, historiens et anthropologues ont montré que les définitions du masculin et du féminin ont évolué au fil du temps, et qu’elles ne sont pas les mêmes d’une culture à l’autre. La mutabilité des genres à travers le temps et l’espace a fait l’objet d’innombrables ouvrages. Le concept de genre permet ainsi de remettre en question l’idée même qu’une catégorisation binaire (féminin/masculin) va de soi.


6: Un outil pour lutter contre les inégalités

Dès lors que l’on constate que le genre est changeant, il peut aussi être remis en cause comme ordre immuable. C’est là que se trouve le potentiel égalitaire de l’analyse du genre.

Le genre ne sert pas uniquement à identifier une catégorisation du féminin et du masculin, mais aussi à rendre compte des relations de pouvoir liées à ce type de distinction. Des comportements différents produisent des positions différentes dans la société, et celles-ci sont souvent hiérarchisées.

Longtemps, la place de la femme a été cantonnée à la sphère domestique, son rôle étant principalement d’élever des enfants. Mais cette position attribuée aux femmes n’était pas neutre, elle les a longtemps privées du pouvoir en les écartant de la sphère publique et de la politique.

L’analyse du genre est donc une analyse critique, susceptible de remettre en cause des relations de pouvoir entre les sexes. C’est pourquoi il n’est en rien antinomique à « l’égalité filles-garçons » réclamé par Vincent Peillon. Bien au contraire, les études du genre, qui doivent en partie leur existence aux mouvements féministes, sont susceptibles de proposer des moyens d’atteindre l’égalité entre les sexes.


7: Pas une « théorie du genre », des « théories du genre »

Si les chercheurs sont d’accord pour utiliser le concept de genre pour étudier les définitions sociales du féminin et du masculin, la nature et l’origine de ces normes ne font pas l’unanimité. C’est la raison pour laquelle il existe non pas une mais des « théories du genre ».

Longtemps, une des théories dominantes a été celle de la socialisation du genre. L’idée était que l’on « apprend » son genre, donc le comportement approprié à son sexe biologique, jusqu’à l’âge d’environ cinq ans, à travers l’éducation de ses parents et par mimétisme de son entourage. On devient ainsi socialement fille ou garçon, et le genre ne change plus après cela.

A la fin des années 80, les sociologues américains Candace West et Don H. Zimmerman, ont avancé une théorie différente.

Selon eux, nous ne sommes pas notre genre, nous le « faisons » en permanence. Un système de sanctions et de récompenses sociales nous incite à agir en conformité avec les normes de genre, et en le faisant nous reproduisons ces mêmes normes. A son tour, cette théorie a été critiquée, et depuis, la discussion continue.

Avatar du membre
Sov Strochnis
Fan d'Inter
Fan d'Inter
Messages : 5963
Enregistré le : 27 décembre 2008 21:19
Localisation : Hyperborée

Re: Pour en finir ave la Theorie du Genre

Message par Sov Strochnis » 01 septembre 2013 17:00

Ce qui est tout de même marrant en un sens, c'est que de nombreux existentialistes, ceux qui ont suivis Sartre qui disait "l'existence précède l'essence" (grosso modo rien n'est déterminé avant votre naissance, du moins du point de vue sociologique, ni votre religion, ni vos croyances, ni vos choix politiques, etc), ceux-là donc, n'ont pas souvent fait l'effort de l'appliquer pour ce sujet des genres.

Les dernières phrases résument tout:
"Nous ne sommes pas notre genre, nous le « faisons » en permanence. Un système de sanctions et de récompenses sociales nous incite à agir en conformité avec les normes de genre, et en le faisant nous reproduisons ces mêmes normes."
Explosons ces normes, faisons voler en éclat les normes.
Image

Avatar du membre
Jimmy
Posteur de Passage
Posteur de Passage
Messages : 71
Enregistré le : 04 janvier 2014 23:52

Re: Pour en finir ave la Theorie du Genre

Message par Jimmy » 05 janvier 2014 01:15

Sov Strochnis a écrit : Ce qui est tout de même marrant en un sens, c'est que de nombreux existentialistes, ceux qui ont suivis Sartre qui disait "l'existence précède l'essence" (grosso modo rien n'est déterminé avant votre naissance, du moins du point de vue sociologique, ni votre religion, ni vos croyances, ni vos choix politiques, etc), ceux-là donc, n'ont pas souvent fait l'effort de l'appliquer pour ce sujet des genres.

Les dernières phrases résument tout: Explosons ces normes, faisons voler en éclat les normes.
Il pourrait être intéressant de se dire que ces normes qui ont consacré deux principaux genres humains que sont le genre masculin et le genre féminin se sont imposées de façon parfaitement naturelle. J'entends par-là qu'il s'agit d'un processus au long terme qui s'est imposé dans l'ordre humain sans être biaisé par quoi que ce soit "d'irrationnel". Ainsi ces normes sont issues de la nature et c 'est donc naturellement que deux genres se sont différenciés sur divers points.
Jimmy Bakel City Gangsters

Répondre

Retourner vers « PSYCHOLOGIE & PHILOSOPHIE »