Le déficit budgétaire de l'Etat a plus que doublé pour atteindre 109,0 milliards d'euros, un record, à la fin juillet contre 51,4 milliards un an plus tôt, selon des chiffres publiés vendredi par le ministère du Budget.
Alors que les dépenses de l'Etat, alourdies par les mesures de soutien d'une économie en crise, ont augmenté de 5,3% sur un an, les recettes affichent une baisse de 23,5% due aux moindres rentrées de TVA et de l'impôt sur les sociétés.
Le déficit sur les sept premiers mois de l'année dépasse ainsi l'objectif initial de la loi de finances rectificative, adoptée au printemps, qui était 104 milliards.
Fin juin, le ministre du Budget, Eric Woerth, avait annoncé une nouvelle prévision comprise entre 125 et 130 milliards, qui s'annonce elle aussi difficile à tenir.
Le déficit budgétaire décroît traditionnellement en fin d'année parce que les recettes sont plus importantes sur les derniers mois, mais cela risque de ne pas être le cas cette année, prévient Dominique Barbet, économiste chez BNP Paribas.
"D'habitude, le déficit de l'exercice est inférieur au déficit des huit premiers mois mais cette année on a un rythme de recettes qui est plus faible, et donc même si on aura une part plus importante encaissée sur la fin de l'année, il est probable qu'il soit inférieur au rythme des dépenses", dit-il en jugeant désormais hors de portée l'objectif de 125 milliards - qui était aussi la prévision de BNP Paribas.
En 2008, le déficit budgétaire avait culminé à 67,6 milliards à la fin août, selon les chiffres publiés à l'époque, avant de s'établir à 56,3 milliards à la fin de l'année.
Ce chiffre a été dépassé dès avril cette année en raison de la crise économique et des mesures de relance qui plombent les recettes de l'Etat et augmentent ses dépenses.
En juillet, selon le communiqué du ministère du Budget, "l'écart de 57,6 milliards d'une année sur l'autre s'explique principalement par le poids de la conjoncture économique sur l'évolution des recettes et, à hauteur de 25,8 milliards, par l'effet des différentes mesures de soutien de l'économie".
RENTRÉES FISCALES EN BAISSE DE 23%
A fin juillet, les dépenses totales (budget général et prélèvements sur recettes) atteignaient 215,2 milliards d'euros contre 204,4 milliards un an plus tôt, dont 8,5 milliards au titre de la relance.
"Hors plan de relance, l'évolution est en ligne avec les prévisions de la loi de finances", souligne le ministère.
Les recettes du budget général (nettes des remboursements et dégrèvements et hors prélèvements sur recettes) s'établissaient quant à elles à 133,8 milliards contre 175,0,1 milliards à la même date en 2008, soit une baisse de 23,5%.
Le produit des recettes fiscales nettes s'élève à 123,0 milliards, en baisse de 37,5 milliards (-23%) par rapport à fin juillet 2008. "Cette baisse marquée s'explique par l'évolution défavorable de la conjoncture et, à hauteur de 11 milliards, par l'effet des mesures de soutien à la trésorerie des entreprises dans le cadre du plan de relance", dit le ministère.
Hors plan de relance, le produit des recettes fiscales est en baisse de 26,5 milliards d'euros par rapport à 2008 (-25,8 milliards à périmètre constant), du fait d'une diminution des recettes de TVA (-7,7 milliards contre -7,3 milliards le mois précédent) et d'un recul plus accentué des recettes de l'impôt sur les sociétés (-24,3 milliards contre -17,3 milliards au mois de juin).
Le ministère précise que, sur la base de l'estimation des acomptes restant à verser, "le produit attendu de l'IS devrait néanmoins s'inscrire dans la fourchette indiquée au moment du débat d'orientation des finances publiques", soit entre 20 et 25 milliards d'euros en 2009.
La prévision des recettes fiscales sera plus précisément réactualisée à l'occasion de la présentation du projet de loi de finances pour 2010, ajoute-t-il.
Le déficit public, qui comprend les comptes de l'Etat mais aussi ceux de la sécurité sociale et des collectivités locales, devrait dépasser les 7% du produit intérieur brut cette année après 3,4% en 2008.
La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, dans une interview accordée à Reuters mardi, a indiqué que la prévision de 7,0-7,5% ne serait pas tenue (pour plus de détails ) mais Eric Woerth a estimé le lendemain que le pronostic était encore incertain.
Le gouvernement a en tout cas pour objectif de le ramener d'ici 2013 à 3% du PIB, limite imposée par le traité de Maastricht.
On payera,de toute manière on payera.
