La diplomatie américaine change de méthode au Proche-Orient
ETATS-UNIS - Hillary Clinton a estimé mercredi que «le monde pousse un grand soupir de soulagement» depuis l'arrivée au pouvoir de Barack Obama, après les « dégâts » provoqués par George W. Bush...
Avec cette déclaration, la nouvelle secrétaire d'Etat américaine a voulu marquer le tournant pris par la politique étrangère de son pays, notamment au Proche-Orient. Le plus ancien conflit dans cette zone, l'affrontement israélo-palestinien, semble compter parmi les priorités de la nouvelle administration.
Un processus de paix entaché par la guerre à Gaza
L'opération israélienne sur Gaza, qui a duré vingt-deux jours, a montré les limites du processus d'Annapolis, entamé à l'automne 2007 sous l'égide des Etats-Unis. Depuis, en effet, les négociations entre Ehoud Olmert, le Premier ministre israélien sur le départ pour des affaires de corruption, et Mahmoud Abbas, le chef de l'Autorité palestinienne, ont très peu avancé. Pire, elles n'ont pas permis d'assurer le renouvellement de la trêve entre Israël et le parti islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza depuis juin 2007. Résultat, le 27 décembre, Israël a lancé une offensive d'ampleur jamais égalée dans les Territoires palestiniens depuis 1967. Plus de 1 300 civils ont été tués et 5 450 blessés, selon les services médicaux palestiniens.
Une volonté de participer aux négociations
Contrairement à l'ex-chef de la diplomatie, Condoleezza Rice, qui insistait sur l'aspect « bilatéral » des négociations de paix entre Israël et les Palestiniens, et refusait donc de participer aux discussions, la nouvelle administration est apparue résolue à s'impliquer directement dans les pourparlers. « L'histoire montre qu'un engagement robuste et continu des Etats-Unis peut réduire les clivages et créer les capacités qui permettent des progrès », a noté Barack Obama. Même si le fond de la politique pourrait ne pas changer radicalement, ce virage est important. L'investissement des Américains sur le terrain pourrait, sur certains dossiers, faire la différence.
Soutenir Israël tout en dialoguant avec l'Iran
Sur le fond, Obama n'a cependant pas rompu avec la politique de son prédécesseur, justifiant notamment l'offensive meurtrière qu'Israël vient de mener dans la bande de Gaza. « Soyons clairs : l'Amérique est résolue à défendre la sécurité d'Israël et nous soutiendrons toujours son droit à se défendre contre des menaces légitimes », a-t-il récemment affirmé. Mais sa volonté de réengager le dialogue, notamment avec l'Iran, soutien actif du Hamas palestinien et du Hezbollah libanais, contre lequel Israël a ferraillé durant trente-trois jours à l'été 2006, pourrait permettre de dénouer certains noeuds du conflit, si Téhéran, évidemment, accepte de jouer le jeu.
Une main tendue au monde musulman
Dans une interview donnée en début de semaine à la chaîne Al Arabiya, Obama a affirmé aux musulmans « que les Etats-Unis n'étaient pas leur ennemi » et appelé « à retrouver le respect et les relations que les Etats-Unis avaient avec le monde arabe il y a vingt ou trente ans ». Même si le Proche-Orient n'est pas uniquement musulman, le poids de la religion y est de plus en plus prégnant, et, au sein de la population musulmane, le sentiment de disqualification est très fort. Cette déclaration, de même que la volonté du Président de prononcer un futur discours depuis une capitale musulmane, pourraient être une première étape vers des relations plus apaisées avec cette partie du monde, crispée par ce qui a été vécu, aux lendemains du 11 septembre 2001, comme plusieurs années d'attaques.