"Pour la croissance et pour l'emploi, (...) il est nécessaire de tendre vers la stabilisation des prélèvements obligatoires, qui est un signal essentiel pour les acteurs économiques", a souligné le ministre de l'Economie Pierre Moscovici devant la presse. Le gouvernement fait ainsi valoir que sur les 18 milliards d'euros d'"efforts" pour réduire le déficit public en 2014, seulement 3 milliards correspondront à une hausse de la "pression fiscale", contre 6 milliards initialement envisagés. Mais à y regarder de plus près, les entreprises sont plus épargnées que les ménages.
Du côté des entreprises, la pause fiscale est nette, avec une "stabilité des prélèvements" et la montée en puissance du crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE), avec un allègement de 4% du coût du travail. Soucieux de ménager l'opinion, Pierre Moscovici affirme que le gouvernement veut aussi épargner les ménages afin de "soutenir le pouvoir d'achat". Le ministre met en avant des mesures telles que la réindexation du barème de l'impôt sur le revenu, après deux années de gel, "une décision juste, qui était attendue par les Français" et qui correspond à environ un milliard d'euros redistribués.
Un "tournant du gouvernement"
Sur fond de justice sociale, Pierre Moscovici insiste aussi sur la réduction des niches fiscales, présentée comme une mesure "qui aura pour effet de renforcer la progressivité de l'impôt". Parmi celles qui passeront à la trappe, la suppression des réductions d'impôts pour les parents d'enfants scolarisés dans le secondaire et le supérieur, et la fin de la déductibilité des cotisations aux mutuelles de certains salariés toucheront toutefois un grand nombre de contribuables. La première mesure devrait permettre de récupérer 500 millions d'euros et la deuxième, 1 milliard, estime Henri Sterdyniak, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Dans le même temps, la montée en puissance du CICE se traduira par un allègement de 9 milliards d'euros pour les entreprises, constate Henri Sterdyniak. "Il y a un transfert fiscal important des entreprises vers les ménages", observe l'économiste qui voit là un "tournant du gouvernement", soucieux de préserver les entreprises "en espérant qu'elles voudront bien embaucher et investir".
"Ce n'est pas une pause fiscale", commente l'économiste, qui chiffre l'effort supplémentaire total pour les ménages à 12 milliards d'euros, dont 6,5 milliards pour la seule hausse de la TVA, 1 milliard pour l'abaissement du plafond du quotient familial ou encore 1 milliard pour l'augmentation des cotisations retraite. "Il n'y a pas de pause, tout juste un ralentissement après trois ans de forte hausse", souligne également Vincent Drezet, secrétaire général du syndicat Solidaires Finances publiques.
Et allez comment détrousser le petit peuple qui ne peut pas s'evader





