Est-ce que des panneaux réfléchissants vont empêcher les rodéos urbains ?La majorité écologiste lyonnaise a décidé de mettre fin à la présence d'agents de sécurité la nuit dans la Presqu'île.
La presqu'île de Lyon va-t-elle redevenir en colère ? Lancé en 2019 pour dénoncer les rodéos et tapages nocturnes dans le centre de Lyon, le mouvement «Presqu'île en colère» s'était peu à peu calmé à la faveur de la mise en place d'agents de sécurité, rue Édouard-Herriot. Un dispositif que la majorité écologiste à la mairie de Lyon souhaite lever prochainement et qui fait craindre aux habitants un retour des nuisances.
«C'est la seule solution qui a fonctionné jusqu'ici... Une fois enlevé (le dispositif, NDLR), notre calme sera suspendu au bon vouloir des personnes qui font ces rodéos», regrette Pauline Grosjean, cofondatrice du mouvement «Presqu'île en colère» qui a rejoint les rangs des Républicains lors des élections municipales de 2020. Toujours habitante du quartier, même si elle a quitté son appartement qui donnait sur la rue Édouard-Herriot, elle assure que cette annonce «est une source de grande inquiétude pour les riverains.» «J'ai été amenée à revoir des vidéos prises depuis mon balcon à l'époque et c'était insupportable de réentendre ces sons. Les gens ne veulent plus revivre ça».
Pierre Oliver, maire du 2e arrondissement, a même demandé publiquement à Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, d'intervenir pour que la rue demeure fermée. «À l'époque, les problèmes se sont arrêtés grâce à la présence humaine de ces agents. Je suis inquiet à l'approche des beaux jours qui favorisent ces rodéos. Pour moi, c'est un mauvais message envoyé aux habitants et aux délinquants», indique-t-il au Figaro.
De son côté, la mairie de Lyon se veut rassurante. «Nous avons besoin de vérifier si la zone peut vivre d'elle-même sans ces agents de sécurité», explique Mohamed Chihi, l'adjoint chargé de la sécurité. Selon ce dernier, la mise en place de ces agents coûte chaque année entre 230.000 et 250.000 euros à la ville de Lyon. «Demain, nous nous appuierons sur la vidéoverbalisation, les patrouilles de la police nationale et municipale et une vigilance très grande de la vidéosurveillance. Et, bien entendu, si un retour des agents est nécessaire alors nous ferons de nouveau appel à eux», précise-t-il.
Un contexte différent ?
Insuffisant pour le maire du 2e arrondissement. «On revient à ce qui existait en 2019 sous Collomb et je ne vois pas pourquoi ce qui n'a pas marché avant marcherait aujourd'hui», déplore-t-il. Pauline Grosjean ne semble pas plus convaincue : «En 2019 il y avait de gros panneaux «sens interdit» jaunes. Mais les gens passaient quand même. La majorité avait des véhicules immatriculés en Allemagne et en Pologne et ne risquait rien».
Du côté de l'exécutif municipal, on assure que la donne a changé depuis 2019. «Ces véhicules qui venaient de Pologne et d'Allemagne sont beaucoup moins visibles aujourd'hui. Il faut aussi dire qu'à l'époque beaucoup de voitures étaient originaires de la région lyonnaise. Parmi ces gens, beaucoup ont reçu des amendes de vidéoverbalisation, dont l'usage est désormais connu», conclut Mohamed Chihi.
Selon la mairie de Lyon, les agents de sécurité resteront encore le temps de recevoir les panneaux réfléchissants interdisant de rouler rue Édouard-Herriot. À terme, le projet de piétonnisation de la Presqu'île, prévue pour 2025, et la création d'une zone à trafic limité devrait définitivement enrayer le phénomène des rodéos et des tapages dans cette partie de Lyon.
https://www.lefigaro.fr/lyon/lyon-river ... e-20230320
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