Ca parait quand même très cher payé, que ce soit en nombre de morts, en fric dépensé ou en image internationale, pour finalement obtenir des territoires que les pro-russes contrôlaient déjà, avec certes quelques gains marginaux et une position renforcée dans ces secteurs, que l'Ukraine ne semble plus en mesure de contester.Yaroslav a écrit : ↑29 avril 2024 14:10Je ne partage pas cet avis.Once a écrit : ↑29 avril 2024 09:59Le problème étant quand même de définir ce que pourrait être une "victoire" de la Russie en l'état.
Et pour cela bien mettre en perspective ce qu'étaient ses ambitions à partir du 24/2/2022 et tous les efforts qu'elle avait engagés pour cela. La réponse est très simple et ne doit jamais être oubliée quand on parle de "victoire" de la Russie dans ce conflit : Poutine pensait mettre à genoux TOUTE l'Ukraine en moins d' un mois.
Il n'a pas réussi ce projet initial en affrontant une résistance ukrainienne complètement inattendue et a dû se rabattre sur 20 % du territoire à l'est qu était déjà une zone disputée depuis 2014 : le Donbass (la Crimée, il l'avait déjà annexée sans résistance)
Quand on voit les efforts, le matériel et les pertes en hommes qu'il a dû mettre en oeuvre pour assurer ces 20 %, on peut se demander s'il s'agit d'une "victoire" pour Poutine.
Bien entendu, si les combats devaient cesser dans les temps prochains sur ces maigres acquis, Poutine transformerait cela en "victoire" aux yeux de son peuple en forçant sur la propagande, on peut lui faire confiance pour cela.
Mais, dans son for intérieur, on peut aisément concevoir que pour Poutine, l'annexion du Donbass ne suffira pas à elle seule à équivaloir à une "victoire" : il lui faudra bien plus.
Et c'est là que les choses se compliquent pour lui : sachant que le camp d'en face n'acceptera pas facilement la prise d'Odessa et de Kiev, sachant qu'on peut douter qu'il dispose du potentiel nécessaire pour réaliser son ambition suprême, il devrait hésiter à pousser le bouchon un peu trop loin en se contentant de proclamer une "victoire" avec ses maigres acquis.
Où il peut y avoir une "défaite" de l'UKraine par contre, c'est d'avoir échoué dans sa contre-offensive du printemps et de l'été dernier après avoir prétendu durant plusieurs mois qu'elle ambitionnait de reconquérir les territoires annexés.
Mais, en tenant compte des rapports de forces en faveur de la Russie et de manière disproportionnée, on peut considérer que le fait d'avoir gardé 80 % de son territoire après plus de deux ans de guerre à forte intensité, c'est déjà un exploit voire même : une victoire pour l'Ukraine.
Comparaison n'est pas raison mais quand même : en 40, la France avait tenu combien de temps sous l'offensive allemande ?
Et l'évocation des dernières guerres européennes est intéressante à ce titre. À la fin de la guerre de 1870, la France a perdu parce qu'elle a perdu l'Alsace-Moselle et l'Allemagne a gagné parce qu'elle a gagné l'Alsace-Moselle. À la fin de la première guerre mondiale, la France n'aurait pas gagné sans récupérer l'Alsace-Moselle.
Il n'est donc pas évident d'évoquer une "victoire" ukrainienne sans récupérer les territoires ukrainiens issus des frontières de 1991.
Maintenant, je pense que si on devait arrêter les frontières à la ligne de front actuel, ce serait une véritable victoire pour la Russie. Tout simplement parce qu'elle a réussi à concrétiser en grande partie son projet "Novorossia" de 2014. Alors certes, il y manque les 3 grandes villes d'Odessa, Mykolaïv (Nikolaïev disent les Russes) et Kherson, mais les principaux objectifs russes sont quand même atteints :
1- Relier la Crimée à la Russie par les nouveaux territoires conquis (via Marioupol - Melitopol)
2- Verrouiller l'accès ukrainien à la mer d'Azov.
Donc un accord de paix sur la base du front militaire actuel, je pense que ce serait bien une victoire russe.
Militairement, ce serait une semi-victoire pour la Russie et une semi-défaite pour l'Ukraine, qui n'aurait aps réussi à chasser entièrement l'envahisseur mais aurait évité l'effondrement complet. Sur le plan géopolitique, et à plus long terme, pas sûr que la Russie en sorte véritablement renforcée. Ils ont étalé au grand jour d'immenses faiblesses, face à un adversaire de troisième ordre, qui rendent leurs "menaces" à l'Occident assez peu crédibles.