Très chers confettis d’empire
Le 10 janvier, Martiniquais et Guyanais se prononceront par référendum sur le statut de leur territoire. Mais il ne saurait être question d’indépendance, compte tenu des liens avec la métropole.
© AFP
Le président français Nicolas Sarkozy lors des états généraux des départements et territoires d'outre-mer, 26 juin 2009.
Les apparences comptent pour beaucoup en France, surtout lorsqu’il y va du prestige national. Les Français ont beau être partie prenante de la communauté économique européenne, ils n’en restent pas moins convaincus de leur importance planétaire. Et ils sont prêts à dépenser des millions d’euros pour la consolider. C’est particulièrement frappant dans le cas des possessions d’outre-mer*, que Napoléon qualifiait avec mépris de “confettis d’empire”. La France reste déterminée à conserver ces vestiges impériaux de façon quasi napoléonienne, se démarquant de la politique postcoloniale des autres pays occidentaux. Si vous vivez outre-mer*, vous êtes français jusqu’à la moelle, quelle que soit votre couleur de peau, votre langue maternelle, votre religion ou votre passé. Vous détenez un passeport français et, théoriquement, l’Etat français vous protège.
…/…
Combien coûte cette fantaisie ? Pour vous donner une idée, l’île antillaise de la Martinique coûte à l’Elysée quelque 2 milliards d’euros par an et la Nouvelle-Calédonie, dans le Pacifique Sud, 1 milliard d’euros. Et il ne s’agit là que du déficit commercial. La France paie également la note pour tous les emplois du secteur public, pour les “grands projets”* et pour les allocations-chômage. Le chômage dans les DOM-TOM atteint environ 30 %. Il n’y a tout simplement pas de travail. Mais pourquoi travailler quand on est entièrement assisté ? Les DOM-TOM sont très différents du Commonwealth postimpérial, composé de 54 Etats souverains. A l’inverse de la reine, au rôle purement protocolaire, Sarkozy est bel et bien le patron des DOM-TOM, qu’il finance et contrôle. Quand le Commonwealth se rebiffe, on organise une conférence ; quand les DOM-TOM se rebiffent, l’Elysée envoie les gendarmes.
“L’idée de départ était de transformer des non-Européens en Français et de faire en sorte que les colonies ressemblent le plus possible à la France”, explique le Pr Robert Aldrich, de l’université de Sydney, coauteur de France’s Overseas Frontier [Les avant-postes français d’outre-mer, Cambridge University Press, inédit en français]. “Une politique manifestement impraticable, naïvement utopique, sexiste et raciste.” Mais le spectre de l’assimilation ne s’est toujours pas dissipé et Paris persiste à affirmer que l’outre-mer fait partie de la France.
Suite de l’article
http://www.courrierinternational.com/ar ... s-d-empire
Bon, l'article n'est pas très gentil mais il est écrit par un anglo-saxon.
