Le chef du gang semble avoir été arrêté au Maroc, un franco-marocain. Un homme redoutable semble t'il, aucun des lascars arrêtés n'a voulu parler de lui ou citer son nom tellement il inspire de la terreur. La diplomatie négocie son expulsion vers la France, car normalement le Maroc ne fait pas d'extradition de ses citoyens.
Enlèvements dans le milieu des cryptomonnaies : un commanditaire présumé interpellé au Maroc
Badiss Mohammed Bajjou, 24 ans, a été arrêté à Tanger mardi 3 juin. Il est suspecté d’avoir orchestré des séries de rapts dans la cryptomonnaie, notamment celle de David Balland.
Il était visé par une fiche rouge Interpol et par plusieurs mandats d’arrêts internationaux. La traque de Badiss Mohammed Bajjou s’est achevée mardi 3 juin 2025 au Maroc. Le Franco-marocain de 24 ans a été interpellé à Tanger par la police locale, a appris Le Figaro de sources proches du dossier confirmant les révélations du Parisien . «Les ministres de l’Intérieur (français et marocain, NDLR) étaient en contact très serrés sur le sujet», souligne l’une de nos sources. Et pour cause, le natif du Chesnay, dans les Yvelines, est soupçonné d’avoir commandité une série de rapts violents dans le milieu de la cryptomonnaie.
Selon la fiche rouge d’Interpol, il était recherché pour «extorsion en bande organisée», «arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire d’otage pour obtenir l’exécution d’un ordre ou d’une condition, commis en bande organisée», «violences aggravées» et, entre autres, «blanchiment de biens en bande organisée». Il aurait notamment orchestré, depuis le Maroc, l’enlèvement fin janvier du cofondateur de Ledger, David Balland. Ce dernier avait été séquestré pendant 48 heures avec sa compagne. Il avait eu un doigt sectionné par ses ravisseurs avant d’être libéré en échange du transfert de près de 3 millions d’euros en cryptomonnaies. La majorité des fonds avait ensuite pu être bloquée par les autorités.
Pour ce rapt brutal, au moins neuf suspects ont déjà été mis en examen, mais le ou les commanditaires manquaient jusqu’ici à l’appel. Selon Le Parisien, les investigations menées sur cet enlèvement démontrent qu’il aurait été planifié depuis le Maroc par Badiss Mohammed Bajjou avec un autre complice qui n’a, à ce stade, pas été interpellé. Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a salué sur X cette opération «qui montre l’excellente coopération judiciaire entre nos deux pays, en particulier contre la criminalité organisée».
Mises en examen des exécutants
Le Franco-marocain est également soupçonné d’avoir organisé l’agression d’une quinquagénaire en 2023 dans les Yvelines afin que son fils reverse une somme d’argent en cryptomonnaie, nous confirme une source proche de l’enquête. Badiss Mohammed Bajjou pourrait enfin être impliqué dans les rapts ou tentatives d’enlèvements spectaculaires commis début mai à Paris, toujours dans le milieu de la cryptomonnaie. Le 13 mai, au petit matin en pleine rue dans le XIe arrondissement, une tentative d’enlèvement avait été organisée sur la fille et le petit-fils du PDG de la société spécialisée Paymium. Les victimes avaient pu mettre en fuite leurs ravisseurs, notamment grâce à l’intervention du compagnon de la fille du PDG. La scène, filmée et devenue virale sur les réseaux sociaux, a démontré une grande violence de la part des suspects.
L’information judiciaire s’est élargie au fil des découvertes des enquêteurs qui ont compris qu’il y avait eu la veille un «précédent passage à l’acte». Cette tentative avait été «interrompue en raison de problèmes matériels», a précisé le parquet de Paris. Les enquêteurs ont découvert aussi «qu’une équipe se constituait dans le projet de commettre un autre fait similaire». Ce projet, pour lequel deux commandos avec deux camionnettes avaient été prévus a été déjoué in extremis par les forces de l’ordre près de Nantes, le 26 mai. Ces tentatives de Nantes et du 13 mai à Paris ont aussi «des liens» avec une autre affaire : la séquestration, le 1er mai, du père d’un homme ayant fait fortune dans les cryptomonnaies, avait indiqué une source proche de l’enquête en début de semaine.
Vingt-cinq jeunes de 16 à 23 ans ont été mis en examen à Paris, soupçonnés de tentatives ou de projets d’enlèvements dans le milieu de la cryptomonnaie en mai, à Paris et près de Nantes, derniers épisodes d’une série noire en France. Les mis en cause ont des profils d’«exécutants», souvent très jeunes, qui semblent obéir aux ordres, contre paiement, sans s’interroger sur les tenants et les aboutissants de leurs missions. «On dirait un réseau d’intérim de la délinquance», avait observé auprès de l’AFP Thibault Bailly, avocat d’un suspect de 19 ans, en détention provisoire.