Il suffit de demander.
Comment Israël est devenu le principal allié de l’Azerbaïdjan
Après l’attaque éclair azerbaïdjanaise qui a permis la reconquête du Haut-Karabakh et entraîné la fuite éperdue de plus de 100 000 Arméniens craignant pour leur vie, l’alliance stratégique entre Bakou et Jérusalem est apparue plus déterminante que jamais.
C’est un soutien qui a tout pour surprendre. Tandis que les chancelleries européennes condamnent depuis le 19 septembre l’offensive-éclair qui a permis à l’Azerbaïdjan de prendre le contrôle de la région séparatiste du Haut-Karabakh à majorité arménienne, Hikmet Hajiyev, le conseiller principal du président azerbaïdjanais Ilham Aliyev, s’est félicité publiquement le 20 septembre du « soutien stratégique » apporté à son pays par Israël. Tout pousserait, instinctivement, à croire l’Etat hébreu dans le camp arménien, un peuple lui aussi victime d’un génocide (1915-1923) et aujourd’hui visé par une attaque émanant d’une nation chiite. Pourtant, depuis de longues années, Jérusalem a choisi Bakou contre Erevan. Plus que de véritables liens d’amitié, les deux Etats construisent davantage une alliance stratégique, pragmatique. Mais celle-ci vient de permettre à Bakou de remporter une victoire foudroyante qui a jeté sur les routes plus de 100 000 Arméniens de l’enclave qui redoutent de voir se reproduire le nettoyage ethnique du siècle dernier.
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L’échange de renseignements entre les deux pays est important et une étude du Washington Institut de 2005 affirme même que les Israéliens auraient également installé des stations d’écoute électronique le long de la mer Caspienne et à la frontière iranienne (ce que les deux Etats nient).
En Israël, pourtant, si le rapprochement avec Bakou a reçu un accueil favorable ces dernières années, l’opinion publique a commencé à exprimer son mécontentement après les dernières offensives contre le Haut-Karabakh. Le 27 septembre, le quotidien « Haaretz » dénonçait ainsi les ventes d’armes à Bakou dans un éditorial titré « Un nettoyage ethnique avec nos armes ». Mi-août, dans « Times of Israël », Avidan Freedman, l’un des fondateurs de l’organisation Yanshoof qui milite pour l’arrêt des ventes d’armes israéliennes à des nations violant les droits de l’homme, soulignait pour sa part : « La nécessité de forger des liens avec l’Azerbaïdjan n’autorise pas Israël à ignorer les souffrances des Arméniens du Haut-Karabakh. »
A la tête de l’Etat, en revanche, aucune déclaration n’est venue dénoncer l’offensive azérie. Et rien ne semble s’opposer à l’inscription dans la durée de cette alliance scellée sous le sceau de la realpolitik.
https://www.nouvelobs.com/monde/2023100 ... aidjan.htm