Le complot le plus à la mode est qualifié de "superconspiracy theory" ou de "systemic conspiracy theory", défini par Michael Barkun. Une telle conspiration relève d'un "mégacomplot", c'est à dire la participation de l'ensemble intellectuel d'un pays et dans le monde en général, incluant entre autre la politique, l'économie, la culture, les sciences, les médias, etc... Dans l'unique but d'une domination mondiale et absent de toute forme de démocratie (établissement d'une sécurité militaire, une justice manipulée, économie planifiée, etc... Vision assez proche de la critique anti-communiste). Ce genre de complot est qualifié par ses partisans d'établissement d'un "Nouvel Ordre Mondial" par exemple, mais connait également d'autres genres de complots...
Les personnes croyant au complot sont souvent orientés vers une doctrine politique radicale, voir extrême, et peut inclure la religion comme ligne directrice supplémentaire (avec une orientation souvent extrême dans cette dernière). Comparativement, les chrétiens et musulmans radicaux sont souvent dans la même croyance d'un complot préparer par leur opposant (qui pour les musulmans extrémistes sont les chrétiens et les juifs, et pour les chrétiens extrémistes se serait les juifs, les musulmans et la Franc-maçonnerie).
Mais sur un plan psychologique individuel, le principal élément est la paranoïa (la peur de la différence, du progrès technique et moral,...). Une telle peur se situe souvent à cause d'une doctrine (politique ou religieuse stricte), ou autrement par un passé vécu par la violence subi par une forme d'autorité (étatique, familiale, etc...). Ce type de peur est jugé comme irrationnelle dans son fondement premier, mais cherche à tout prix une légitimité par une explication supposée rationnelle entre des éléments sans rapport réel, et donne donc une sensation de maîtrise de la réalité, alors que la paranoïa distord par nature la réalité perçue par la personne...
La véritable force psychologique de la théorie du complot est d'imposer un sentiment d'impuissance, ou les participants ne font "nullement confiance en leurs yeux ou leurs oreilles, mais uniquement à leur imagination qui se laissent séduire par tout ce qui est à la fois universel et cohérent en soi-même". Elle souligne que cette "fuite des masses devant la réalité est une condamnation du monde dans lequel elles sont contraintes de vivre et ne peuvent subsister, puisque la contingence en est devenue la loi suprême et que les être humains ont besoin de transformer constamment les conditions chaotiques et accidentelles en un schéma d'une relative cohérence"(cf professeur Hannah Arendt).
Le conspirationnisme établit une grille interprétative simple, fondée à la fois sur des préjugés et une certaine forme de bon sens populaire, et dans laquelle s'insère nombre d'événements du temps présent (en particulier les plus déroutants et angoissants). En ramenant tout à une causalité unique et toute-puissante, il révèle généralement un monde manichéen, avec un Bien et un Mal nettement définis et un destin intelligible (d'où le rapport avec l'extrémisme religieux). Les autres forces de la théorie du complot est le sentiment de détenir une vérité cachée qui valorise notre personne et que cela peut expliquer des échecs personnels également.
Sociologiquement, deux courants d'interprétations du complot sont possibles : le premier suppose la sur-présence des institutions, jugées souvent comme technocratique (pouvoir selon la technique et la connaissance) et bureaucratique (sociologie américaine). L'autre vision est présentée comme étant un dérèglement de la notion de la réalité, par un mélange image-réel dû en partie à la post-modernité (Internet, jeux-vidéos, science fiction, etc...). Cela serait dû par le déclin des sociétés traditionnelles et structurantes (séparation de la religion et de l'Etat, crise du syndicalisme, surnombre de partis politique...).
La théorie du complot serait donc un palliatif face à l'annihilation de l'individu par des institutions trop présentes, ou à l'inverse face au vide provoqué par la vacance des institutions. Dans les deux cas, elle est une réaction à la perte du sens ordinairement assuré par un ordre social bien régulé.