Déjà, la formation de l'adverbe aujourd'hui (contraction de à le jour d'hui) avait de quoi faire grincer des dents. Hui signifiant à lui seul « le jour présent » (du latin hodie, en ce jour), aujourd'hui constitue un pléonasme en soi (« au jour de ce jour »), à la lourdeur certes critiquable mais qui est entré dans la langue comme un mot à part entière depuis le XIIIe siècle. Un pléonasme « admis », donc, par oubli de son étymologie.
Mais que dire de la locution au jour d'aujourd'hui, qui ajoute une troisième couche à un mille-feuille déjà bien indigeste ? Sinon qu'il s'agit d'un « pléonasme populaire et fort peu recommandable » (Littré), que l'on remplacera plus légèrement par aujourd'hui, actuellement ou à ce jour.
Foin de la surenchère verbale, donc ! Car à force de se gargariser de ces constructions artificielles, pompeuses et souvent ridicules, on finirait par voir fleurir des « au jour d'hier (ou de demain) » comme des « à l'heure de cette heure »...
Pour autant, comme le concède le même Littré, cette locution tant décriée peut parfois être utilisée à bon escient, sans relever de la redondance fortuite, de la surcharge sémantique ou de l'excès de zèle.
Ainsi chez Lamartine : « L'univers est à lui [Dieu], Et nous n'avons à nous que le jour d'aujourd'hui ! » (= que le jour qu'est aujourd'hui). Et chez Maurice Genevoix : « Une riche plaine bien de chez nous, aussi belle qu’au jour d’aujourd’hui. »
Pour l'Académie, pour une fois bien conciliante, « l’essentiel est de n’en pas abuser, mais en elle-même, cette tournure n’est pas incorrecte ».
Quitte à vouloir insister sur l'idée du moment présent, pourquoi ne pas plutôt recourir à l'expression « au jour actuel » comme on dit « à l'heure actuelle » ?...
"Quand le dernier arbre aura été abattu - Quand la dernière rivière aura été empoisonnée - Quand le dernier poisson aura été péché - Alors on saura que l'argent ne se mange pas." Geronimo