Fonck1 a écrit :
bien sûr que si.
La définition première de la démocratie est le régime politique où les citoyens sont souverains. Or, dans ce que nous appelons une démocratie représentative, les représentants font la politique à la place des représentés. Ceci est généralement justifié par un manque de savoir des citoyens (défense de la démocratie des élites professionnelles) ou un manque de propriété (défense de la démocratie censitaire).
Didier Brisebourg (Didier Brisebourg est membre de l’association Attac (
http://www.france.attac.org/)) estime que la démocratie représentative est un oxymore. En effet, le choix de l’élection a été fait par des élus après la Révolution Française et ce mécanisme n’a jamais été remise en cause ou débattu depuis.
Loïc Blondiaux (Loïc Blondiaux est professeur des universités au département de science politique de l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne depuis septembre 2008) trouve que nos démocraties contemporaines sont fragiles . Domination des pouvoirs économiques sur les pouvoirs politiques, crises sociale et environnementale, défiance à l'égard des institutions, montée des autoritarismes en Europe, déclin de la participation électorale : autant de défis que nos démocraties représentatives semblent incapables de surmonter et de symptômes d'un mal-être politique grandissant.
Marion Paoletti rappelle que la défiance ou pire l’indifférence des Français à l’égard de leurs institutions politiques, de leurs représentants politiques, même des niveaux les plus proches, bref de leur démocratie représentative, est connue (Mediapart, « La démocratie locale, c'est maintenant », 03/04/2013).
Custin d’Astrée (365mots, « Manifeste pour une nouvelle démocratie », 31/03/2013) revient sur le fait que le peuple élit des représentants qui décident à sa place : les citoyens se lavent les mains de leur avenir. Tous les problèmes sont de la responsabilité des politiques, tous les soucis sont de leur faute : les citoyens n’ont pas prise sur les événements, et s’en déchargent donc – à juste titre – de toute responsabilité surtout que les candidats, devenus élus n'ont pas de mandats impératifs et sont donc libres de ne pas respecter leur programme (ce qui est courant). Il souligne aussi que, lorsque l’on regarde notre Assemblée Nationale, ceux qui ressemblent au peuple se comptent sur les doigts d’une main. À quelques exceptions près, il y a quatre moyens de devenir député en France : être très riche, avoir fait carrière dans un grand parti, être le descendant d’un notable, ou être soi-même un notable. La raison de tout cela est très simple : pour être élu, il faut se faire connaître, et pour se faire connaître, il faut soit être déjà connu, soit avoir de l’argent.
Hervé Chaygneaud-Dupuy (Hervé Chayneaud-Dupuy, « Rupture et continuité », persopolitique.fr, 23/03/2013) pense que la démocratie représentative ne permet pas de lutter contre la financiarisation de l’économie et propose que pour mener des politiques publiques très différentes, il est important de faire confiance à la capacité de la société à se prendre en charge .
Thierry Ménissier (Thierry Ménissier est enseignant-chercheur à l’Université de Grenoble, auteur de « La Liberté des contemporains. Pourquoi il faut rénover la République » (Presses Universitaires de Grenoble, 2011)) trouve que la France est un pays de tradition républicaine et non démocratique. C’est une tradition d’État tutélaire, tandis que la tradition démocratique est celle d’une souveraineté populaire davantage partagée, basée sur une interaction des intérêts bien constituée. Il affirme que le système parlementaire français, héritage de la notabilité de l’ancien régime est dépassé - 150 ans – et qu’il doit évoluer .
Nous ne sommes donc pas en démocratie car les citoyens délèguent leur pouvoir démocratique à des représentants. Nous sommes donc dans un système politique de gouvernement représentatif. La démocratie, c'est le pouvoir du peuple et non le pouvoir des représentants du peuple. La différence est importante.
Quelques citations nous le rappelle très bien :
[*]Aristote :
« Il est démocratique que les magistratures soient attribuées par le sort, et oligarchique qu'elles soient électives »
[*]Montesquieu :
« Le suffrage par le sort est de la nature de la démocratie. Le suffrage par le choix est de celle de l'aristocratie. Le sort est une façon d'élire qui n'afflige personne; il laisse à chaque citoyen une espérance raisonnable de servir sa patrie. »
[*]Rousseau :
"Le peuple anglais pense être libre, il se trompe fort; il ne l'est que durant l'élection de membres du Parlement: sitôt qu'ils sont élus, il est esclave, il n'est rien."
[*]Tocqueville :
"Je ne crains pas le suffrage universel : les gens voteront comme on leur dira."
D'ailleurs, les spécialistes sur le sujet le reconnaissent volontiers comme cet article le montre bien :
http://www.forum-actualite.com/debats/l ... ml#p909772