https://www.lefigaro.fr/international/l ... n-20250628Pour le chef d’état-major interarmées, les États-Unis n’ont pas utilisé de bombes GBU-57 contre Ispahan car ce site, qui accueillerait 60% des réserves iraniennes, serait trop profondément enterré pour être atteint.
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Il y a une semaine exactement, les bombardiers furtifs B-2 américains larguaient leurs bombes anti-bunker GBU-57 - plus d’une douzaine au total - contre les sites nucléaires de Fordo et Natanz. En revanche, celui d’Ispahan a été frappé par d’autres vecteurs. Un sous-marin à propulsion nucléaire a lancé une salve de missiles de croisière Tomahawk contre cette cible au sujet de laquelle des détails continuent de filtrer dans la presse américaine. Jeudi lors d’un point classifié avec des sénateurs américains, mais cité par CNN qui a interrogé trois personnes présentes lors de la réunion, le général Dan Caine, chef d’état-major interarmées, le plus haut gradé outre-Atlantique, a estimé que les États-Unis n’avaient pas largué de bombes anti-bunker contre Ispahan car le site nucléaire, qui accueillerait «près de 60% des stocks d’uranium enrichi iraniens», était trop profondément enterré pour être atteint, même par les GBU-57 de 14 tonnes. A fortiori, les missiles de croisière n’ont pu occasionner des dégâts qu’en surface.
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Certaines capacités iraniennes «sont si profondément enfouies sous terre qu’elles sont inaccessibles. L’Iran a donc la capacité de déplacer une grande partie de leurs réserves vers des zones inaccessibles aux bombardements américains», a publiquement conclu le sénateur démocrate Chris Murphy, qui a assisté au briefing. Ces nouvelles révélations vont dans le sens du premier rapport de l’Agence de renseignement de la Défense (DIA) américaine qui, dès le lendemain des frappes, estimait que l’attaque américaine n’avait pas détruit les composants essentiels du programme nucléaire iranien, notamment son uranium enrichi, et n’avait probablement retardé le programme que de plusieurs mois. L’agence ajoutait que les Iraniens avaient pu déplacer des stocks d’uranium enrichi avant les frappes. Cette première évaluation, plutôt sévère, avait déjà été révélée par CNN, déclenchant la fureur de Donald Trump. Quelques jours plus tard, la CIA a précisé, de façon plus positive, que le programme nucléaire iranien avait été «gravement endommagé».
«J’ignore où se trouvent les 400 kg d’uranium hautement enrichi»
Les parlementaires informés lors de la réunion de jeudi tiennent désormais pour acquis que les frappes américaines n’ont pas démantelé complètement le programme nucléaire iranien, ajoutant que tel n’était pas l’objectif initial de la mission. «Il y a de l’uranium enrichi dans les installations, mais ce n’était ni l’intention ni la mission, a déclaré à CNN le représentant républicain Michael McCaul du Texas. D’après ce que je comprends, la majeure partie est toujours là. Nous avons donc besoin d’un compte rendu complet. C’est pourquoi l’Iran doit s’adresser directement à nous, afin que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) puisse rendre compte de chaque once d’uranium enrichi présente. Je ne pense pas que cet uranium sorte du pays, mais qu’il se trouve toujours dans les installations.»
«L’objectif de la mission était d’éliminer certains aspects particuliers de leur programme nucléaire. Ceux-ci ont été éliminés. Se débarrasser du matériel nucléaire ne faisait pas partie de la mission», a surenchéri le représentant républicain Greg Murphy. «J’ignore où se trouvent les 400 kg d’uranium hautement enrichi. Mais ils ne faisaient pas partie des cibles sur place. (Les sites) ont été détruits. Personne ne pourra les utiliser de sitôt», a de son côté estimé le sénateur de Caroline du Sud Lindsey Graham, connu pour faire partie de longue date des «faucons» républicains.
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Jeffrey Lewis, professeur à l’Institut d’études internationales de Middlebury, a déclaré à la chaîne américaine que des images satellites commerciales montraient que l’Iran avait pu accéder aux tunnels d’Ispahan. «Un nombre modéré de véhicules étaient présents à Ispahan le 26 juin et au moins une des entrées du tunnel était dégagée en milieu de matinée le 27 juin», a déclaré l’expert en armes. «Si les stocks iraniens d’uranium hautement enrichi se trouvaient encore dans le tunnel lorsque l’Iran a scellé les entrées, ils se trouvent peut-être ailleurs aujourd’hui.» Des images satellitaires supplémentaires capturées le 27 juin par Planet Labs montrent que l’entrée des tunnels était ouverte à ce moment-là, selon Lewis.
«Ces frappes ont causé d’importants dégâts à ces trois installations, mais nous n’avons pas retardé ce programme de plusieurs années. Nous l’avons retardé de plusieurs mois», conclut le sénateur Chris Murphy. Donald Trump, lui, répète que les trois sites nucléaires iraniens visés ont été «complètement détruits» et s’en prend vivement aux journalistes. «Les journalistes ’fake news’ de CNN et du New York Times devraient être renvoyés. Immédiatement!!! Ce sont de mauvaises personnes avec des intentions malveillantes!!!», a-t-il accusé dès jeudi, sur sa plateforme Truth Social. Et d’ajouter, toujours avec force majuscules : «Natasha Bertrand devrait être RENVOYÉE de CNN! Je la regarde depuis trois jours raconter des ’fake news’. Elle devrait être IMMÉDIATEMENT sanctionnée, et ensuite jetée dehors comme un chien. (...) VIREZ NATASHA!». Il vise précisément l’auteur du nouvel article de CNN. Sa fureur ne devrait pas retomber de sitôt.
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Bon ben Trump pas content
