Yaroslav a écrit : ↑25 octobre 2025 09:45
Once a écrit : ↑24 octobre 2025 20:36Rien de toutes ces affinités avec le monde arabe et avec le peuple palestinien en particulier qui a toujours manqué de leaders incontestables (genre Mandela) pour bien défendre sa cause. Quels intellectuels palestiniens nous parlent ? Quels grands leaders politiques ? Où est l'élite palestinienne susceptible de défendre sa cause aux yeux d'une opinion occidentale ? Il n'y en a pas, elle n'existe pas
Il me semble que Yasser Arafat a représenté ce Nelson Mandela palestinien.
Non, pas du tout. Yasser Arafat a longtemps été considéré comme un terroriste par l’opinion occidentale avant qu’il n’accepte de négocier. Et puis, il faut bien dire qu’il n’a jamais eu l’aura quasi mystique de pardonner à ses adversaires comme Mandela l’a fait à la suite de ses longues années d’incarcération.
Avec son "ambassadrice" pendant 12 ans en France, Leïla Shahid, qui avait un peu de visibilité pour ceux qui suivaient un minimum la question.
D’accord pour celle-ci mais elle a toujours du mal à faire le poids face à la puissance du récit et de la diplomatie israélienne. Elle a d’ailleurs quasiment disparu des écrans depuis longtemps, d’ailleurs. Et je ne suis pas sûr que Rima Hassan soit la bonne personne pour bien représenter la cause palestinienne en France.
Comment peut-on seulement comparer la Shoah et la Nakba ?
Il ne s’agit pas de comparer la Shoah à la Nakba : il s’agit de bien comprendre que, dans l’esprit de la plupart des occidentaux, seule la Shoah était connue et l’est restée longtemps.
En résumé, être pro-palestinien, c'est considérer que les Palestiniens ne sont que de gentilles victimes du grand méchant israélien.
Non, il ne s’agit pas de raisonner en terme de qui est « le méchant » et qui est « le gentil » : il s’agit de raisonner en terme de qui est le dominant et qui est le dominé. Qui est l’occupant et qui est l’occupé ? Qui est le plus fort et qui est le plus faible ? Si vous acceptez de changer de grille de lecture, les choses sont très différentes.
Aucun peuple qui se sent légitimement opprimé par un autre et qui tente de résister contre un plus fort que soi ne peut être « « gentil » dès lors qu’il prend les armes pour se défendre. Car c’est bien de cela dont il s’agit dès lors que vous portez votre attention sur la longue histoire de ce conflit.
C'est considérer qu'Israël porte l'écrasante majorité des torts au même titre que la Russie en Ukraine.
En fait, ce sont les occidentaux qui sont les principaux responsables historiques dans ce conflit : la création de cet état dans un environnement hostile a été quelque part la conséquence de 2000 ans d’antisémitisme européen : quelque part, le monde occidental qui n’a jamais su protéger totalement ses Juifs, s’en est débarrassé sur le dos des Arabes de Palestine dans un nouvel épisode colonial plus que problématique. Israël n’est jamais parvenu à se débarrasser de ce « péché originel ».
Et pourtant, si on considère que c'est bien la cas pour la Russie, je pense qu'on peut objectivement considérer que les torts sont bien plus partagés au Moyen Orient, que les intentions du Hamas auxquelles Israël doit faire face sont similaires aux intentions nazies.
Je pense que si le Hamas avait eu la puissance d'Israël, les juifs auraient eu à déplorer une seconde Shoah et que les Israéliens auraient été totalement exterminés. Au final, ce n'est que la puissance d'Israël rendant la Palestine faible qui motive certains à accabler Israël sans chercher à faire la part des choses sur les intentions et les responsabilités.
Vous vous en référez à l’histoire immédiate et encore : de manière bien incomplète tellement vous semblez ignorer que le Hamas n’est pas né de rien : il est né de l’incompétence, de la corruption et de la déliquescence totale de l’Autorité palestinienne. Le Hamas a voulu reprendre le flambeau de manière radicale : mais, il a aussi été soutenu par le gouvernement Netanyaou qui l’a « joué » contre l’Autorité palestinienne pour affaiblir cette dernière. Et ce n’est pas tout : Netanypou en a favorisé l’existence matérielle en jouant le rôle de « passeur » de l’argent en provenance du Qatar pendant des années.
Donc, quelque part, Netanyaou a une responsabilité dans la naissance et l’entretien d’une créature dangereuse qui a fini par se retourner contre lui.
Pour le reste, la volonté d’extermination du Hamas que vous évoquez s’il en avait eu la possibilité, oui, on peut le penser et j’y ai pensé moi même.
Mais il faut alors bien remettre les choses à l’endroit : dès lors que vous -le dominant, l’oppresseur- vous considérez votre ennemi – le dominé, l’opprimé- comme celui qui va vous éradiquer dès lors qu’il en aura la possibilité sans vous demander pourquoi on en est arrivé là, alors vous ratez quelque chose d’important. Parce que vous êtes dans la hantise du colon : l’idée d’égalité avec les Palestiniens a toujours terrifié les Israéliens. Or, c’est cette idée d’égalité qui est au coeur même du conflit.
A de rares exceptions près, Israël n’a jamais vraiment voulu considérer le peuple palestinien comme son égal mais comme un peuple indigne de lui et suscitant peu d’intérêt à ses yeux. Juste comme un peuple attardé miné par le « terrorisme » ( qui n’a pas toujours été du terrorisme , pourtant, mais aussi de la résistance. Et qui l’est encore dans les grandes lignes en Cisjordanie. )
Dans les faits, dans la réalité, dans la vraie vie, c’est Israël qui réalise la négation du peuple palestinien : pas l’inverse. Si l'on ne vous donnait pas d'autre choix en ce moment, que préféreriez vous être en Israël ? Un israélien ? Ou bien un palestinien ? Moi : un israélien, sans hésiter.
il ne faut pas oublier que « constitutionnellement », Israël se présente comme un « état juif » : mais qu’est-ce qu’un « état juif » au juste, quand la moitié de la population est arabe ? L’apartheid est déjà là.
Pourtant le peuple arable de Palestine existe et il était là depuis des siècles avant les arrivées massives de juifs à partir de la fin du XIX° .
À présent, les choses doivent être rappelées une fois pour toutes : les Arabes de Palestine n’ont jamais voulu de ces arrivées massives de Juifs sur leur sol. De la même manière qu’aujourd’hui, de nombreux européens sont de plus en plus hostiles à l’arrivée de migrants qui débarquent en Europe dans le cadre d’un immigration subie et non choisie. Est-ce si difficile de comprendre cela ?
Ces arrivées massives leur ont été imposées par le monde occidental qui n’avait pas su protéger ses Juifs. Et le sionisme (tellement critiqué par certains mais pas du tout par moi) n’est rien d’autre que la conséquence de 2000 ans d’antisémitisme européen. Le sionisme, à mon avis, n’est pas une cause mais une conséquence.
Les solutions ? Elles ne peuvent qu’être politiques. Et il y a eu déjà des réussites ailleurs à la suite de longs conflits. : Irlande du Nord et Afrique du Sud, par exemple.
Pourtant, dans ces deux cas des minorités craignaient d’être exterminées dès lors qu’elles accorderaient de vraies reconnaissances politiques à leurs adversaires tellement redoutés.
Oui, mais : pourquoi les suprémacistes apeurés d’Irlande du Nortd et d’Afrique du Sud se sont trompés ?
Pourquoi n’a-t-on pas vu, après la fin de l’apartheid en Afrique du Sud les partisans de l’ANC et du PAC fondre sur les banlieues pour massacrer des Blancs aux cris de « un colon, une balle ! » ?
Pourquoi l’IRA n’a-t-elle pas assiégé les quartiers protestants de Londonderry à la suite des accords du Vendredi Saint en Irlande du Nord ?
La réponse est d’une fulgurante clarté : parce que la plupart des gens- Noirs, Blancs, catholiques, protestants, Musulmans, Juifs, Palestiniens et tout ce que vous voudrez n’ont envie ni de tuer ni d’être tués. Ils ne prennent les armes qu’en dernier recours.
En accédant à une véritable égalité, à une véritable représentation politique, les opprimés se voient offrir un moyen d’exprimer leurs revendications sans risquer leur vie.
Maintenant, il faut bien reconnaître que pour le conflit dont nous parlons, l'équation paraît insoluble en fonction de trop nombreux paramètres.