La reconnaissance des eunuques [modifier]
Les parents, notamment issus des basses couches sociales, n'hésitaient pas à faire castrer illégalement leurs propres enfants, ou du moins au moins un, espérant pour eux une brillante réussite rejaillissant sur le reste de la famille.
Ils étaient considérés différemment selon le caractère de l'empereur qu'ils servaient. Ainsi, lors des règnes d'empereurs casaniers ils étaient vus comme des hommes de confiance pouvant aider au gouvernement de l'Empire sans pouvoir prétendre régner. À l'inverse, lorsque les empereurs étaient d'humeur guerrière, leur crédit diminuait notamment par le certain mépris des officiers envers eux. Sous la dynastie des Comnènes, imprégnés des traditions militaires et très sûrement hostile à la castration, les eunuques passent à l'arrière-plan politique même s'ils continuent les missions diplomatiques.
Dans l'Empire ottoman et autres terres musulmanes, des eunuques étaient affectés à la garde et à l'administration des harems ou sérails, c'est-à-dire de l'habitation privée dans lesquelles les épouses et concubines d'un homme important étaient logées et tenues à l'écart du monde. Un homme non châtré autre que le maître de maison n'aurait pas pu être admis dans une telle enceinte, de peur qu'il n'entretienne une liaison avec une des épouses. On pensait que la castration ôtait les désirs sexuels et la possibilité de coït. Si l'on en croit Voltaire, c'était loin d'être toujours le cas, puisqu'il nous dit dans le Dictionnaire philosophique à l'article « Joseph » : « le kisler-aga, eunuque parfait, à qui on a tout coupé, a aujourd’hui un sérail à Constantinople : on lui a laissé ses yeux et ses mains, et la nature n'a point perdu ses droits dans son cœur. Les autres eunuques, à qui on n'a coupé que les deux accompagnements de l'organe de la génération, emploient encore souvent cet organe. » On trouve des descriptions similaires dans les Lettres persanes de Montesquieu[3].