Ça commence à baliser au RN

La percée dans les sondages du ministre de l'Intérieur, notamment auprès des électeurs RN, inquiète Le Rassemblement national. Marine Le Pen lance l’assaut.
Du vent, des mots, du bla-bla... Pour un peu, Marine Le Pen imiterait Dalida, sa chanteuse préférée, Paroles, paroles. Depuis quelques jours, l’extrême droite multiplie les attaques pour caricaturer Bruno Retailleau en faux dur. Un ministre qui parlerait beaucoup mais agirait peu. Et même un traître en puissance, la preuve n’est-il pas "ministre d’Emmanuel Macron", le répète Marine Le Pen ? Elle l’assimile même à tous les autres politiques de droite, de gauche et du centre pour balancer avec mépris : "Tous ces gens-là font partie du problème !". On croirait presque entendre son père fustiger il y a quelques années les politiques de "l’UMPS".
**Si le ton est aussi agressif, c'est parce que la percée dans les enquêtes d’opinion de Bruno Retailleau inquiète le RN. Selon un sondage Odoxa publié dans Le Figaro jeudi 22 mai, pour la première fois, la cote de popularité du locataire de la place Beauvau dépasse celle d’Édouard Philippe.
Surtout, elle bondit chez les sympathisants RN. Les deux tiers des électeurs lepénistes, 65% exactement, ont une bonne opinion du ministre de l’Intérieur.
Le ministre de l'Intérieur dans une position confortable
Pour l’heure, sa progression dans les sondages d’intentions de vote pour la présidentielle ne nuit pas au parti d’extrême droite. Qu’il soit représenté par Marine Le Pen ou Jordan Bardella, celui-ci reste nettement en tête au premier tour. Mais au RN, on redoute que ce soit la prochaine étape. Qu’une fois sa crédibilité assise parmi ses sympathisants, le bulletin de vote Retailleau devienne peu à peu un débouché naturel, un recours logique pour les électeurs RN au cours de l’année qui vient, puisqu’en attendant le procès en appel de Marine le Pen, le RN n’a pas de candidat. La nature politique a horreur du vide, et le candidat Retailleau pourrait en profiter. Il y a donc urgence à le démonétiser.
Mais ce n’est pas si simple.
Pour l'instant, la posture de "premier flic de France" lui est assez confortable. Il a préservé assez de liberté de ton pour critiquer le macronisme, au point d’être plébiscité à la tête de LR. Et il revendique une posture de responsabilité, à la fois soucieux d’alerter et d’agir, comme le montre son instrumentalisation du rapport sur l’entrisme des Frères musulmans dans la société française. Le ministre sonne le tocsin et avance des pistes d’action administrative, policière ou financière. Bref, il prétend incarner une droite utile qui ose mettre les mains dans le cambouis.
Pendant ce temps-là, Marine Le Pen clame, elle, qu’il suffirait de désigner, de dénoncer, et d’interdire la mouvance des Frères Musulmans pour éradiquer l’idéologie islamiste. Des proclamations qui semblent renvoyer le RN à son éternel destin de parti de la… "parole, parole, parole".
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