Message
par Hdelapampa » 08 décembre 2018 01:11
Fonck,
Tu devrais bien connaître l'Histoire de cette guerre au vu de ton pseudo.
Mais tu vises mal en faisant un contresens complet.
1) Tout d'abord, comparer n'est pas forcément opposer. Ceux qui opposent sont précisément ceux qui, comme toi, accordent "honorabilité" aux uns et indifférence aux autres. Ca me parait incontestable.
2) Je dénonce justement la comparaison qui aboutit à des inégalités de traitement.
Le soldat (le plus souvent ouvrier à l'époque) jeté en pâture aux mitrailleuses, aux canons, aux gaz, aux lance flammes avait le choix entre deux façons de mourir:
-le peloton d'exécution français.
-tenter une petite chance de survivre aux combats en allant au front et tuer des gars qui étaient dans la même situation que lui: cette guerre n'était pas la leur. Autant dire que quoiqu'on pense, on était obligé d'y aller.
Les morts et les mutilés sont des victimes, pas des héros.
Tous morts pour LA France, est une légende bâtie par ceux qui les ont considérés comme de la chair à canon, des objets dont on se SERT. Ca ne te dérange pas, moi si. Le capitalisme est bâti là-dessus: on le voit mieux en ce moment, où les sujets se cherchent...sans chercher de chef.
Marre d'être des objets, des pions, des vaches à lait, des bêtes de somme, des moutons à tondre.
Certains y sont allés plein de haine patriote persuadés de sauver la civilisation contre des Boches à peine humains et pour reprendre l'Alsace et la Lorraine. Il y avait une haine profonde de part et d'autre attisée par un idéal meurtrier: la grandeur de la France, celle de l'Empire Allemand.
La différence est mince entre le nationalisme et le "patriotisme".
Mais il y a eu des témoignages résignés, poignants qui nous sont parvenus malgré la censure militaire, et aussi des cas de fraternisation et des mutineries.
Personne ne peut donc dire que TOUS les poilus sont a priori, morts pour la France et que par exemple le soldat inconnu les représente tous. Si ça se trouve...il était opposé à la guerre et aurait préféré vivre en laissant les grands chefs seuls se combattre et défendre "la Patrie".
N'allez pas en déduire que je suis indifférent à ce qui s'est passé samedi autour du lieu où reposent ses restes.
C'est une raison supplémentaire de condamner les auteurs des tentatives, quels qu'ils soient.
Aucun n'avait le choix et beaucoup sont morts avant même d'avoir pu mettre leur fusil en joue du fait de l'aveuglement imbécile et criminel de leurs chefs, sûrs que "la France" justifiait le sacrifice... des autres.
L'ouvrier du BTP, lui, est mû par une autre nécessité, plus prosaïque de ton point de vue, celle de se nourrir lui et sa famille, d'éduquer ses enfants (en en ayant les moyens matériels ET LE TEMPS) en travaillant pour des gens qui l'ignorent et se SERVENT de lui. L'alternative est la misère et l'assistanat.
Mais on ne posera pas même une plaque où serait écrit son nom et qu'il est mort en construisant ce bâtiment pour pouvoir vivre dignement.
Tous les pauvres de ce pays (et des autres pays) perdent leur vie à la gagner pour ceux qui s'enrichissent puissent le faire dans la tranquillité...A L'ARRIERE. Au mépris des valeurs proclamées.
"Contre nous de la tyrannie" dit La Marseillaise.
A juste titre. Je vous le renvoie.
Tout le monde connait, sinon pour les avoir chantés (comme "La Marseillaise" d'ailleurs) du moins pour les avoir entendus (pour les plus âgés d'entre nous) le premier couplet et le refrain de l'Internationale.
Ce couplet-ci est beaucoup moins connu:
"L’État opprime et la loi triche,
L’impôt saigne le malheureux ;
Nul devoir ne s’impose au riche,
Le droit du pauvre est un mot creux.
C’est assez de languir en tutelle,
L’égalité veut d’autres lois :
« Pas de droits sans devoirs, dit-elle,
Égaux, pas de devoirs sans droits ! »
Tout le monde, toi aussi sans doute, s'en f...
Moi, je trouve qu'il résonne étrangement juste quelques jours à peine après le centenaire de l'Armistice.
Il reste que pour moi les morts du BTP devraient être eux aussi considérés avec respect.
Ils sont mes frères de classe.
Colonisation: tête de pont de la barbarie dans une civilisation d'où, à n'importe quel moment, peut déboucher la négation pure et simple de la civilisation. Aimé Césaire "Discours sur le colonialisme"