Deux semaines après l’assassinat de Walter Lübcke dans la Hesse, plusieurs édiles témoignent du déferlement de haine dont ils sont victimes depuis quelque temps.
Source:Le Figaro.
Avant d’être assassiné, début juin chez lui à Kassel, Walter Lübcke avait reçu des menaces de mort. Cet élu local, proche de la CDU, était la cible désignée des réseaux d’extrême droite qui lui reprochaient une attitude ouverte envers les migrants. Un premier suspect issu de la mouvance néonazie a été interpellé. La police enquête sur de possibles complices. En attendant que la lumière soit faite, le meurtre de Walter Lübcke a non seulement secoué l’Allemagne, mais il a aussi libéré la parole de responsables politiques de tous bords.
Victime d’une agression au couteau en 2015 de la part d’un déséquilibré d’extrême droite qui lui reprochait d’accueillir des réfugiés, la maire de Cologne Henriette Reker (sans étiquette) a confirmé qu’elle avait été l’objet d’une nouvelle menace après l’assassinat de son collègue dans la Hesse. «Il ne faut se laisser effrayer ni reculer d’un centimètre», a-t-elle déclaré. L’élue vit sous surveillance policière. Et elle n’est pas la seule à avoir été visée. Le maire d’Altena en Westphalie Rhénanie du Nord, Andreas Hollstein, a aussi reçu un courrier menaçant. En 2017, il avait déjà été agressé en raison de sa politique d’accueil.
La liste n’est pas exhaustive et les médias, notamment Bild, ont commencé à récolter des témoignages. Le maire de Leipzig Bukhard Jung (SPD) a été critiqué par l’extrême droite pour s’être opposé aux manifestants anti-immigration de «Legida» en 2015. Il a ensuite reçu une protection policière. A Cottbus, Holger Kelch (CDU) a fait part du déferlement de haine subi après un fait divers impliquant un demandeur d’asile. «Quand on a su que le suspect dans le meurtre d’un retraité venait de Syrie, j’ai appelé les habitants de Cottbus à rester calmes.
En quelques heures, j’ai reçu plus de 500 messages haineux et trois menaces de mort. Avec ma famille, j’ai été mis sous surveillance policière pendant des jours. Depuis, je pense à ma sécurité tous les jours, parfois j’ai peur», a-t-il raconté. A Troglitz, l’un des théâtres d’une nuit de violence d’extrême droite au début de la crise migratoire, Markus Nierth a préféré abandonner son mandat de maire après avoir reçu des menaces. A Hambourg, l’élue Carola Veit (SPD) a assuré recevoir des mails «haineux» s’en prenant aussi «à ses enfants» après avoir critiqué des élus de l’Alternative für Deutschland, le parti de droite radicale.
L’AfD montrée du doigt:
Tandis que la police enquête sur un possible réseau de militants d’extrême droite violents, les politiques discutent de la responsabilité de l’AfD dans la poussée de violence. Pour l’ancien secrétaire général de la CDU, Peter Tauber, l’AfD porte une part de responsabilité: «En libérant la parole, le parti a ouvert la voie à la libéralisation de la violence», a-t-il déclaré en désignant nommément quelques élus comme Alice Weidel, la coprésidente du groupe parlementaire, Björn Höcke, le leader de l’aile radicale, ou bien Erika Steinbach, une ancienne députée CDU qui s’est rapprochée de l’AfD.
En février, celle-ci avait notamment publié un message sur Walter Lübcke sur Facebook, commenté par les internautes par, entre autres, un pistolet ou une potence… Pour Tauber, le «langage désinhibé» rend «complice» de la mort de Walter Lübcke. Mercredi, la présidente de la CDU Annegret Kramp-Karrenbauer lui a donné raison en dénonçant «la haine et l’agitation» de l’AfD. Depuis sa naissance en 2013, l’AfD a multiplié les déclarations tonitruantes contre le gouvernement d’Angela Merkel et sa politique migratoire.
http://www.lefigaro.fr/international/al ... t-20190620