Lion blanc a écrit :
Super, un bon crack boursier, et tout le monde à poil..

Et alors ? Si t'es action/obligation et autre produit son bien diversifié, y'a pas de soucis, la bourse, ça remonte. Je crois qu'elle a dépasser son niveau d'avant crise depuis quelques mois déjà.
Témoignage d'un australien vivant en France :
Quand j’étais en Australie, je cotisais comme tout le monde 9 pour cent de mon salaire brut pour ma retraite. Après la taxe sur les cotisations, c’était 7,65 pour cent qui se trouvaient chaque mois sur mon fond de retraite – mon « Superannuation ».
Après avoir commencé mon premier boulot en France, j’ai mis un peu de temps pour savoir combien je cotisais pour ma retraite. Malgré les 23 lignes sur ma fiche de paie, chacune avec cinq colonnes de chiffres, tous les détails des cotisations à la retraite n’y apparaissaient pas. J’ai dû faire un peu de recherche pour découvrir qu’elles constituaient l’équivalent de plus de 25 pour cent de mon salaire brut – 15 pour cent payés par l’employeur, 10 pour cent par moi.
Les 15 pour cent de cotisations patronales étaient plutôt une bonne nouvelle ; c’était des contributions au-delà de mon salaire et donc plus d’argent pour moi. Quant aux 25 pour cent en total, il me semblait élevé mais ça s’annonçait très bien pour une retraite française confortable.
Enfin, c’est ce que je supposais. Jusqu’à ce que je découvre que, tandis que les cotisations en France étaient plus que le triple de celles en Australie, le même n’était pas vrai pour les droits de retraite. En fait, selon l’OCDE,un salarié moyen qui fait une carrière complète va toucher des droits de retraite qui sont presque pareils dans les deux pays, se situant autour de 50% du salaire(1).
Mais la comparaison des retraites est un exercice plein de pièges. L’OCDE utilise un âge de retraite de 67 ans pour l’Australie et 62 ans pour la France. En plus, pour un salarié moyen australien sans autres ressources financières, un deuxième pilier du système de retraite, l’ « Age Pension », financé par les impôts et les taxes en général, s’ajoute à la Superannuation. Voilà deux facteurs qui expliquent une bonne partie de la différence de cotisations entre les deux pays. Une bonne partie, mais pas toute. Il y a un troisième élément qui entre en ligne de compte: la Superannuation est un système de retraite par capitalisation, tandis que le système en France est par répartition.
Ce vocabulaire mérite un peu d’éclaircissement, surtout pour les Australiens pour qui les expressions équivalentes n’existent pas. Dans un système par répartition, les cotisations des salariés actuels passent par les caisses de retraites pour être versées (réparties) peu de temps après à ceux qui sont déjà retraités. Ce système s’appelle également un système par « solidarité intergénérationnelle », parce que les retraites d’une génération sont financées par la génération suivante. Par contre, dans un système par capitalisation, les cotisations de chaque salarié sont mises sur un compte au nom du salarié (similaire à un compte d’épargne ou d’assurance vie) jusqu’à ce que l’argent soit retiré par la même personne des années plus tard, au moment de sa retraite. Chaque génération finance sa propre retraite.
Donc, dans un système par capitalisation, l’argent est investi tout au long de la carrière du cotisant tandis qui, dans un système par répartition, il n’y a aucun investissement. En Australie, les fonds de Superannuation ont plus de 1 000 milliards d’euros investis dans tous les éléments de l’économie australienne ainsi que dans les économies internationales. Malgré trois crises financières et une récession profonde au début des années 1990, ils ont rapporté 6,5% par an en moyenne au cours des dernières 30 années(2). Selon les prévisions, cette performance devrait continuer, ce qui donnera un retour sur investissement réel (après inflation) d’environ 3,5% par an(3). Pour des cotisations versées au cours d’une carrière entière, c’est suffisant pour doubler l’argent disponible pour la retraite. Autrement dit, si les Français avaient un tel système, ils pourraient cotiser seulement 12,5% au lieu de 25% pour avoir la même retraite.
Si l’investissement est donc créateur de richesse, il est aussi synonyme de risque. En fait, on a l’impression que le principe d’un système par capitalisation est rejeté en France parce qu’il est inacceptable que les retraites soient assujetties aux caprices de la bourse. Pendant le grand débat sur la réforme des retraites en 2010, par exemple, on lisait dans la presse des articles qui parlaient de la perte de 25 pour cent de la valeur des pensions dans les pays comme l’Australie à cause de la crise financière de 2008 et qui en ont concluaient que c’étaient donc des modèles à éviter à tout prix.
Cet argument est pourtant faux. Il ne prend pas en compte tous les gains de valeur dont jouissaient les mêmes fonds au cours de la vingtaine d’années précédentes, qui font que le retour sur investissement sur le long terme demeure largement positif. En plus, les cotisants qui préfèrent des placements moins risqués (comme beaucoup de gens qui approchent l’âge de la retraite) peuvent – et sont encouragés à – opter pour un fonds de retraite conservateur, qui investit très peu ou pas du tout dans la bourse.
Mais des risques il y en a, donc considérons un scénario catastrophe pour les systèmes par capitalisation : l’écroulement total des fonds ! Ce scénario est en fait invraisemblable ; les investissements de Superannuation sont repartis sur l’économie entière et donc les fonds ne peuvent pas s’écrouler sans que l’ensemble de l’économie ne fasse de même ; dans ce cas-là, plus aucun système de retraite ne fonctionnerait. Si l’on persistait néanmoins avec ce scénario selon lequel tous les investissements seraient perdus, la retraite australienne reviendrait au ….système français, où il n’y a aucun investissement et où la génération suivante serait dans ce cas obligée de prendre le relais.
En fin de compte, on ne choisit pas un système par répartition parce que c’est le meilleur comme nous feraient croire bon nombre de politiques français ; c’est simplement le dernier recours quand rien d’autre n’a été prévu. Aujourd’hui, il coûte aux Français environ 12% de leur salaire brut chaque mois et prive l’industrie d’une source majeure d’investissement. La vraie raison pour laquelle il n’entre pas dans le débat sur la réforme des retraites en France est que l’on ne peut pas basculer vers un système basé sur l’investissement quand rien n’est investi. Autrement dit, on ne peut rien mettre de côté pour sa retraite future si toutes les cotisations sont déjà prises pour la génération précédente. Pour les Français, un système par capitalisation n’est pas une option à court terme.
Pourtant, le modèle australien n’est pas sans intérêt dans le contexte français, parce que la Superannuation a d’autres avantages au-delà de celui lié à l’investissement. En fait, il n’a aucun des problèmes structurels qui provoquent des polémiques difficiles en France à intervalle régulier et qui ne sont pourtant jamais réglés – la complexité associé à la gestion de 35 régimes différents, le favoritisme des régimes spéciaux, les inégalités entre ceux qui commencent à travailler tôt par rapport à ceux qui commencent tard, la prise en compte de la pénibilité du travail ou des carrières partielles ou hachées, le choix de l’âge de la retraite ou le nombre minimal de trimestres travaillés, etc. Cette fois, il n’y a rien qui empêcherait les Français d’adopter un système similaire à la Superannuation pour résoudre ces questions aussi définitivement que possible. Comment ? La suite dans un prochain article.
Source :
http://melba.blog.lemonde.fr/2013/01/21 ... partition/