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par Crapulax » 11 octobre 2017 05:40
En dépit d'une centaine de pièces produites par la défense, le site d'informations a été condamné mardi à verser 1 000 euros de dommages et intérêts à Axel Loustau, trésorier de l'association de financement de Marine Le Pen, pour la publication de deux clichés bras droit tendu.
L’histoire et les relations passées ou présentes d’Axel Loustau, l’adoration qu’il a pu nourrir à l’égard de négationnistes, les témoignages d’anciens camarades du groupe radical GUD sur les penchants obsessionnels supposés de ce proche de Marine Le Pen pour le nazisme et la question juive ou encore les captures d’écran de ses comptes Facebook n’auront pas suffi…
La justice a estimé ce mardi qu’il subsistait un doute sur le fait qu’Axel Loustau ait effectué un salut fasciste devant des amis lors d’une fête privée organisée en 2011. Qu’un geste effectué par l’homme à cette occasion, bras droit tendu à 45 degrés, pouce replié et doigts collés, pouvait être interprété par un «bonjour» à ses «150 amis» présents dans l’assistance, comme lui l’affirme depuis. Pour la publication en 2014 de deux clichés montrant le fameux salut dans un article au titre non équivoque – «Le salut fasciste de l’argentier de Marine Le Pen» –, la justice, saisie d’une plainte en diffamation, a condamné ce mardi Mediapart à verser 1 000 euros de dommages et intérêts et 2 000 euros pour les frais de justice au conseiller régional d’Ile-de-France. L’avocat du site d’informations, Me Emmanuel Tordjman, a immédiatement annoncé qu’il faisait appel.
Front national : Axel Loustau, un brun encombrant:
Prises en 2011 lors d’une fête organisée sur une péniche proche de la tour Eiffel pour les 40 ans de Loustau, les photos avaient été publiées par le principal intéressé sur son profil Facebook, puis avaient été fournies à Mediapart par un journaliste de Canal +, Thierry Vincent, qui enquêtait à l'époque sur une série de violences commises par des groupuscules d’extrême droite, en écho à la mort de Clément Méric. Les deux clichés bouclaient alors deux ans d’une enquête de Mediapart particulièrement fouillée sur le cercle des «anciens» du Groupe union défense (GUD) qui gravite autour de Marine Le Pen.
Sur la première image, le trésorier du microparti «Jeanne» (une association de financement de Marine Le Pen) est de dos, tient dans sa main gauche une coupe de champagne devant un groupe d’amis – entre eux, un gâteau décoré de bougies. Son bras droit est tendu vers le ciel. Sur la deuxième, il est de face, souriant, sauf que son bras est cette fois un peu plus tourné vers la droite, comme si son propriétaire balayait l’assistance. Salut fasciste ou non ? Mediapart affirme que oui, Loustau défend l’inverse.
«Manque de prudence»
Le 8 septembre, lors de l’audience de la 17e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris, une partie des débats s’était concentrée sur l’inclinaison du pouce d’Axel Loustau, replié alors que son bras droit et sa main sont tendus, que les doigts sont collés. Signe, en partie, selon Me Emmanuel Tordjman, que sur les photos publiées par Mediapart, l’homme ne salue pas ses amis «lors d’un moment convivial», comme il le prétend, mais effectue bien un salut fasciste. De son côté, l’avocat d’Axel Loustau, Me Frédéric Pichon, avait exhibé des photos de Nicolas Sarkozy dans une posture comparable, une façon de prouver qu’on peut faire dire tout et n’importe quoi à un cliché, comme si la suspicion d’antisémitisme était toujours à degré variable, pourvu que le sujet photographié soit sulfureux ou non. Il avait également produit des photos de Goebbels effectuant un salut nazi, cette fois les doigts écartés, pour montrer qu’un habitué de la chose ne le réalise pas toujours de la même manière.
Le parquet avait, lui, reproché à Mediapart «un manque de prudence» quand le média avait affirmé que les photos en question montraient bien Axel Loustau «faisant un salut fasciste», sans user du conditionnel. Mais aussi de n’avoir pas expliqué ce qui pouvait permettre à chacun de reconnaître ce geste, mettant ainsi de côté le sérieux de l’enquête, comme si un article de presse devait être un tutoriel didactique.
L’enquête de Mediapart se basait, elle, sur un large faisceau d’indices pour démontrer les penchants idéologiques d’Axel Loustau. Des photos, des vidéos de lui en compagnie de Dieudonné, antisémite notoire (on le sait aussi encore en contact avec Alain Soral)… Autant d’éléments censés prouver que non seulement lever le bras de la sorte n’avait rien d’anodin pour Axel Loustau, mais qu’en plus il s’agissait d’une habitude. Pis, qu’il nourrirait depuis des années un rapport obsessionnel aux juifs et au nazisme.
«Entre eux, ils se lâchent complètement»
Un homme présenté comme témoin des soirées de la fine fleur du GUD des années 90, autour de Chatillon et Loustau, raconte par exemple que les conversations tournaient essentiellement autour des «juifs, des camps d’extermination» ou d’Hitler, qu’ils appellent «Tonton» : «Il n’y a pas une soirée où il n’y a pas un salut nazi. Quand ils sont entre eux, ils se lâchent complètement car ils sont en confiance. Et quand ils sont dans un restaurant où il y a du monde, leur blague est de faire des petits saluts, en levant juste la main. Toutes leurs conversations tournent autour de cela.»
Il y a aussi les centaines de pièces et captures d’écran que Mediapart a produit à l’audience, provenant de profils Facebook présentés comme ayant appartenu à Axel Loustau, un temps inscrit sur le réseau social avec les anagrammes «Alex Talusou», «Alex Soulatu», «Alex Saloutu», ou encore «Ax EL» et «Edmond Dantes», les «références implicites à la Shoah», les petits mots d’anniversaire écrits en allemand par ses amis le 20 avril, jour de la naissance d’Adolf Hitler, des images de croix gammées dessinées dans le riz, les citations de Léon Degrelle, un négationniste belge qui voyait en Hitler «le génie foudroyant, le plus grand homme de notre siècle»… Les éléments fournis par Mediapart pour prouver qu’il s’agit bien de ses comptes (Loustau, qui nie, y discute pourtant avec son fils, sa compagne, tandis que Frédéric Chatillon, également ancien du GUD, fait partie de ses amis, de même que l'avocat de Loustau…), ont donc été jugés insuffisants par la justice.
Ces «éléments n’ont pas de rapport direct» avec le geste de la péniche, a estimé mardi la 17e chambre, et «l’imputabilité des publications Facebook reste sujette à caution». Elle a également considéré que l’«interprétation» faite par Mediapart était «subjective». Les questions posées par Me Emmanuel Tordjman lors sa plaidoirie à l’audience sont en tout cas restées sans réponse : s’il ne s’agit pas d’un salut fasciste, pourquoi «n’avons-nous pas trouvé depuis 150 témoins pour dire que ce n’est pas le cas ?». S’il ne s’agit pas d’un salut fasciste, pourquoi Loustau n’a-t-il choisi que ces deux photos parmi les dizaines qui ont sans doute été prises ce soir-là ? Pourquoi les avoir ensuite supprimées ? «Parce que c’est vrai», avait conclu l’avocat.
Source:Libération.
Aux mains de l'Etat,la force s'appelle Droit....Aux mains de l'individu,elle se nomme le crime....
Si tu m'as pris pour un clown tu t'es trompé de Carnaval...
..J'apprécie tellement les Chips que parfois je leurs fais des bisous...