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par Skeptical Guy » 28 août 2017 10:15
Le problème, c'est qu'une fragmentation des pays en entités plus réduites comme un pays catalan, breton, corse, basque, etc. indépendant accentue une difficile gestion des relations internationales qui sont déjà un casse-tête affreux avec presque 200 pays officiellement reconnus. Si chaque ethnie disposait de son droit total à l'auto-détermination, on aurait 5000 Etats à mettre d'accord sur des questions comme l'environnement, les traités commerciaux, les alliances militaires, etc. Ce qui ne serait plus un casse-tête, mais simplement impossible à gérer. On reviendrait à des entités plus proches des seigneuries qu'autre chose.
Autre aspect intéressant, les exigences d'indépendance n'ont pas toujours une motivation culturelle ou identitaire, mais aussi souvent une motivation économique égoïste. C'est un refus du partage des ressources économiques d'une région avec une entité plus vaste et "étrangère" qu'est le reste du pays. Ce qui colle avec la situation de la Catalogne, dont le PIB pèse 1/5eme de l'économie espagnole, ce qui en fait la région la plus riche du pays, grâce à son tourisme en particulier, le port de commerce de Barcelone très important et son secteur bancaire développé.
Cela fait même partie du discours indépendantiste catalan : le modèle espagnol prévoit une redistribution des richesses entre régions. Et étant dans une région assez riche, les indépendantistes affirment que cette redistribution leur coûte plus cher qu'ils ne reçoivent : 15 milliards de pertes nette selon eux. Bref, ça ne veut clairement pas partager sa richesse pour aider le voisin. Et en période de crise, la Catalogne étant à la fois la région la moins en souffrance ET la plus riche, elle est encore plus enclin à refuser de partager ses richesses auprès des autres...
Les velléités indépendantistes existent depuis le début du XXe siècle là-bas, mais ça n'a pris de l'ampleur que suite à une décision judiciaire en 2010, où le tribunal constitutionnel espagnol rejeta un nouveau statut de la Catalogne, malgré une décision conjointe avec Madrid et Barcelone. C'est depuis cette période là que les Catalans ont brusquement adhéré à l'idée de foutre le camp.
Puis sur un plan stratégique, la multiplication de petits Etats européens par exemple affaibli la force des grandes puissances européennes et nous expose aux pressions de pays qui n'ont strictement rien à foutre de l'auto-détermination des peuples. Des pays comme les USA, la Russie ou la Chine verraient là une opportunité d'imposer leurs ambitions et nous ne pourrions rien y faire, car des petits Etats n'ont pas la puissance militaire, diplomatique et une économie suffisamment forte pour dicter en partie ses conditions et défendre ses intérêts, et nous serions obligé de nous planquer derrière un gros dur pour se sentir protégé. C'est aussi une source potentielle de conflits. Les Balkans devraient nous rappeler à quel prix s'est faite la défragmentation de l'ex-Yougoslavie, qui démarra à la mort de Tito.
Si la Catalogne fout le camp (ce qui est pour l'instant un scénario de science-fiction juridiquement), l'Espagne subira un contrecoup énorme dans un pays qui se remet très difficilement d'une crise économique. Cela créera un nouvel Etat qu'il faudra peut-être reconnaître internationalement, avec qui il faudra à nouveau négocier une intégration dans les traités internationaux, voire l'Union Européenne. Pire, si la Catalogne obtient l'indépendance, d'autres territoires seront motivés à leur tour pour obtenir le même droit, comme les Corses, les Flamands, etc.
"Cavaliers ! Matez tous les Pions que vous croiserez ! Pour le Roi !"
"La Reine, cette salope qui s'escorte de Fous."
"Le Roi n'est qu'un paresseux se reposant à l'ombre de la Tour du Roque..."