Kelenner a écrit : C'est la conséquence logique de ces mouvements de "révolte spectacle", au sens de Debord. Aux temps anciens, sous l'Ancien Régime, puis tout au long du 19ème siècle, les révoltes étaient relativement rares, mais quand elles éclataient les types étaient déterminés à aller au bout, on massacrait les nobles et les propriétaires terriens dans les campagnes, on allait chercher le roi à Versailles, on prenait d'assaut la Bastille, bref les insurgés savaient qu'il fallait aller jusqu'au bout car en cas d'échec la riposte était terrible : on te pendait à un arbre ou on te fusillait par paquets de mille comme après la Commune de Paris.
Aujourd'hui, la manifestation est devenue une parodie des jacqueries et des révolutions d'autrefois, on y va comme au spectacle, pour se défouler un peu et faire part d'un réel mécontentement, mais sans aucune volonté de renverser quoi que ce soit ni même l'illusion d'obtenir la moindre concession. Donc on s'affuble d'un gilet jaune comme pour aller au cirque, on achète son petit billet de car pour sortir de son trou paumé avec retour prévu pour regarder Danse avec les Stars, on défile de 14 à 18h sur l'itinéraire balisé par des policiers relativement complaisants (allez, avec un peu de chance on peut espérer tomber sur un plus excité que la moyenne qui vous filera un coup de matraque sur la gueule, et on aura eu l'impression de revenir de Verdun en 1916), on monte des barricades au milieu de rien simplement dans l'espoir qu'une caméra de BFM passera par là, on descelle des pavés mais en précisant tout de suite qu'on ne les lancera pas (véridique, entendu de la bouche d'un gilet jaune), et surtout on oublie pas de rentrer avant la tombée de la nuit et on prendra bien soin de ne surtout pas s'approcher de lieux trop sensibles, où ces actions vides de sens pourraient avoir un impact quelconque.
Dans cette répétition de l'Histoire version farce, que d'ailleurs plus personne ne prend au sérieux, les casseurs ne sont qu'un élément de plus au décor, il faut bien les affubler d'un titre vaguement inquiétant ("ultra-droite, "extrême gauche", "anarchistes", "Black bloc") pour continuer à faire un peu d'audience, mais eux-mêmes n'ont pas davantage de détermination que leurs congénères manifestants, tout au plus casseront-ils un ou deux Abribus et auront-ils l'audace de taguer un mur sale, autant dire qu'on est assez loin de 1793.
Oue c'est sûr qu'il y a de ça.
Après ce sont effectivement des répétitions, et il y a un peuple qui apprend à s'organiser au fil des jours et des manifestations, qui discutent.
Et de l'autre, des troupes de choque black-blocs qui s'entrainent et qui sont bien utiles car elles épuisent politiquement le gouvernement, qui ne peut pas faire charger les crs tout les 4 matins sous peine de montrer son vrais visage qui est celui de la coercition généralisée d'un régime qui nous veut libre qu'autant que l'on fait ce qu'il attend de nous...libre d'obéir à son contre-maitre à l'usine...Une liberté d'esclave affranchi obligé de continuer à travailler dans sa plantation, avec à la place d'un bol de bouillei, une pièce pour s'acheter un bol de bouillie.
10:5 Dans quelque maison que vous entriez, dites d'abord: Que la paix soit sur cette maison!
10:6 Et s'il se trouve là un enfant de paix, votre paix reposera sur lui; sinon, elle reviendra à vous.