Vous etes surtout victime d'une double illusion qui vous pousse à faire des comparaisons foireuses. Tout d'abord, personne ne mène une vie sans avoir jamais eu d'emploi salarié (inutile de me sortir l'exemple du cygne noir qui ne sera que l'exception confirmant la règle que je viens d'énoncer). De ce fait, votre comparaison initiale est inepte (entre les apports d'un travailleur A et d'un non travailleur B) puisque ce n'est pas sur l'instant T que l'on peut comparer les productions des uns ou des autres.
Un travailleur A peut tout à fait faire une carrière pleine sur un emploi parfaitement inutile, voir meme nocif (car promouvant des valeurs malsaines notamment ou essentiellement malhonnete malgré qu'il soit légal), rapportant peu à l'économie et à la société de manière générale en terme d'éducation, de culture, de sécurité, d'entre-aide (car tout n'est pas qu'affaire de couts/profis économiques meme si vous semblez formater à ne percevoir les choses que sous l'angle des euros), investir son argent principalement à l'étranger et faire des choix de consommation enrichissant majoritairement des acteurs étrangers. Tandis que le travailleur B peut avoir une carrière fortement entre-coupée tout en investissant principalement ce qu'il aura pu gagner, en France au bénéfice d'entreprises Françaises, avoir eu des emplois très utiles, indispensables pour renforcer notre société.
D'autre part, si vous considérez le "détravail" (incarné par le mouvement Nantais que j'exposais à travers le lien que j'avais transmis) comme sot, c'est surtout parce que vous avez intériorisé un tas de normes qui vous font vous illusionner sur la réalité que devrait peut etre prendre le travail.
A savoir, un moyen de vivre et non pas une raison de vivre. A l'origine l'homme travaillait dans un but précis, il allait chasser pour manger et couper du bois afin de se réchauffer. Il n'allait pas s'amuser à tailler l'herbe dans le but de "s'émanciper", pour sa réputation ou afin de s'occuper. Or, c'est bien ce qu'est devenu le travail, une raison de vivre, une occupation, un objet servant à déterminer notre identité et à nous hiérarchiser en tant qu'individus.
Si les ressources étaient mieux réparties et que le travail était rémunéré à sa juste valeur, alors il n'y aurait assurément pas besoin de travailler autant afin de pouvoir vivre. Mais en contre-partie il n'y aurait plus d'individus amassant des fortunes colossales sur le dos d'autres, ce qui est inacceptable pour cette élite qui a très bien su s'adjoindre les services des politiques afin de créer des structures idéologiques qui vous harcèlent des l'enfance de sorte à vous faire prendre gout au travail, de le rendre désirable et de vous le faire miroiter comme le seul élément, l'élément indispensable pour réussir votre vie en tant qu'etre humain (vous avez réussi si vous disposez d'un emploi qui rapporte, hautement valorisé par la société. Vous n'etes rien si vous disposez d'un emploi peu rémunérateur et peu valorisé. C'est bien ce que notre président voulait dire en parlant des gares, n'est-ce pas ?).
Quand bien meme vous bénéficieriez d'un capital hors du commun vous permettant de vivre sans travailler (au sens sans emploi salarié), alors vous le feriez quand meme ET pour votre réputation ET pour l'illusion entretenue concernant le bien-etre qu'il serait censé vous apporter (et comme vous y croyez fortement, il est fort probable que vous finissiez par l'obtenir ce bien-etre).
Vos discours illustrent à merveille l'efficacité de ce matraquage subi qui fait que la "torture" devient aimée et ardemment désirée.
Les motifs qui nourrissent ces utopies découlent souvent de ceux avancés dans ''le droit à la paresse'', vers 1880 je crois et on imagine ce qu'était le travail à cette époque, comme le spectacle à la Dickens que Marx, beau père de l'auteur, avait sous les yeux lorsqu'il vivait au milieu des filatures d' East London.
On considérait autrefois la journée des 3 huit : sommeil – travail – loisir comme un but à atteindre.
Aujourd'hui, je ne pense pas qu'on passe sa vie à travailler à raison de 35 h par semaine avec 8 semaines de congés. Décidément, tu fais toujours dans le catastrophisme à but démoralisateur.
Si je comprends ton propos, il vise à démythifier la valeur travail et s'adresse à ceux pour qui le travail est devenu la raison de vivre et non le moyen.
''Or, c'est bien ce qu'est devenu le travail, une raison de vivre, une occupation, un objet servant à déterminer notre identité et à nous hiérarchiser en tant qu'individus.''
Mais ce n'est pas que cela. Ce qui hiérarchise, c'est aussi les biens matériels qui, aux yeux de celui qui peut se les offrir, atteste de sa réussite (la rolleix à 50 ans, les bagnoles..), mais bon, c'est pas ma tasse de thé.
Pour ma part, j'ai été salarié pendant 17 ans avant de m'émanciper. J'ai renoncé à un coquet salaire, pris des risques et avec ce qu'il faut de travail, de volonté et aussi de chance, je ne l'ai jamais regretté.
''Si les ressources étaient mieux réparties et que le travail était rémunéré à sa juste valeur, alors il n'y aurait assurément pas besoin de travailler autant afin de pouvoir vivre''
J'ai l'impression contraire, à savoir que globalement, sur la durée, on vit mieux et on travaille moins.
Je crois que les stats officielles me donneraient raison. En revanche, les situations de stress et d'insécurité se sont nettement aggravées depuis 30 ans et il me semble qu'il vaudrait mieux se pencher sur ce problème que déblatérer sur une hypothétique répartition des richesses.
''Un travailleur A peut tout à fait faire une carrière pleine sur un emploi parfaitement inutile''
Mis à part l'état, quel employeur peut rémunérer un salarié pour un travail inutile ?
Bref, le travail étant l'objet d'un marché, sa valeur numéraire est celle que l'employeur peut financer, dans la mesure où il lui rapporte plus qu'il ne lui coûte.
Avec quel instrument, quel barème peut-on estimer sa ''juste valeur'' (sic) ?
Il se peut aussi que parmi les gens qui s'estiment sous-payés, certains surestiment la valeur du travail qu'ils fournissent en échange, mais bon, pour ceux qui considèrent d'emblée que tout salarié est systématiquement exploité et soumis, cette pensée est taboue, et pourtant...
Dites-moi Brigitte, est-ce que vous fumez après l'amour ? - J'sais pas, j'ai pas regardé.