Pour la deuxième fois depuis l'ouverture de son procès à Munich, voilà un an, John Demjanjuk a pris la plume. Le nonagénaire, accusé de complicité dans l'assassinat de 27 900 Juifs au camp de Sobibor (Pologne), a envoyé une nouvelle lettre à ses juges. A travers la première missive, longue de trois pages et lue à l'audience par son avocat en avril 2010, il se posait en victime. Il disait se sentir "prisonnier de guerre de l'Allemagne". Coupables, à ses yeux, de cette "torture" qui lui est infligée: les autorités américaines, le Congrès juif mondial et le Centre Simon Wiesenthal, l'organisation internationale qui défend la mémoire de la Shoah et pourchasse les derniers criminels de guerre vivants.
Cette fois, l'inculpé s'est borné à rédiger une page et demi, en ukrainien, sa langue maternelle. Lui qui n'est pas sorti une fois de son mutisme face au tribunal affirme que l'Allemagne, "héritière du IIIe Reich", n'est pas en droit de le juger. "Avec la poursuite de ce procès, soutient l'ex mécanicien de Cleveland (Ohio), les juges violent les principes d'équité, de vérité, de légalité et même de jurisprudence, sans en avoir le droit moral." Il reproche à l'accusation de s'asseoir sur des preuves israéliennes, américaines, polonaises et ukrainiennes susceptibles de le disculper. Bref, les magistrats, accuse-t-il, foulent aux pieds la loi et sa propre liberté.
Le verdict n'est pas pour demain
Le procès de John Demjanjuk s'est ouvert le 30 novembre 2009, devant les assises de Munich. Le verdict, initialement attendu pour le mois de mai 2010, n'est pas pour demain. En effet, le programme des audiences court d'ors et déjà jusqu'à mars 2011. Elles sont limitées à deux fois 90 minutes par jour pour ne pas éprouver la santé chancelante de l'inculpé.